Histoire de la construction
du Monument aux Morts de la commune de Chailley dans l'Yonne
Toutes
les nations qui ont participé à la Grande Guerre ont éprouvé le même désir de
fixer dans la pierre et le bronze le souvenir de ce conflit. Chaque commune, ou
presque, veut avoir le sien.
Jusqu’ici,
les monuments étaient érigés à la gloire des princes, des puissants, des chefs
de guerre. Pour la première fois, on voit apparaître, au centre de l’espace
public, des monuments élevés pour rendre hommage à de simples soldats, à des
hommes dont, jusque-là, on faisait peu de cas dans les guerres et les
batailles.
Bon
nombre de communes rurales ne possédaient jusque-là d’autre monument que leur
église.
Les
monuments aux morts sont, pour la plupart des communes rurales, le premier
monument digne de ce nom qui soit érigé par tous et pour tous.
33 Poilus Morts pour la France
Chailley,
qui a perdu 33 hommes dans les combats de la guerre de 14/18, souhaite rendre
hommage à ses Morts pour la France. Les registres municipaux permettent de retracer l’historique de la
construction du Monument aux morts de la Commune, érigé sur la place de la
Mairie. Seront ajoutés les noms des Morts pendant la Guerre de 39/45.
La plaque commémorative en 1918
Dans sa délibération 13 septembre 1918 approuvée par le Préfet de l’Yonne, le Conseil
municipal de Chailley dirigé par M. le Maire BRUNAT vote la création d’une
plaque commémorative destinée aux Morts pour la France. Elle sera réalisée par
M. PLANSON, Marbrier à Saint Florentin. Le modèle est une plaque de marbre
blanc ornée d’une palme de bronze et d’une croix de guerre.
Les noms et
prénoms de nos glorieux morts y seront gravés en lettres dorées en
suivant l’ordre alphabétique. Le prix de revient posé est de 500 francs et le
travail livré le 20 octobre 1919.
Cette plaque est installée dans le hall de la
Mairie de Chailley.
La loi du 25 octobre 1919
S'appuyant sur l'esprit de
la loi du 25 octobre 1919, un usage s'est imposé, depuis la Première Guerre
mondiale, comme référence pour les décisions municipales en la matière :
l'inscription d'un nom se justifie pleinement lorsque le défunt, décédé au
cours d'une guerre ou d'opérations assimilées à des campagnes de guerre, est
titulaire de la mention "Mort pour la France", et est né ou domicilié
légalement en dernier lieu dans la commune considérée.
Un comité local pour l'érection d'un Monuments aux morts
Le 14
septembre 1919, le Maire rend compte qu’un comité local s’est constitué
pour l’érection d’un Monument aux enfants
de Chailley morts pour la France. Le conseil est désireux de rendre
hommage à ceux qui sont tombés en combattant pour la victoire du droit et de la
liberté. Le conseil sollicite M le Préfet de bien vouloir faire les démarches
pour provoquer le décret autorisant l’érection d’un monument sur une des places
de Chailley. Une première subvention de 4500 francs est votée.
L'approbation du Président de la République R. POINCARE
Le 22
novembre 1919, le Maire porte à la connaissance du Conseil que par décret
du 10 novembre 1919, M le Président de la République, Raymond POINCARE a approuvé la délibération du conseil municipal
ayant décidé l’érection du Monument aux Morts.
Nomination d'une commission communale chargée du Monument
Le 3
avril 1920, le conseil municipal nomme une commission chargée de l’érection
du Monuments au morts composée de Gustave BRUNAT, Maire, de Gustave MOREAU
adjoint, de Cléophas GARNIER, Félix COMPAGNON, Jean TROMPAT, Paul DELAGNEAU, Paul DUPRESSOIR, Alphonse BRUNAT, conseillers
municipaux.
Rapatriement des corps
Le 14 novembre 1920, le
conseil municipal décide de prendre à ses frais le transport à Chailley des corps de militaires morts pour la France et ramenés
au pays. Ce transport sera effectué d’après le tarif accordé au conducteur du
corbillard. Un crédit de 100 francs est voté.
Le conseil décide d’affecter, à la sépulture
des morts pour la France dont les parents habitent Chailley, des concessions
perpétuelles dans le cimetière de la commune appelé Carré des enfants.
Choix de l'emplacement du Monument
Le 26 novembre 1922, le
conseil municipal décide de réserver deux emplacements pour l’érection du
monument aux morts :
1 la place
des bâtiments Mollevaux
2. le mail situé sur la route le long des murs
des jardins Rousseau et Raoul.
