Affichage des articles dont le libellé est Bourgoin Battut Godard Pénicaud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bourgoin Battut Godard Pénicaud. Afficher tous les articles

Histoire de Loup


#ChallengeAZ

Dans les familles, se récitent des histoires mythiques. Elles se transmettent à travers le temps et servent de référence. Chez moi, il y en a une qui s'est racontée de générations en générations. Elle nous fait peur. Elle témoigne de la bravoure de nos anciens. Je vais vous conter celle du Grand-père qui affronte le loup.

C'est une histoire vraie, peut-être une peu romancée, mais elle m'a frappée et terrifiée. L'homme a affronté le loup, cet animal sauvage qui a fait tant de dégâts aux siècles derniers. Un animal craint. Mais, dans mon histoire, l'homme a vaincu du loup. Comme dans tout conte, l'histoire se termine bien. L'enfant peut enfin trouver le sommeil...

Mon père Jean Battut a rédigé, il y a une trentaine d'année, un beau texte sur son enfance appelé "le petit monde de la voie dieu". Un chapitre est intitulé " le grand père et le loup".  Je m'en suis très largement inspiré pour vous raconter ce face à face entre le grand-père Léonard Pénicaud et le Loup. A mon tour, je souhaite vous  transmettre aujourd'hui cette jolie histoire, témoignages d'une époque, des peurs et du courage des hommes.

Son grand-père maternel Jules PENICAUD lui racontait le soir, au coin de la cheminée, l'aventure de son père Léonard. Il était intarissable sur  la rencontre de son père Léonard et du Loup de la forêt.

C'était aux environs de 1865. L'arrière grand-père Léonard PENICAUD, né le 2 janvier 1843 à Bourganeuf dans la Creuse, et l'arrière grand-mère Margarit habitaient  à Saint-Pierre-Chérignat en Limousin. Ce village bien rude restait isolé du monde, et était situé en bordure des forêts de Mérignat.

C'est là que Jules est né, c'est là qu'il a vécu jusqu'à ce qu'il se marie, travaillant à la ferme avec ses huit frères et soeurs.

Ce mercredi là, sa mère dite Margarit, Marguerite BEAUPHENI, née le 1° octobre 1849 à Montboucher dans la Creuse, qui attendait son troisième enfant, avait exprimé le désir de se rendre à la foire de Bourganeuf.

Tu sais que dans cette position,  racontait le grand-père Jules,  il ne faut jamais contrarier les femmes et  Léonard se réjouissait de laisser pour une journée sa ferme à la garde du domestique et de son aîné pour passer à la ville une journée agréable.


De Saint-Pierre Chérignat à Bourganeuf à pied


Il fallait 4 longues heures de marche pour rejoindre à pied Bourganeuf depuis St-Pierre Cherignat. Musette en bandoulière, sacs aux côtés, le couple s'était enfoncé dès 5 h du matin, dans le chemin creux qui mène aux grands bois tous près de la ferme. En cette fin d'octobre, les jours étaient courts et malgré le soleil qui éclairait cette année là l'automne, c'était toute une expédition pour gagner Bourganeuf, par la forêt de Montboucher qu'on laissait à droite en coupant par le raccourci qui se glisse entre les genêts, Chaumont, Le Mas la fille. Enfin la Mourne franchie, la ville était là.


Nos voyageurs hâtaient le pas dépassant parfois des tombereaux attelés derrière lesquels étaient attachés un veau, des charrettes à claires voies où se pressaient dans un coin sur la paille, une portée de cochons, des paysannes chargées de paniers d'oeufs et au bout de leurs bras un couple de poules, pattes liées, la tête en bas....la foire de BOURGANEUF battait son plein et les auberges ne désemplissaient pas...

Les discussions allaient bon train sur le foirail. Marguerite faisait ses achats : une coiffe toute neuve, des rubans en soie, de la toile blanche pour faire des langes. Elle rendait visite à ses cousins de la rue des écoles. Pendant ce temps, Léonard rejoignait ses amis, le Lucien du Gerbaud, le Jean des Mouchers. Ils parlaient de la récolte de blé noir, tâtaient les génisses grasses, s'installaient à l'Auberge du château, chez la mère Colas,  pour déguster une omelette grésillant dans la cheminée et se faire porter un ou plusieurs pichets de vin.


