Yves meurt à 15 ans


#ChallengeAZ

Je veux partager avec vous le témoignage émouvant de Jean Madelin qui a écrit ses souvenirs sur la mort de son jeune frère Yves, à l'âge de 15 ans. Jean Madelin a rédigé ce texte à l'attention de son frère Philippe Madelin, Journaliste, qui souhaitait écrire et publier un livre sur l'histoire de sa famille. Il n'en aura pas le temps. Jean, Philippe et Yves, les 3 frères, nous ont quitté. Tiré de ses archives familiales qu'il a confié à sa nièce, voici ce bel hommage à ce frère disparu trop tôt. 

« A Pâques 1938, Yves fait un camp scout de Pâques, pendant que je suis en séjour à Savigny. Une lettre d’Yves raconte tout ce camp. Au début de Juillet 1938, je pars en vacances à Royan avec les René Delafon, Henri étant pour moi un grand camarade. Je perdrai ma médaille de baptême dans le sable de la plage. Pendant ce temps Maman part s’installer au Chalet de la Plage à Pornichet avec mes frères et sœurs. Yves annonce que le camp scout d’été aura lieu au Château de Saint Aignan par Saint Denis de l’Hotel, chez le Colonel de Beaucorps. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas été à ces camps…En tous cas en Août Septembre nous nous retrouverons à Savigny.
 C’est là qu’Yves aura une première atteinte du mal qui devait le faire mourir. On avait conclu à une grippe. Le diagnostic est erroné : s’il s’agissait bien d’une méningite tuberculeuse, l’évolution est fatale en quelques semaines, et non sur plus d’un an. 



Nous sommes le 11 Mars 1939 . A 7 heures du matin, Hubert Madelin vient me réveiller. A cause de la maladie de Yves, depuis plusieurs jours je suis en pension chez les Hubert Madelin. Hubert m’annonce la terrible nouvelle. 

Yves est mort cette nuit.

Il se comporte avec moi comme un frère aîné, il parle avec moi, il tente de me réconforter et il m’accompagne faubourg St Vincent. Je me trouve dans le salon à droite en entrant. Yves est là couché sur un canapé, revêtu de l’uniforme scout. Il a le visage très reposé. Papa et maman sont là qui m’accueillent, comprenant mon émotion.

 Dans un carnet de souvenirs Maman a raconté toutes les étapes de cette maladie, une méningite tuberculeuse dont l’avancée a été relativement rapide. Yves a beaucoup souffert. Papa et maman l’avaient pris dans leur chambre. Les amis se relayaient pour aider Maman. Une religieuse dans les dernières nuits est venue aider à le veiller. A cette époque on n’avait pas encore de grands moyens de soigner cette maladie.

Déjà au mois de septembre précédent, alors que nous étions dans deux petites chambres voisines, à Savigny les Beaune il s’était plaint de maux de têtes et il avait eu de la fièvre, puis cela s’était passé. Il continuait de faire sa classe de Seconde avec brio.

Et puis voilà tout est fini. Le Père Dupuis aumônier de Saint Euverte, le Père Bouley Directeur, viennent très vite. L’abbé Forteau notre aumônier scout. Le Père Dupuis restera plus tard très marqué par ce départ. Je continue d’habiter chez les Hubert, avec des navettes à la maison. Nos parents ont besoin d’avoir tous les enfants avec eux, bien, que nous ayons été dispersés chez des amis.

Le 14 mars 1939, nous sommes réunis autour du cercueil qui va être fermé dans le salon. Et ce sont les obsèques à l’église Saint Vincent. Toute la troupe scoute est là. Certains montent la garde autour du cercueil. Ses camarades de classe. Beaucoup d’amis de nos parents. Des membres de la famille. L’église est comble.  Je suis comme dans un nuage, avec l’envie de pleurer. Je ne me souviens que du Chant des adieux et de la prière scoute.

Le chemin continue. Nous allons conduire Yves à Neuville-aux-Bois, près d'Orléans, où il rejoindra notre grand-mère Madelin, née de Sainte Marie. Un peu de soleil, du vent comme toujours dans ce cimetière de Neuville que je ne connaissais pas et où nous reviendrons si souvent. Le Père Dupuis et le Père Bouley nous ont accompagné pour ce dernier temps de prière.

On rassemble des photos. Maman en a fait un petit album spécial. Et il y a ce pastel que le Lieutenant d’Hallewyn  a fait de lui enfant, à Sarreguemines et qui sera toujours dans la salle de séjour partout où nous avons habité et qui est pour le moment chez moi. J’irai passer les vacances de Pâques chez les d’Astorg, grands amis de nos parents, à Vatimesnil, près d’Etrepagny. Ils essayent de m’entourer, mais le souvenir d’Yves est encore si présent.

