Fernand Louis Emmanuel
GOURMAND
1876 – 1915
Les archives familiales de Gisèle
Gisèle
vient de m'apporter une boite en carton. Elle me l'a ouvert avec
précaution. Elle l'avait conservé car c'est sa mère Olga qui lui a
transmis. On y découvre des lettres et des photos, souvenirs du père d'Olga,
Mort pour la France comme Poilu pendant la guerre de 14/18.
A
moi, maintenant de jouer :
1
Déchiffrer les lettres écrites au crayon de papier
2
Retrouver le registre matricule de Fernand Gourmand
3
Relire les JMO
4
Comprendre pourquoi son nom n'apparait pas le Monument aux morts de la
commune de Turny
5
Trouver son lieu de décès
Et
plein de questions. à résoudre....
Je
suis contente pour elle et ses enfants de partir à la recherche de son ancêtre
qu'elle n'a jamais connu. Mon
enquête commence.... A suivre mes trouvailles à travers les archives et les
traces de la mémoire.
Mes recherches
Fernand Louis Emmanuel GOURMAND
est mort pour la France, tué à l’ennemi, le 4 juillet 1915 au Bois le Prêtre, à l’ouest
de Pont à Mousson, en Meurthe et Moselle. Son nom figure sur le monument aux morts de la
commune de Chéu. Il avait 39 ans. Fernand GOURMAND est né le 10 septembre 1876 à Chéu dans l’Yonne. C’est
le grand-père maternel de Gisèle Bezançon.
Famille
Fernand
est le fils de Louis Amable GOURMAND, Horloger, âgé de 44 ans au moment de sa
naissance et de Elise HABERT âgée de 29 ans, demeurant à Chéu.
Profession
Cultivateur.
Situation familiale
Fernand,
âgé de 34 ans, s’est marié à Turny le 10 mai 1910 avec Camille Eugénie SALLEY,
33 ans, née le 14 novembre 1877 à Turny. Camille
Eugénie SALLEY est née de Arsène Basile SALLEY 36 ans, manouvrier à Linant et
de Adélaïde Amélie FOURREY 35 ans.
Leur fille : Olga Gourmand
Fernand et Camille, 1 an après leur mariage, ont une fille Olga GOURMAND, née à Chéu le 25 juin 1911. Camille meurt entre 1911 et 1915. Orpheline de mère, Olga sera confiée, lors du départ de son père à la Guerre, à la famille de sa belle sœur : M et Mme MOSSOT- SALLE ou SALLEY Edouard, cultivateurs à Courchamps, hameau de Turny 89.
Fernand et Camille, 1 an après leur mariage, ont une fille Olga GOURMAND, née à Chéu le 25 juin 1911. Camille meurt entre 1911 et 1915. Orpheline de mère, Olga sera confiée, lors du départ de son père à la Guerre, à la famille de sa belle sœur : M et Mme MOSSOT- SALLE ou SALLEY Edouard, cultivateurs à Courchamps, hameau de Turny 89.
Fernand
les appellera dans ses courriers mon
frère et ma sœur. Le couple a une fille Geneviève, cousine de Olga et elles vont être élevées
ensemble. Je
suppose qu’il s’agit de la famille appelée SALLE ou SALLEY, peut-être la sœur de Camille Eugénie SALLEY, son épouse
décédée avant la guerre . Ce
serait donc la tante et l’oncle d’Olga.
Fernand Gourmand, mobilisé le 8 août 1914
De
la classe 1896, il est incorporé par le centre de recrutement d’Auxerre le 8 août
1914. Il a 38 ans.
Régiment d’incorporation
Il
est affecté le 11 septembre 1914 au 168ème Régiment d'Infanterie, 19ème
Compagnie comme Soldat de 2ème classe sous le matricule 667. Le
368e Régiment d'Infanterie
est un régiment d'infanterie constitué en 1914. Il est issu du 168e
Régiment d'Infanterie ; à la mobilisation, chaque régiment d'active créé un régiment
de réserve dont le numéro est le sien majoré de 200.
Description
Selon
son dossier militaire, il a les cheveux et les sourcils bruns, les yeux gris,
la taille de 1,66 m et un degré d’instruction de niveau 3.
Correspondance de guerre
Fernand
écrit des lettres à sa fille Olga et à M et Mme Mossot, cultivateurs à
Courchamp, Hameau de Turny, qui ont en charge la garde de sa fille pendant son
absence. Il les appelle « cher frère et sœur ». Les archives
familiales ont préservé certaines lettres de l’époque. En retranscrivant le
texte des lettres, j’ai conservé l’orthographe de Fernand.