Foire de Bourganeuf en 1910

5 h de l'après-midi sonnaient déjà à l'horloge de l'église.... Il y avait 4 h de marche pour rentrer. La nuit les avait pris à Montboucher. Encore 2h de marche à travers la forêt. Le grand-père parlait fort lorsque une sourde inquiétude le gagnait. Il entendait marcher derrière lui craquer les feuilles sèches. Léonard en se retournant aperçu à 30 mètres dans la clairière une forme féline qui les suivait. Sans doute quelque chien égaré.

Un loup peut-être, pensa Léonard car il en rodait parfois l'hiver. Marguerite avait vu. Léonard s'arrêta soudain et la bête avança, ralentissant le pas devant le sifflement du bâton de buis qui coupait l'air de moulinets rapides. L'animal s'arrêta.


Iconographie du Loup en 1860

L'homme et la femme reprirent leur marche en se retournant sans arrêt car la bête se touvait maintenant à 5 m d'eux.

Léonard eut la conviction qu'il s'agissait d'un loup et saisit dans le chemin une lourde pierre qu'il lança de toute ses forces et qui l'atteint brutalement. Un hurlement de douleur et la bête se précipitait sur Léonard qui planté solidement l'attendait.

Marguerit était cachée derrière une arbre transie par la peur, tentant de passer inaperçue.

Un corps à corps se déroulait entre l'homme et la bête. La gueule était écumante, ruisselante du sang de la blessure qu'avait entrainé la pierre lancée. A moitié étranglé, le loup fut abandonné gisant sur le sol. Soudain il se releva et s'enfonça dans le fourré le plus proche.

À l'arrivée à leur ferme, Léonard n'eut pas le temps de s'interroger sur une douleur à la cuisse et se mit à la "traite" du soir.

Margarit raconta à ses enfants et aux voisines accourues la lutte dans le bois.

Personne ne l'a cru. Dans son état n'était-elle pas sujette à des visions ?

Léonard passa la nuit à bouger dans son lit, trés agité et revivant la lutte avec le loup.

Pourtant, Léonard n'osait  pas raconter son histoire de peur qu'on ne le crut pas. Il se rendit comme convenu à la foire de Sauviat quinze jours après.

Il y a croisa Julien du Gerbaut, un beau Monsieur, châtelain des environs de Limoges,  qui lui tapat sur l'épaule et l'apostropha, ce qui était rare de la part d'un châtelain en direction d'un simple paysan:

- C'est vous Pénicaud ?

- Ou pourquoi ?

- Nous avons tué un loup, au cours d'une chasse en forêt il y a 10 jours dans la forêt de Mérignat. Il avait les dents cassées et portait une grave blessure à la mâchoire. Nous avons appris par vos voisins de la Ferme du Mas Peyraud, que vous vous étiez battu avec un loup deux jours avant. Votre bête est surement celle que nous avons tué. Savez-vous Pénicaud qu'il était enragé et que vous avez eu de la chance qu'il ne vous morde pas ?

Le cercle se faisait autour des hommes. Le Monsieur venait de consacrer publiquement le courage du grand père Léonard qui devenu un héros rayonnait de joie.

Marguerite ajoutait en patois limousin "la grimas d'é l'en coulavo" qui signifie " les larmes coulaient de mes yeux".

Lorsque son fils Jules me racontait cette histoire bien souvent  dans le coin de la cheminée, je pensais que j'avais eu de la chance d'appartenir à cette race des Pénicaud, vifs, têtus, coléreux parfois mais généreux en diable !


Source :
Souvenirs de Jean Battut - Arrière petit-fils de Léonard Pénicaud




Légion d'honneur ou Léonore


#Challenge AZ


Il existe un site très utile pour les généalogistes dont les ancêtres ont eu une carrière militaire.

C'est la base Léonore, qui recense les décorés de la Légion d'Honneur, site accessible sur internet : http://www.culture.gouv.fr/documentation/leonore/recherche.htm

On a accès aux patronymes de tous les "Légionnaires" classés par ordre alphabétique.

La famille MADELIN, présente dans mon arbre généalogique, compte de nombreux militaires.