 Il faut dire que Yves et moi avons toujours vécu dans la même chambre, travaillé nos devoirs sur la même table, scouts ensemble, vacances ensemble, envoyés tous les deux souvent chez nos grands parents Delafon à Savigny près de Beaune. 

Nous étions presque inséparables. Yves est mort à l’âge de 15 ans»


Source
"Mes souvenirs d’Yves" par Jean Madelin, 2008
Archives personnelles Philippe Madelin


Infos sur la maladie
La méningite tuberculeuse est une infection des membranes recouvrant le cerveau et la moelle épinière. Le traitement implique plusieurs médicaments antituberculeux dans le même temps, comme il le fait pour une tuberculose pulmonaire. Le traitement dure habituellement pendant au moins 12 mois. Les méningites tuberculeuses sont  mortelles si elles sont non traitées.







Les dernières volontés d'Armand Bourgoin



Dernières volontés pour les obsèques de Armand BOURGOIN



Je vais vous rapporter les dernières volontés de mon grand-oncle Armand BOURGOIN, qui sont pour le moins originales.

Qui est Armand Bourgoin ? 

Armand BOURGOIN

Armand Octave BOURGOIN est né  le 3 septembre 1879 à Saint-Julien-du-Sault dans l'Yonne en Bourgogne.  Il est décédé le 9 juillet 1963 à Sens.

Il est l'oncle de mon grand-père Marcel Bourgoin. 

Je l'ai connu à la fin de sa vie car il venait déjeuner tous les jours chez mes grands parents. La cohabitation était parfois difficile car le personnage avait un caractère difficile, un peu grincheux, avec des manies et des exigences,  bref un "original" comme disait pudiquement mes grands-parents.

Avant son décès, il écrit à son neveu Marcel Bourgoin, Maire de la commune de Chailley, une lettre manuscrite qui précise ses dernières volontés pour ses obsèques.

Elle est adressée à Monsieur le Maire,  sans doute pour accentuer la  gravité de ses propos et lui donner un caractère officiel. 


Les exigences d'Armand pour ses obsèques


Armand ne veut pas d'une concession perpétuelle et estime même que cette pratique devrait être interdite. 

Surtout, précise-t-il clairement, il ne veut pas être porté, dans son cercueil, les pieds en avant

En effet, le cimetière de Chailley domine le village avec une vue sur tous les environs. La rue qui permet d'y accéder est en pente et la montée assez raide. Il n'est pas question pour Armand "de partir  les pieds en l'air et la tête en bas". Il ajoute que "c'est une honte de voir cette pratique à Chailley qui dure depuis si longtemps".

Il termine son testament par ces mots aigre-doux "On peut satisfaire mes désirs, cela ne coute rien à personne" ! Il conclue "Adieu tout le monde".


Son testament manuscrit





Dernières volontés respectées


Ses dernières volontés seront scrupuleusement respectées par mes grands parents. Ce sera un enterrement civil, comme pour toute la branche des Bourgoin. Mais son cercueil ne passera pas devant la Mairie comme il était d'usage pour les obsèques dans cette commune.

C'était sa demande expresse. Elle a dû être un peu choquante  pour son neveu, Maire de la commune qui s 'est occupé de lui jusqu'à son décès.

Je ne connaitrais jamais la raison de cette dernière volonté.

Mes grands-parents maternels ont gardé ce testament. Il l'ont parfois évoqué lors des repas de famille lorsqu'ils se souvenaient de l'oncle Armand. Mon grand-père ajoutait même que Armand ne voulait pas que "son sang descende dans sa tête lors de la montée au cimetière" ! On en souriait.

Il est un peu incroyable qu'il soit  parvenu jusqu'à moi comme témoignage d'un Monsieur au sacré caractère !








Les archives de TOUL ont brûlé en 1939 ...


Mail des archives du 54, le 10 juin 2014

Mes recherches sur Eugène COLIN et Emilie SCHAAL sont bloquées par la disparition par le feu des Archives de Toul en 1939.

Quel dommage !



Madame,

Suite à votre courriel du 06 juin 2014, sachez que nous n’avons pas l’acte de mariage d’Eugène COLIN et Emilie Marceline Marie SCHAAL à TOUL le 21 août 1884.

Les archives de TOUL ont entièrement brûlé en 1939 et une recherche dans le peu d’archives reconstituées a été infructueuse.

Restant à votre service, je vous prie de recevoir, Madame, l’expression de mes salutations respectueuses.


