Apparition des Bourgeois à Chailley
Les
biens ruraux ont pris de la valeur. De
nombreux contrats de vente de terres de laboureurs sont signés par Brunat, le
notaire du bourg. Les acquéreurs sont des bourgeois comme le juge de la révôté
de Chailley Robert Louis Marie Tonnelier. L’abbaye
de Pontigny profite de la hausse des
prix pour vendre son enclos et ses bois de Chailley pour un prix de douze mille
trois cent vingt huit livres. En
1738, tous les biens de la paroisse de
Chailley sont vendus. Une
nouvelle période économique s’ouvre pour Chailley.
Débuts de l’activité économique à
Chailley
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Halle de Chailley |
La
période du XVII au XIX° siècle permet à Chailley de développer une activité
artisanale, commerciale et manufacturière. Deux
moulins à eau fonctionnent sur le rû St Jacques qui traverse le village. Deux
foires annuelles se tiennent les 16 avril et 28 aout. Deux marchés
hebdomadaires ont lieu, dans le village, le dimanche et le mercredi. Au
XIX° siècle, deux usines
s’implantent : une fabrique
de bouton et une fabrique de porte monnaie. Les
métiers de la forêt occupent, en 1852, 440 bucherons et charbonniers qui
contribuent à l’activité des fours à chaux des Tuileries. Le
bourg compte 1300 habitants en 1850. Un tailleur à Chailley est inscrit dans les
archives, dès 1724. En 1814 ils sont quinze. De 1788 à 1827, les activités
artisanales connaissent un développement important. En 1788, le notaire Brunat
consigne la création d’une verrerie royale à Chailley. En 1789, on compte 29
artisans et il y en a quatre vingt quinze de référencés en 1827. En 1822, le
lavoir est construit et devient un lieu de rencontre important. La même année,
sort de terre la halle qui abrite un important marché avec plus de 150 étals. En 1827, Chailley compte six cordonniers, six maréchaux, neuf tisserands,
deux sabotiers, quinze marchands de charbon, trente et un charbonniers et cinq
meuniers. 1860, quatre bouchers sont installés dans le village. La
rue de la Boucherie était située près de la fontaine, près de la place
principale. Vingt
huit kilomètres de chemins vicinaux sont aménagés par les indigents de la commune
condamnés à des travaux d’intérêt général.les grands incendies de 1840 et 1845, 89 maisons sont détruites et 200
personnes sinistrées. Le village est reconstruit selon un plan d’alignement
avec l’actuelle Grande rue, large et rectiligne. C’est à cette période que le cimetière actuel a été
ouvert. L’arrivée
du progrès de 1850 à 1914 permet une embellie des conditions de vie. En
1861, la mairie de Chailley est construite à l’emplacement actuel. En
1893, Chailley compte trois machines
agricoles.
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La première batteuse chez M Combes |
C’est en 1903 qu'est achetée la première moissonneuse. période du développement économique permet l’ouverture d’un service de
diligence en direction de Saint-Florentin pour faciliter la circulation des
habitants. Toutefois,
l’arrivée des machines favorise le départ des populations vers les villes et la
population commence à régresser pour atteindre 1078 habitants en 1820 et 874 en
1896.
Chailley, village républicain
La
vie de Chailley est très animée par les débats politiques. En particulier s’opposent
violemment les partisans et les adversaires de la laïcité et de la République. En
1848, lors des émeutes parisiennes qui renversent Louis Philippe, la salle du
conseil municipal de Chailley est envahie par les républicains. Ils apostrophent
le Maire Etienne Badié, acheteur de biens nationaux et notable local. Il est hué et la République est applaudie. J’aime
évoquer ces combats car mon grand père portait l’empreinte de cette histoire.
Je ne l’ai jamais vu entrer dans une église. Il était profondément laïc.
Il me rappelait souvent qu’ici à Chailley sonnait l’heure de la République. La
cloche de la mairie donne l’heure. Cette cloche a une histoire.
Chapelle du Haut Bouton
En
1864, Mme Alépée née Grand, d’une des familles de notables de la commune porte
le drapeau de l’opposition à la laïcité.
Elle fait construire, sur ses propres deniers la Chapelle du haut bouton,
dite chapelle Notre Dame de la Bonne Mort.
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Chapelle Notre Dame de la Bonne Mort à Chailley |
La construction est achevée en 1873. Elle en fait don, à sa mort, à
l’abbé Paget Directeur du Séminaire de Sens. En
1874, le conseil municipal, aux idées républicaines, vote une motion stipulant
que « jamais la commune de Chailley
n’interviendra directement où indirectement à quelque titre que ce soit
dans le paiement des dépenses relatives à cette chapelle ». Dans
les années 1950, M Hippolyte Lorrot, ancien maitre d’école, répète à son petit
fils que cet édifice haut perché « était un affront à un village républicain ». Nous avons beaucoup joué enfants dans les
ruines. C’est un lieu mythique de retrouvailles entre les enfants du village,
un départ de jeux dans les bois environnants, un but d’escapades. Puis de nouveaux donateurs, la famille Lemaire,
décide de lancer une souscription privée pour reconstruire la Chapelle telle
qu’elle existe aujourd’hui. Aujourd’hui,
la Chapelle est un lieu de promenade apprécié qui offre une vue splendide sur
le village et ses environs.
Querelle des deux clochers
Mais
l’histoire ne s’arrête pas à la construction de la chapelle. Elle s’ancre aussi
dans la querelle des deux clochers. C’est d’ailleurs le point culminant d’une
lutte entre les notables locaux antirépublicains et les adeptes de l’idéologie
républicaine, du progrès et de l’enseignement laïc. Alors
que l’heure du village est donnée par la cloche de l’église, le conseil
municipal, en août 1904, décide de faire l’acquisition d’une horloge communale. Il
importe de donner au village une heure républicaine. En 1910, le conseil
municipal, au terme d’un fougueux exposé de Victor Delagneau, anticlérical
militant, décide de l’édification d'un clocher sur le toit de la mairie
et d’une horloge mécanique. Pour
financer cet investissement, une
souscription publique est lancée. Parmi les noms des quatre vingt dix huit
souscripteurs, se retrouvent les familles Frochot et Bourgoin. Victor Delagneau
préside le comité de la cavalcade de 1890 à 1910. Cette fête annuelle fait le
pendant aux processions religieuses gravissant la côte de la Chapelle de la Bonne
Mort. Celle
de 1910 obtient un succès extraordinaire. Les chars ont pour thème les allégories républicaines :
la char des présidents, le char de la patrie, celui du progrès… Elle procure
une somme de quatre cent francs entièrement au bénéfice de l’édification du
clocher de la mairie. Une deuxième cavalcade est organisée en 1913.
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Cavalcade de Chailley en 1913- Char de la République |
L’argent
ayant été rassemblé, la commande de la cloche est passée auprès du Maitre
horloger du jura M Arsène Crétin pour un prix de deux mille sept cent cinquante
francs.
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Louis Frochot - Ferblantier à Chailley |
Louis Frochot, plombier zingueur à Chailley , participe à la
fabrication du clocher municipal : « je vous ferai quelque chose
d’extraordinaire ».
C’est
effectivement un clocher remarquable qui enjolive l’édifice municipal de
Chailley et qui veille, à sa façon, au rappel de l’histoire de la commune.
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