Je choisis donc ce patronyme.





Je clique sur Bernard Marie Pierre Madelin, né à Paris en 1897, qui apparait sur ma base Hérédis. 

Et j'accède à tout son dossier. 19 pages numérisées.   La reproduction, en vue d'un usage privé, des images et des notices de la base Léonore est autorisée. 

La première page est la récapitulatif de ses nominations comme Chevalier de la Légion d'honneur le 24/12/1934 comme Lieutenant breveté de cavalerie, puis comme Officier le 21 février 1944 comme Chef d'escadrons de cavalerie.






En page 7, je retrouve un extrait d'acte de naissance de Bernard MADELIN


En page 11, on retrouve les états de services de Bernard


Grace à cette base très bien faite et à jour, j'ai pu accéder à de nombreux documents bien utiles pour un généalogiste. N'hésitez pas à l'utiliser. 

Quelques "Légionnaires" de mon arbre généalogique 
1838 : Louis Marie François Desales DESNOYERS (Côte LH/753/87)
1896 :  Eugène COLIN (Côte LH/563/83)
1917 :  Charles Eugène TEILLAS (Côte LH/2573/82)
1930 :  Piere COLIN (Côte 19800035/102/12867)
1929 :  Jean Marie René MADELIN (Côte LH/1682/50)
1932 :  Bernard Marie Pierre MADELIN (Côte 19800035/445/59599)



Louis Ernest Frochot, Ferblantier





Louis Ernest FROCHOT

Louis Ernest FROCHOT, mon ancêtre par alliance, est né le 4 juillet 1877 à Grancey-le-Château en Côte d'or en Bourgogne. Son père François FROCHOT, né le 21 janvier 1841 à Selongey en Côte d'or, exerce le métier de FERBLANTIER. Sa mère Jeanne Marie CAILLET est née le 26 mai 1842 dans le même village.

Acte de naissance de Louis Ernest FROCHOT 1877


Le FERBLANTIER est celui qui fabrique ou qui vend des outils ou ustensiles en fer blanc comme des casseroles, bassines, lanternes... C'est une appellation qui proviendrait de fer-blanc c'est à dire un acier recouvert d'une fine couche d'étain.

Louis suit les traces de son père. Après un apprentissage dans un tour de France, il demeure à Chailley avec sa mère, où il travaille comme Ferblantier, son père étant décédé.  Il se marie à 24 ans, le 9 juillet 1901 à Chailley avec Rose Marie Victoire GABUET, 22 ans,  née le  2 mai 1879 à Chailley où elle demeure avec ses parents, Georges GABUET, Boulanger et Marie Sidonie VIE.

Il s'installe définitivement dans ce village de l'Yonne, Chailley avec sa famille, son fils Henri, l'aîné, né en 1904 à Chailley qui prendra sa succession et ses filles Suzanne et Germaine.

Trés entreprenant, il installe un beau magasin à son nom, 57 grande rue, dont il nous reste un cliché de 1930.


Magasin Louis FROCHOT à Chailley - Yonne 1930


En 1913, la Mairie lui confie la fabrication du beffroi municipal en zing qui orne toujours l'hôtel de ville.  Il a reçu la cloche commandée à un Maitre horloger du Jura en vue sonner l'heure de la République en lieu et place de l'église.

Le beffroi en zing de la Mairie de Chailley fabriqué par  Louis FROCHOT

Son affaire se développe. Il imprime du papier à son entête.
 
Papier à entête de l'entreprise Louis FROCHOT en 1935

Il fabrique des pompes à eau, des cuves, et vend aussi des articles de ménage en éclairage, chauffage, et même des machines à laver...


Pompe électrique de Louis Frochot avec son fils Henri







Cuve d'eau réalisée par Louis Frochot

Louis FROCHOT a réussi et la famille est relativement aisée, en témoigne la photo de la cour de sa maison avec ses 3 enfants.

Louis Frochot en famille

En 1938, il installe le téléphone qui porte le numéro 5  et possède une belle Renault 6 CV, de type NN, voiture qui lui fut prise par les Allemands le 17 juin 1940, est-il noté sur son récépissé de déclaration des automobiles.