Conseil général de Meurthe-et-Moselle, DIRDEVE
Hélène Say
Directeur des archives départementales
1 rue de la Monnaie - CS 75202 - 54052 Nancy Cedex
Tél. 03 83 30 90 90
Fax 03-83-37-81-11
archives54@cg54.fr          

Histoire du Monument aux Morts de Chailley


Histoire de la construction
du Monument aux Morts de la commune de Chailley dans l'Yonne

 
Monuments aux morts Chailley 2014

Toutes les nations qui ont participé à la Grande Guerre ont éprouvé le même désir de fixer dans la pierre et le bronze le souvenir de ce conflit. Chaque commune, ou presque, veut avoir le sien.

Jusqu’ici, les monuments étaient érigés à la gloire des princes, des puissants, des chefs de guerre. Pour la première fois, on voit apparaître, au centre de l’espace public, des monuments élevés pour rendre hommage à de simples soldats, à des hommes dont, jusque-là, on faisait peu de cas dans les guerres et les batailles.

Bon nombre de communes rurales ne possédaient jusque-là d’autre monument que leur église.

Les monuments aux morts sont, pour la plupart des communes rurales, le premier monument digne de ce nom qui soit érigé par tous et pour tous.

33 Poilus Morts pour la France


Chailley, qui a perdu 33 hommes dans les combats de la guerre de 14/18, souhaite rendre hommage à ses Morts pour la France. Les registres municipaux  permettent de retracer l’historique de la construction du Monument aux morts de la Commune, érigé sur la place de la Mairie. Seront ajoutés les noms des Morts pendant la Guerre de 39/45.

 La plaque commémorative en 1918


Dans sa délibération 13 septembre 1918 approuvée par le Préfet de l’Yonne, le Conseil municipal de Chailley dirigé par M. le Maire BRUNAT vote la création d’une plaque commémorative destinée aux Morts pour la France. Elle sera réalisée par M. PLANSON, Marbrier à Saint Florentin. Le modèle est une plaque de marbre blanc ornée d’une palme de bronze et d’une croix de guerre.

Les noms et  prénoms de nos glorieux morts y seront gravés en lettres dorées en suivant l’ordre alphabétique. Le prix de revient posé est de 500 francs et le travail livré le 20 octobre 1919.

Cette plaque est installée dans le hall de la Mairie de Chailley.


La loi du 25 octobre 1919


S'appuyant sur l'esprit de la loi du 25 octobre 1919, un usage s'est imposé, depuis la Première Guerre mondiale, comme référence pour les décisions municipales en la matière : l'inscription d'un nom se justifie pleinement lorsque le défunt, décédé au cours d'une guerre ou d'opérations assimilées à des campagnes de guerre, est titulaire de la mention "Mort pour la France", et est né ou domicilié légalement en dernier lieu dans la commune considérée.

Un comité local pour l'érection d'un Monuments aux morts


Le 14 septembre 1919, le Maire rend compte qu’un comité local s’est constitué pour l’érection d’un Monument aux enfants  de Chailley morts pour la France. Le conseil est désireux de rendre hommage à ceux qui sont tombés en combattant pour la victoire du droit et de la liberté. Le conseil sollicite M le Préfet de bien vouloir faire les démarches pour provoquer le décret autorisant l’érection d’un monument sur une des places de Chailley. Une première subvention de 4500 francs est votée.

L'approbation du Président de la République R. POINCARE


Le 22 novembre 1919, le Maire porte à la connaissance du Conseil que par décret du 10 novembre 1919, M le Président de la République, Raymond POINCARE a  approuvé la délibération du conseil municipal ayant décidé l’érection du Monument aux Morts.

Nomination d'une commission communale chargée du Monument


Le 3 avril 1920, le conseil municipal nomme une commission chargée de l’érection du Monuments au morts composée de Gustave BRUNAT, Maire, de Gustave MOREAU adjoint, de Cléophas GARNIER, Félix COMPAGNON, Jean TROMPAT, Paul DELAGNEAU,  Paul DUPRESSOIR, Alphonse BRUNAT, conseillers municipaux.

Rapatriement des corps


Le 14 novembre 1920, le conseil municipal décide de prendre à ses frais le transport à Chailley des corps  de militaires morts pour la France et ramenés au pays. Ce transport sera effectué d’après le tarif accordé au conducteur du corbillard. Un crédit de 100 francs est voté.
Le conseil décide d’affecter, à la sépulture des morts pour la France dont les parents habitent Chailley, des concessions perpétuelles dans le cimetière de la commune appelé Carré des enfants.