Le 10 mai 1915
Chère Frère et Cher
Sœur
Je vous dirais que
j’ai reçut votre carte et qui ma fait un grand plaisir de vous savoir tous en
bonne santé. Germaine me dit que ne pouvez pas lire ce que je vous écrit. Voici
ce que je vous ai demander des nouvelles de la famille et des nouvelles de la
maie et comment ça va. Et Paul et il revenu de Sens ? Comme vous avez dit
que vous ferez photographiées Olga et que vous me l’envèrez des quelle sera
photographié. Et je vous ai demandé si
votre ouvrage vous allait. Rien de plus à vous dire pour le moment. Je me porte
bien. Vous embrasserez ma fille et Germaine pour moi.
Votre frère qui vous
embrasse. Fernand Gourmand
(au dos de la lettre)
Vous m’écrivaie
toujours à la même adresse. Sa me trouvera bien. Vous m’écrirez et un peut
souvent.
Gourmand
(sur le coté )
Je suis en basse normandie et nous allons
changer de place.
Deaubourad, Le 26 mai
1915
Cher frère et cher
sœur,
Vous me dite que vous
ne recevez pas souvent de mes nouvelles . Je vous dirais que j’ai écrit toutes
les semaines et sa me surprend que vous ne recevez pas plus souvent de me
nouvelles que ça !
Je vous disais que
nous sommes changée. Nous sommes au bois le prêtre et pas bien loin de la
frontière et sa ne vaut pas beaucoup mieux que la ou nous étions. Auparavant
tan mieux que Edoire et Paul ne sont pas repartis et que vous êtes en avance
dans vos ouvrages. Et pour moi quand à moi sa ne va pas plus mal pour le
moment. Je souhaite que tout le monde se porte bien ; Et que ma petite
Olga soit bien gentil et quand vous aurais sa photographie il faudra m’envoyer
une. Sa me fera un grand plaisir ; De la voir avec moi. Vous souhaitez
bien le boujour chez la merre et chez deffaix et vous embrasserez bien Olga et
Germaine et rémon pour moi. Rien de plus
à vous dire pour le moment.
Que l’Italie et entrée
en action depuis quelques jours. sa avancera peut être les choses ;
Votre frère qui vous
embrasse tous ;
Fernand Gourmand
Fernand Gourmand
368ème
d’infanterie 89ème compagnie secteur postal 23
Lettre du 18 juin1915
Mardit le 18 février 1915
Cher frère et sœur,
Je vous disais que j’ai
reçut ta lettre qui m’a fait plaisir de vous savoir tous en bonne santé . quand
à moi je me porte assez bien. Nous avons passer assez bien. Nous avons passez 4
jours et nuits sous une pluie d’aubus et de coup de fusil. On croit bien que
setait la fin. Tous le monde en avait
assez. touchacain se garrée comme lon pouvait. ils ont attaquer 4 fois. Dans la
même journée et la nuit vous pouvait pas vous faire une idée. Je croit que lon
aura bien du mal de se rentrai. On s’attend tous les jours d’être nétoyés d’un
moment à l’autre . Enfin la guerre se finira quand tous le monde sera
tuée ; Enfin pour quand à ma petite Olga, se suis bien contant quelle
travaille bien et quel se porte bien mais tous ce que vous vous recommander sa
sera de la faire batiser et quant elle sera en age de faire sa première
communion il faudra lui faire si tout fois je ne revenais pas. Car je vous
dirais que sa né pas encore fini. Cette guerre la pour les faire partire sa ne
seras pas vrais que quand se sera fin car ils sont bien retranchée et bien
armée. Enfin, on « illisible ». Je vous dirais que sa et bien triste que
vous ne pouvais pas vous en faire une idée. Vous embrasserez bien ma petite
Olga et Germaine pour moi. Votre frère qui vous embrasse tous ;
Fernand Gourmand
Carte d’Olga à son père
datée du 17 avril 1915
Cher papa
Je suis revenue bon
port. Je me suis pas ennuyer de Chéu.
Ta petite Olga qui
t’embrasse bien fort.
Olga Gourmand
Jaulges , le 20 janvier
1915
Monsieur
Je répond à votre lettre
qui nous ennuie bien d’avoir une aussi triste nouvelle, je crois que j’en avait
le pressentiment car depuis une huitaine je ne pouvais plus travailler, tous les
jours je remettez de vous écrire si vous en receviez, enfin je crois que lui
aussi mon pauvre frère je senter qu’il a lait y passer, car ses dernières
lettres on voyait qu’il voiyait ses triste pour cette pauvre petite, et lui
qu’il l’aimait si bien sa fille, il la recommandait sur tout ces lettres, pour
la faire batisser et faire sa première communion, enfin c’est triste de voir
cela.