 
Certificat véhicule en 1938 Renault 6 CV NN



Renault NN 1930



Son fils Henri, né en 1903, continuera à fabriquer à la main girouettes, marquises, gouttières, réservoirs de récupération d'eau. Il deviendra ferblantier lui aussi puis plombier et reprendra le magasin de son père. Il ferme le magasin à sa retraite car les villes attirent les clients. Il transmet la clientèle à son fils Etienne FROCHOT, mon oncle, qui exerce toute sa vie comme un plombier de qualité et reconnu dans le même village.

Louis fait partie d'une véritable "dynastie" de 4 générations de Ferblantiers-plombiers.

J'ai beaucoup de respect pour ces savoirs et savoirs-faire transmis de générations en générations. J'ai la fierté de rendre honneur à Louis FROCHOT.



Sources
Archives personnelles de Etienne FROCHOT, son petit-fils
Etat civil de Côte d'or
Etat civil de l'Yonne









Ma mère avait la vocation d'Institutrice




Institutrice, la vocation de ma mère

Arlette Bourgoin, ma mère à 18 ans (1953)

Ma mère, Arlette BOURGOIN, a toujours rêvée d’être Institutrice. Née en 1935 dans un petit village de l’Yonne en Bourgogne,  elle est une bonne élève. Enfant, elle rassemble tous ses cousins pour jouer à la maîtresse et elle a déjà une autorité naturelle. C’est tout naturellement qu’elle poursuit ses études au cours complémentaire d’Auxerre et qu’elle se présente, à la fin de la troisième,  au concours d’entrée et réussir son intégration à l’école normale d’Auxerre.

Elle intègre la promotion de l’école normale de 1951 à 1955. La devise en est « l’ardeur fera notre réussite ». C’est le passage obligé pour devenir Institutrice.

Les écoles normales  sont construites comme des « châteaux du savoir » avec des bâtiments solides, une cour, un parc. La discipline est rigoureuse. Entrer dans une école normale s’apparente à une entrée dans les « ordres ».    


Ecole normale d'institutrice d'Auxerre en 1950

C’est l’internat. Une école rigide. Des cours stricts. Un uniforme.  Le jeudi après midi, les normaliennes ont le droit de sortir en ville, rangée en rang et encadrées par leurs surveillantes ; Pas question de croiser le regard d’un garçon.

L’école normale veut donner le même bagage culturel et pédagogique aux instituteurs pour que les enfants aient tous le droit à la même éducation. Cette unification, cette « normalisation » permet à tous les élèves de bénéficier des mêmes chances.
Charles Péguy en 1890 décrit ces instituteurs comme les « hussards noirs de la république ».

Les normaliennes vivent dans un quotidien austère. Il en est presque militaire. Promenade surveillée le jeudi après midi,  et sortie libre uniquement le dimanche. L’école normale d’Auxerre de filles est dirigée par Mme Santucci. Avec son comportement d’abbesse, elle fait en sorte que son établissement ressemble à un monastère laïque. Tenue de rigueur à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Toute jupe trop courte est prohibée. Les sorties des normaliennes dans les rues d’Auxerre, en rangs bien ordonnés, sont accompagnées et surveillées par leur professeur. Recommandation est faite de ne pas regarder les normaliens si on les croise et de baisser les yeux.

L’emploi du temps d’une élève normalienne est celui ci : lever à 6h, étude pendant une heure, petit déjeuner et ménage jusqu’à 8h. Cours de 8h à 12h, déjeuner, récréation. Cours de 14h à 17h, goûter avec études de 17h à 19h, diner puis étude du soir de 20h à 21h. Les principales matières enseignées sont les lettres avec la grammaire, l’orthographe, la connaissance en littérature, les rédactions et compositions; L’histoire et la géographie; les sciences avec les mathématiques, l’arithmétique et la géométrie; Le dessin et la musique; Le sport; La pédagogie, avec l’éducation à l’hygiène et à l’économie domestique. Les élèves Maîtres passent un examen chaque trimestre qui donne lieu à un classement dans chaque promotion.