Le conseil, soucieux de concilier de toutes les
opinions décide de consulter par un vote des familles des morts pour la France.
Le 17 décembre 1922, le
vote a lieu et est dépouillé. Il y a 23 votants. Les résultats donnent 15 voix pour le mail, 7 pour place de bâtiments
Mollevaux et 1 nul.
Le 19 février 1923, le
conseil décide de confier à M HODRY, Architecte, l’exécution du monument aux morts pour la
France. Il est invité à présenter un avant projet avec des croquis au conseil municipal.
Le 21 mars 1923, le Maire
expose les raisons qui le font écarter le mail pour l’installation du Monuments.
A cet endroit, selon l’architecte, le
monument ne bénéficiera d’aucune perspective. L’endroit le plus qualifié serait
la place de la Halle.
Il propose de transporter la Halle sur le
terrain des bâtiments Molleveaux et d’ériger le Monument à l ‘emplacement de
la Halle. Le conseil se range à cet avis étant entendu que la Halle sera
édifiée de la même manière qu’elle est actuellement.
M HODRY soumet au conseil plusieurs modèle de monuments et le conseil
fixe son choix sur une pyramide surmontée d’une stèle en granit des Vosges
polie sur les 4 faces. La hauteur du monument sera de 4,50 m et entouré d’une
grille, dont la réalisation est confiée à M Fernand DANTON habitant la commune
pour un montant de 3000 francs. Le devis est de 20500 francs monument posé.
Le 3 juin 1924, le conseil municipal décide
d’abandonner le projet de déplacement de la Halle et décide de la vendre sur
îed avec un délai d’enlèvement de 15 jours après adjudication. La halle sera
vendue en morceaux, tuiles, bois, aux acheteurs.
Le conseil municipal décide de construire une
halle neuve sur l’emplacement des bâtiments mollevaux confiée à M MILLET, Charpentier
à Chailley d’une taille de 8 m de large pour une somme de 9600 francs.
Dans le budget additionnel de 1924, il est
inscrit la vente de la halle pour 2000 francs.
Un don remarquable
Le 12 octobre 1924, M BRUNAT,
Maire, n’ayant pas de descendants, fait don à la commune de sa rente
perpétuelle de 25 francs pour invalidité, contractée au service commandé dans
les tranchées pendant la dernière guerre, à condition que celle-ci serve
exclusivement à l’entretien du monument élevé à la mémoire des enfants de la
commune morts pour la France.
La palme du Monument
Le 9 avril 1925, les démobilisés
offrent leur concours financier pour apposer une palme sur le monuments aux
morts qui est la reproduction de la palme offerte par la ville de Paris et
déposée à l’Arc de Triomphe. Elle portera en relief l’inscription « les démobilisés
de Chailley ». Le coût est de 1200 francs.
Inauguration en 1926
Le 4 juillet 1926, Le
maire propose l’inauguration officielle du Monuments aux morts. Les membres s’expriment
leur admiration et leur reconnaissance aux héros de la grande guerre.
Monument aux morts de Chailley |
Depuis 1926, le Monument aux Morts de Chailley
est installé au centre du village. Le
monument aux morts est un bien communal et relève de la compétence de la
municipalité.
Devoir de mémoire et cérémonies commémoratives
La fonction de cet édifice
est de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront
plus vivre dans la cité, faisant ainsi participer la commune au travail de
deuil des familles. Graver les noms des morts revient à donner à ceux-ci un peu
de cette gloire dont sont parés ceux qui
se sont sacrifiés pour la France. Le
Monuments aux morts a vu s’ajouter les noms des enfants de Chailley Morts pour
la France dans les autres conflits.
La journée du 11 novembre a été instituée par la loi
du 24 octobre 1922 comme « journée nationale pour la commémoration de la
victoire et la paix ». Jour
d'hommage et de recueillement, elle donne lieu chaque année à des cérémonies
commémoratives devant les monuments aux morts des communes de France.
La loi du 28 février 2012
élargit la portée à l'ensemble des morts pour la France. C'est donc la
reconnaissance du pays tout entier à l'égard de l'ensemble des Morts pour la
France tombés pendant et depuis la Grande Guerre qui s'exprime aujourd'hui,
particulièrement envers les derniers d'entre eux, notamment en opérations
extérieures.
Sources
Registres des conseils
municipaux de 1918 à 1930 (Mairie de Chailley)
Photos personnelles
Cartes postales anciennes (collection personnelle)
1 commentaire:
Superbe article Veronique !
Bravo pour avoir déniché toutes ces infos et pour les avoir si bien racontées.
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