Louis Madelin, Académicien : point de vue sur la généalogie en 1912
Extrait d'un très beau texte de Louis Madelin
sur le clocher de Neuville aux bois
Louis Emile Marie Madelin, né le 8 mai 1871 à Neufchâteau dans les Vosges, a été élu en 1927 élu à l'Académie française. Député des Vosges, Docteur es Lettres, Historien, il a écrit de nombreux ouvrages de référence. C'est le frère de René Madelin Sosa 12, mon arrière grand-père, le fils de Amédée Madelin Sosa 24 et de Marie Félicité Bonnet Sosa 25.
En 1912, il écrivait dans le journal de la Pichardière, dans lequel les hôtes de cette maison familiale située à Neuville aux bois dans le Loiret, se sont exprimés pendant 60 ans :
La Pichardière
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Louis Madelin, dans cet extrait, évoque la généologie. Son texte est touchant. Je suis heureuse de partager avec vous les écrits de mon illustre ancêtre.
"...Je plains beaucoup et bien sincèrement les familles qui sont dans l’impossibilité de retrouver leurs racines.
J’entends qu’on peut conserver des généalogies. Mais que cela est sec !
Si vous ne situez pas ces aïeux dans le décor où ils sont nés, où ils ont grandi, souffert, aimé, travaillé, prié, où ils ont vieilli et où ils sont morts ;
Si vous ne les pouvez évoquer dans les champs, les bois, les maisons, les églises, les foyers, sous le ciel qui ne change pas, alors que tout change, vos généalogies sont des papiers bons à classer dans les cartonniers ;
Nous, nous avons une meilleure fortune que la plupart de ceux mêmes qui gardent la mémoire des bisaïeux et tris aïeux : chaque pierre, chaque arbre un peu vénérable et jusqu’à certaines mottes de terre nous rendent ces ancêtres présents malgré nous.
Ceux dont nous connaissons les noms furent hommes de loi, presque tous soldats.
Mais il est impossible que leurs ancêtres n’aient pas été des vilains, des serfs attachés à la glèbe
Et c’est là, si paradoxale que paraisse cette affirmation, qu’est la vraie noblesse.
Ce mot « serf attaché à la glèbe » dont les instituteurs modern style veulent faire un ferment de révolte dans le cœur de leurs élèves, je le trouve si beau.
Il faut croire qu’ils y étaient attachés par autre chose que la contrainte puisque, libérés il y a longtemps, ils y sont restés attachés par l’amour.
Nous avons beau travailler à servir la patrie et à illustrer, dans la mesure de nos moyens, la famille à laquelle nous avons le bonheur d’appartenir, nous ne ferons jamais tant pour la France que ceux qui l’ont faite et pour la famille que ceux qui l’ont constituée.
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