Après 21h,  les normaliennes s'installent pour leur nuit dans leurs grands dortoirs.  Les lits sont serrés, peu d'intimité est autorisée, le calme requis et le chauffage est assuré par des poêles au charbon comme dans les classes de cette époque. Cela n'empêche pas nos normaliennes d'Auxerre se prendre en photo en cachette dans le dortoir. De ces photos volées, de ces moments de joie, ma mère en a toujours gardé la trace. 

Dortoir de l'école normale d'Auxerre en 1952



L' école normale d’Institutrice est strictement séparée de l’école normale de garçons. Il faut donc des trésors d’ingéniosité pour que futurs instituteurs et institutrices se rencontrent. Le premier mai était organisé une rencontre dans la campagne environnante pour un pique nique. En mai 1952, la promotion 1950-1954 des garçons rencontre celle des filles 1951-1955 à laquelle appartient Arlette. C’est alors que mes parents se rencontrent pour la première fois.

A la fin de leurs études, le précieux Certificat d’aptitude pédagogique leur est délivré par l’Inspecteur d’Académie qui leur donne le droit d’enseigner dans les écoles primaires.

Le 7 juillet 1953, Arlette devient titulaire du baccalauréat de l’enseignement secondaire Première Partie série Moderne devant la faculté des sciences de l’université de Dijon. L’année suivante en 1954 elle obtient le baccalauréat sciences expérimentales.

Le 30 décembre 1955, l’inspecteur d’Académie de Dijon, en résidence à Auxerre, lui délivre le Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement dans les écoles primaires.


Certificat d'aptitude pédagogique 1955



C’est donc en octobre 1955, qu’Arlette débute enfin son métier d’Institutrice.  Elle est affectée, pour son premier poste à l’école primaire de Festigny dans l’Yonne. Elle a 20 ans. D’abord stagiaire, elle devient titulaire le 01 janvier 1956.

Mon père Jean Battut est nommé à Clamecy dans la Nièvre qui n’est distant que de 15 kilomètres ce qui leur permet de se retrouver les jeudis et dimanche. Ma mère conduit sa vespa et retourne à son école le soir avec le même véhicule. En avril 1955, ils se marient et obtiennent un poste double à l’école primaire de Courcelles dans la Nièvre.


Mes parents en Vespa -1955


A partir de septembre 1956, Jean et Arlette Battut exercent à l’école de Courcelles, dans la Nièvre. Le village rural est situé à 13 km de Clamecy. Le bourg est édifié sur les dernières pentes du coteau. L’habitat est dispersé et se sépare entre le bourg et le hameau de Chivres . L’école est bâtie entre les deux villages et regroupe 42 élèves et 2 classes : celle des grands dédiée à mon père et celle des petits affectée à ma mère.

Arlette et Jean, jeunes Instituteurs  dans la cour de l'école de Courcelles en 1955


En décembre 1956, je vais naître dans cette région isolée du Nivernais. J'aime bien dire que je suis née dans une école. Je reste fidèle à cette école laïque, lieu de connaissance et d’émancipation. Tirer le meilleur de tous et des plus faibles. Donner à chacun sa chance. Porter les valeurs de la République. Je rends hommage à mes parents et ces fameux hussards de la république qui ont permis à tous l’accès à l’école, avant que les transports en commun permettent les regroupements dans les villes.

Je termine cette évocation de l’Institutrice rurale de cette époque en vous livrant le témoignage affectueux d’une ancienne élève de ma mère qui me l’a adressé par mail, peu après son décès. Croyez vous que de nos jours une ancienne élève, 50 ans après, témoignerait ainsi de son ancienne Institutrice ?