Si vous savez quelques choses
par son camarade écrivez le moi, je lui écrit en même temps qu’à vous mais si
vous avez la réponse de lui écrivez moi car c’est si long a aller et revenir.
Enfin, je compte sur vous pour le renseigner sur ce que son (illisible) vous a dis. Embrasser bien cette petite Olga
pour nous. Nous tacherons d’aller vous
voir après moisson en attendant nous vous embrassons tous.
F Clemendot.
Son régiment d’infanterie :
le 168ème surnommé « les loups de Bois le Prêtre »
Le
168e régiment d'infanterie (ou 168e
RI) est un régiment de l'armée française, qui a appartenu aux unités surnommées
« les Loups » ou « les Loups de Bois le Prêtre ».
Le régiment faisait partie de la division des
Loups.
Entre
le 1er octobre 1914 et le 15 août 1915, Les offensives furent menées à Bois-le-Prêtre par la 73ème division commandée par le Général Lebocq, renforcé par la brigade mixte dite « de Toul » sous les ordres du général Riberpray. Ces unités, surnommés
les "Loups du Bois-le-Prêtre", étaient assistées de trois
formations d'artillerie et d'éléments du 10e Génie. Le Bois le
Prêtre est un massif forestier de 800 hectares, au nord-ouest de Pont à
Mousson, dominant à l’est la vallée de la Moselle, s’avançant en pointe vers le
plateau de Haye ; son point culminant est à la Croix-des-Carmes, 372 mètres, à
peu près l’altitude de la colline de Mousson, de l’autre côté de la Moselle. Ce fut l’un des points de friction les plus notoires dans la
guerre de position en1915, avec l’Argonne, les Eparges, la forêt d’Apremont et
l’Hartmannswillerkopf ; sur ce front étroit, il a été engagé en dix mois 132
actions, offensives ou défensives ; les pertes ont été effroyables : 7083 morts
du côté français, 6982 morts du côté allemand.
« Du mois de décembre 1914 au mois de mai 1915, ce ne sont
qu’attaques, contre-attaques, corps à corps, explosions de mines, éclatements
de bombes et de grenades. Nous avançons, nous reculons, nous avançons de
nouveau, et des trésors de courage, de patience et de sang s’épuisent dans ce
long piétinement. » Président Poincaré
Ces
informations donnent une idée de ces combats terribles au cours desquels
Fernand Gourmand a perdu la vie.
Acte de décès
Dans
son dossier militaire il est déclaré décédé
antérieurement au 10 juin 1916 (avis ministériel du 10 août 1916 GG 6322). Le
lieu de son décès est indiqué comme le Bois le Prêtre à l’ouest de Pont à
Mousson. Il
est enterré au carré 14/18 B tombe 1103 de la Nécropole nationale « le
Pétant » à Montauville 54. Il
y a dans ce cimetière 7714 tombes.
Son
acte de décès est transcrit le 19 mai 1919 à la mairie de Chéu, son village de
naissance suite au jugement du Tribunal d’Auxerre du 19 mars 1919. Son nom est gravé au Monument aux morts de
Chéu.
Ferdinand
GOURMAND laisse une fille orpheline.
Elle est sans doute adoptée comme pupille de nation, c'est à dire
qu'elle a droit à la protection et au soutien moral et matériel de l'Etat
jusqu'à l'âge de 21 ans (majorité à l'époque). Il y aura ainsi 750 000 pupilles
de la nation.
Olga fidèle au souvenir de son père
Olga
GOURMAND se marie avec Gilbert Maxime BEZANCON Cultivateur à Turny, à l’âge de
18 ans, le 10 février 1930 à Turny. Naitront de leur union 5 filles, Aliette,
Eliane, Nicole, Gisèle et Simone et un
fils Yves. Olga va être
active dans l’association des anciens combattants comme en témoigne les
archives familiales.
Document d’hommage daté de 1968 adressé
à Olga Bezançon
par le Ministre des Anciens combattants
Sa fille Olga va
conserver dans ses archives des cartes postales, articles de presse sur
l’histoire se son père comme la Réunion à Migennes le 25 avril 1972 sur
ce que furent les combats de Bois le Prêtre.
Article de l’Yonne Républicaine du 2
avril 1972
Ce que furent les combats de Bois le
Prêtre
Conservé par Olga Gourmand
Olga s’est rendue sur place au cimetière et a ramené de son
voyage un précieux souvenir qu’elle a conservé : des éclats d’obus
ramassés à l’ossuaire de Douaumont.
Monument aux morts de Chéu - Yonne
Aux enfants de Chéu morts pour la France |
Inscription du nom de Fernand Gourmand, Mort pour la France |
1 commentaire:
bravo, superbe travail.
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