Choix de l'emplacement du Monument


Le 26 novembre 1922, le conseil municipal décide de réserver deux emplacements pour l’érection du monument aux morts :
1  la place des bâtiments Mollevaux
2. le mail situé sur la route le long des murs des jardins Rousseau et Raoul.
Le conseil, soucieux de concilier de toutes les opinions décide de consulter par un vote des familles des morts pour la France.

Le 17 décembre 1922, le vote a lieu et est dépouillé. Il y a 23 votants. Les résultats donnent  15 voix pour le mail, 7 pour place de bâtiments Mollevaux et 1 nul.

Le 19 février 1923, le conseil décide de confier à M HODRY, Architecte,  l’exécution du monument aux morts pour la France. Il est invité à présenter un avant projet avec des croquis au conseil municipal.

Le 21 mars 1923, le Maire expose les raisons qui le font écarter le mail pour l’installation du Monuments.  A cet endroit, selon l’architecte, le monument ne bénéficiera d’aucune perspective. L’endroit le plus qualifié serait la place de la Halle.
Il propose de transporter la Halle sur le terrain des bâtiments Molleveaux et d’ériger le Monument à l ‘emplacement de la Halle. Le conseil se range à cet avis étant entendu que la Halle sera édifiée de la même manière qu’elle est actuellement.
M HODRY soumet au conseil  plusieurs modèle de monuments et le conseil fixe son choix sur une pyramide surmontée d’une stèle en granit des Vosges polie sur les 4 faces. La hauteur du monument sera de 4,50 m et entouré d’une grille, dont la réalisation est confiée à M Fernand DANTON habitant la commune pour un montant de 3000 francs. Le devis est de 20500 francs monument posé.
 
L'ancienne Halle de Chailley

Le 3 juin 1924, le conseil municipal décide d’abandonner le projet de déplacement de la Halle et décide de la vendre sur îed avec un délai d’enlèvement de 15 jours après adjudication. La halle sera vendue en morceaux, tuiles, bois, aux acheteurs.

Le conseil municipal décide de construire une halle neuve sur l’emplacement des bâtiments mollevaux confiée à M MILLET, Charpentier à Chailley d’une taille de 8 m de large pour une somme de 9600 francs.

Dans le budget additionnel de 1924, il est inscrit la vente de la halle pour 2000 francs.

Un don remarquable


Le 12 octobre 1924, M BRUNAT, Maire, n’ayant pas de descendants, fait don à la commune de sa rente perpétuelle de 25 francs pour invalidité, contractée au service commandé dans les tranchées pendant la dernière guerre, à condition que celle-ci serve exclusivement à l’entretien du monument élevé à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France.

La palme du Monument


Le 9 avril 1925, les démobilisés offrent leur concours financier pour apposer une palme sur le monuments aux morts qui est la reproduction de la palme offerte par la ville de Paris et déposée à l’Arc de Triomphe. Elle portera en relief l’inscription « les démobilisés de Chailley ». Le coût est de 1200 francs.

Inauguration en 1926


Le 4 juillet 1926, Le maire propose l’inauguration officielle du Monuments aux morts. Les membres s’expriment leur admiration et leur reconnaissance aux héros de la grande guerre.

Monument aux morts de Chailley

Depuis 1926, le Monument aux Morts de Chailley est installé au centre du village. Le monument aux morts est un bien communal et relève de la compétence de la municipalité.


Devoir de mémoire et cérémonies commémoratives


La fonction de cet édifice est de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus vivre dans la cité, faisant ainsi participer la commune au travail de deuil des familles. Graver les noms des morts revient à donner à ceux-ci un peu de cette gloire dont sont  parés ceux qui se sont sacrifiés pour la France. Le Monuments aux morts a vu s’ajouter les noms des enfants de Chailley Morts pour la France dans les autres conflits.

La journée du 11 novembre a été instituée par la loi du 24 octobre 1922 comme « journée nationale pour la commémoration de la victoire et la paix ». Jour d'hommage et de recueillement, elle donne lieu chaque année à des cérémonies commémoratives devant les monuments aux morts des communes de France.

La loi du 28 février 2012 élargit la portée à l'ensemble des morts pour la France. C'est donc la reconnaissance du pays tout entier à l'égard de l'ensemble des Morts pour la France tombés pendant et depuis la Grande Guerre qui s'exprime aujourd'hui, particulièrement envers les derniers d'entre eux, notamment en opérations extérieures. 





Sources
Registres des conseils municipaux de 1918 à 1930 (Mairie de Chailley)
Photos personnelles
Cartes postales anciennes (collection personnelle)

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