Témoignage d’une ancienne élève d’Arlette – mail de 2010 -
« Je suis une ancienne élève" des Battut" ! Votre maman m'a appris à lire avec "Poucet et son ami l'écureuil" !! 7 mois avant j'arrivais de mon Italie natale et cette découverte a été un grand bonheur ! Je me souviens de votre naissance qui intriguait beaucoup les petits que nous étions, nous avions la consigne de ne pas faire de bruit à la récréation pour ne pas vous réveiller et un jour votre maman a ouvert le rideau de la chambre qui donnait sur la cour pour que nous puissions vous admirer , que de souvenirs datant de plus d'un demi-siècle!! Je garde cette  image  de votre maman , jolie ( très) les yeux bleus et très douce , elle savait mettre en valeur chacun de nous; par exemple Félicité  qui arrivait d'Espagne , elle était plus âgée que les autres enfants de la classe , avait des difficultés à se mettre à niveau mais  votre maman lui mettait toujours un" bon point " pour la frise qu'elle dessinait dans ses cahiers , et moi, eh bien,  je trouvais ça injuste car elle ne savait pas bien lire !! Mon amie Martine qui était dans la même classe que moi  a connu votre maman ensuite comme enseignante et la retrouvait lors de réunions pédagogiques , elle m'en a parlé avec chaleur . C'était l'heureux temps des écoles de campagnes »
Liliane Perret, ancienne élève d’Arlette Battut née Bourgoin.


Sources
Collection personnelle photographies et cartes postales
Témoignages



Anna LAJEAT en Creuse



Je pense à Anna. 
Anna Lajeat, mon arrière grand-mère, est née le 22 janvier 1896.

Acte de naissance de Anna Lajeat en 1896 à Bourganeuf en Creuse (état civil de la Creuse)


Son père est Félix Lajeat, 33 ans, cultivateur. 
Sa mère est Marie Beauregard, 23 ans. 
               
La famille demeure au Mas la Fille, près de Bourganeuf en Creuse dans le Limousin. 

Elle décède le  3 mars 1964 à Bourganeuf 23.
J’ai 8 ans.  

Je la retrouve dans mon deuxième prénom Annette. Je l'ai tant détesté ce deuxième prénom !

J’ai peu connu cette petite dame de caractère.

Pourtant je me souviens bien, petite fille, de cette descente à pied le long du chemin de la "Voie dieu", à ses côtés pour nous rendre à pied à la foire de Bourganeuf, dans la creuse.

Elle marche d’un bon pas, vêtue de noir. 

Elle est souvent surprise en train de tricoter en marchant, pour ne pas perdre une minute d’activité.  

Anna Lajeat tricotte en marchant (archives personnelles)


Arrivée devant les chalands, elle s’anime. 

Elle discute avec les commerçants, en patois limousin le plus souvent, négocie, choisit de la laine, et remplit son cabas.

Je suis si fière d’être à ses côtés. Elle me présente à tous. J'ai l'impression de vivre un moment hors du temps. Ce souvenir est gravé dans ma mémoire.
                         
Elle termine ses jours. dans son lit en bois, située au premier étage de son habitation.  C'est une partie de la petite ferme qu'elle a transmise à mes grands-parents. 

Jusqu’au bout, j'ai gardé pour elle une grosse affection. Cela ne s’explique pas. 

Merci au ChallengeAZ de m’amener à penser à elle et de la sortir de l’ombre.






Marcel Bourgoin, prisonnier au Stalag IIB Hammerstein



PRISONNIER, LE 16 JUIN 1940

Cinq ans seulement après son mariage, Marcel Bourgoin, mon grand-père, est  rappelé à l’activité militaire le 2 septembre 1939 en qualité de Sergent chef. Il est fait prisonnier le 16 juin 1940. Après avoir été « stocké dans un camp à Auxerre », il est envoyé au Stalag II B en Poméranie.
Souvenons-nous
«  Après 3 jours de voyage dans un train à bestiaux, nous arrivons sur le lieu  de destination. Nous approchons d’un terrain entouré d’une double clôture de barbelés où il y a plusieurs baraquements. Sur le portail, l’inscription STALAG IIB… » 
Pétales d’une rose blanche Stanisław Gryniewicz 

Dessin de Marcel Bourgoin Prisonnier Camp d'Hammerstein le 11 septembre 1940 (Archives familiales)

STALAG II B Hammerstein

Le stalag II B est  créé fin septembre 1939. Il dépend de la Kommandantur de la Zone militaire II  basée à Szczecin (Stettin). Il est situé à côté de Czarne (nom allemand : Hammerstein) de la région de Człuchów (nom allemand : Schlochau) à l’emplacement du polygone militaire.
Situation géographique Stalagh 2B

Un des premiers camps de concentration

En avril 1933, trois mois après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, on crée ici un des premiers camps de concentration destinés aux prisonniers communistes allemands et aux opposants du régime national-socialiste. Ce camp est fermé après quelques mois d’existence et les prisonniers sont transportés ailleurs. Les locaux sont ensuite occupés par l’armée. Probablement à cause de ces conditions d’existence antérieure, le gouvernement allemand décide d’organiser  un camp pour prisonniers de guerre. Il est très proche de la frontière entre le IIIème Reich et la Pologne. Le transport est facile, le terrain très forestier et peu d’habitants.

Devenu camp de prisonniers



Entrée du camp d'Hammerstein - Archives Croix Rouge

Au début au Stalag IIB, il n’y a que des prisonniers polonais de l’armée Pomorze suite à la guerre contre la Pologne début 1939. Le premier commandant du camp est le colonel Janus, ensuite le major Van Heydebrand. Au Stalag  IIB, il existe un hôpital pour les prisonniers organisé par des prisonniers médecins polonais, qui devient avec le temps l’hôpital central  pour les prisonniers de la région de Szczecin. En été 1940, après la capitulation de la France, on ramène dans ce camp des prisonniers français, aussi bien de l’armée métropolitaine que de l’armée coloniale, puis des soldats belges, hollandais et des anglais qui combattent  en France . En 1941, après la campagne des Balkans, des prisonniers yougoslaves arrivent. Après l’automne 1941, suite à l’attaque de la Russie par Hitler, pendant la première phase de la guerre, on ramene des russes par dizaine de milliers. A cette époque, est créé un nouveau camp de l’autre côté de la voie de chemin de fer. Deux camps distincts sont organisés : Lager Nord et Lager Ost qui portent un nom commun, Stalag IIB Hammerstein. C’est dans ce camp, que mon grand père est amené, dans des trains à bestiaux successifs, dans un très long périple.

Fleischerei Wilke

Mon grand-père, exerce la métier de Boucher. Il est donc affecté,  comme prisonnier de guerre, MATRICULE 86/96,   au KOMMANDO N°210, dans une boucherie « fleischerei » dirigée par Emil Wilke située à Hammerstein, 33 preussischesstrass. Son camarade de captivité, André Desvallois, Charcutier à Limoges  est son ami pour la vie et témoigne. Comme mon grand père il est amené au Stalagh dans des wagons à bestiaux. André reste prisonnier de 1939 à 1945. La boucherie Wilke prépare la viande destinée aux militaires allemands. Les 11 prisonniers français sont rejoints chaque jour par 20 travailleurs allemands. Les prisonniers français dorment dans un baraquement en bois chauffé par un poêle à bois. Le baraquement est situé contre la boucherie. Ils dorment sur place. Des lits à trois étages sont disposés dans la petite salle rudimentaire avec un seul lavabo. Ils disposent du minimum pour manger mais arrivent à soustraire à leurs geôliers quelques morceaux de viande qu’ils font griller en cachette directement sur le poêle. Le soir, avant de dormir leur seule occupation est de jouer aux cartes. Parfois ils sont autorisés à se baigner dans un lac. Il en garde un souvenir émerveillé. Mais jamais ils sont autorisés à se rendre au village. Marcel devient vite chef d’équipe dans ce petit groupe de prisonniers et coordonne le travail de tous. Lorsque Marcel quitte la boucherie deux ans plus tard, il dit avoir perdu un frère.


Marcel Bourgoin et les 11 prisonniers français à la Fleischerei Wilke - Stalagh IIB (Archives familiales)

Après la libération, les deux couples amis et ne se quittent plus de vue. Mon grand-père parle quelques mots d’allemand et il aime s’en souvenir. Il  est un ardent partisan de la réconciliation franco allemande.  Sous son impulsion , Chailley est jumelée à un village allemand « Gladbach ».

Livret militaire Marcel Bourgoin (Archives familiales)
Marcel Bourgoin Carte anciens combattants (Archives familiales)


Bande dessinée de René Tardi 

Pour aller plus loin


Site Stalagh 2B
Marcel Bourgoin au stalagh 2B

Les soldats de Turny dans la Grande Guerre

La Mairie de Turny  et le Cercle Généalogique  célèbrent la fin  du Centenaire de la Guerre 14-18  avec une exposition  Les sol...

A lire