L'ordre des Templiers à Turny Yonne
L’ordre militaire et religieux des Templiers est fondé en 1118 par Hugues de Payen et les seigneurs qui ont suivi Godefroy de Bouillon à la première croisade dans le dessein d’assurer la police de la Palestine.
Aussitôt les chevaliers du Temple parcourent le pays en priant les
évêques et les monastères de leur concéder quelques terres afin d’y établir
leurs Commanderies.
Ces établissements sont créés en faveur des frères malades
ou estropiés ne pouvant plus servir activement.
Par l’entremise de Thibaut II comte
de Champagne et d’Henri Sanglier archevêque de Sens, entre 1127 et 1134, les Templiers
entrent en possession de la terre de Coulours. [1]
La Commanderie de Coulours
La Maison du Temple de Coulours est fondée en 1158 et
attribuée à la Chevalerie du Temple par Henri, Archevêque de Sens.
Les
Templiers y installent l’une de leurs premières Commanderies : la Commanderie
de Coulours.
Cet établissement, religieux, mi-ferme, mi-forteresse, est
également au moyen-âge un lieu d’hébergement pour les pèlerins nombreux en ces
siècles de foi.
Vestiges de la commanderie de Coulours en 2017
A leur départ pour les
croisades, les seigneurs ont coutume de donner une partie de leurs biens aux
monastères ou aux commanderies. Le Commandeur est seul seigneur, au temporel
comme au spirituel, du village de Coulours.
Il a la collation de la cure et de toutes les dîmes de la paroisse.
Les
maisons qui dépendent de celle de Coulours sont :
. la maison de Mesnil-St-Loup, domus de Mesnilio Sancti Lupi
. la maison de Rigny, domus de Regniaco
. la maison de Sivrey, domus de Syvriaco
. la maison des Vallées, domus de Valle Severini
. la maison du Luteau, domus de Lutello
. la maison de Turny, domus
de Turnyaco
Au 12ème siècle, les Templiers fondent, à Turny,
une maison de l’Ordre de Malte, au
lieu-dit appelé aujourd’hui l’Hôpital.
La maison de Turny est usagère de la forêt de Saint-Pierre avec Chailley et
Venizy qui dépendent de l’abbaye de Pontigny fondée par des Cisterciens.
Elle
obtient « une charretée par jour attelée à deux chevaux, de bois mort pour
le chauffage et du bon bois pour bâtir ».
La Maison de Turny « domus de Turnyaco »
Le fief de Turny appartient aux
Templiers dès le commencement du 13ème siècle. Il comprend aussi les
moulins de Venise.
Gérard de Brienne, seigneur de Ramerupt a plusieurs
contestations avec les frères du Temple au sujet de leurs possessions à Turny.
Les prieurs de Sainte-Geneviève et de Saint-Eloi à Paris, choisis pour
arbitres, mettent fin à leurs débats par
une transaction datée de juin 1236.[2] Dans
cet acte le sieur de Brienne abandonne aux Templiers les cinq moulins banneaux
de Venisy, situés à Lames (entre Venisy et Avrolles) et s'interdit le droit
d'en construire d'autres depuis Turny jusqu'à Avrolles. Il leur concède en
outre le droit d'usage dans les bois de Saint-Pierre, la faculté d'y prendre
chaque jour une charretée de bois pour les besoins de leur maison de Turny.
La Maison
de Turny, incendiée à la fin du 14ème siècle, est reconstruite en
1460 par un frère de l'Hôpital, Jean du Buissel, alors curé de Turny qui prend
à bail les terres de cette maison et du domaine du Luteau, moyennant un fermage
de 16 livres tournois, à charge pour lui de rebâtir l'hôtel de Turny ainsi que
la chapelle disparue.
Turny est décrite à cette époque lors de la visite de la
Commanderie du Grand Prieuré de France :
« En 1460, était jadis maisons et
plusieurs édifices clos de fossés tout à l’environ et chapelle aussi, lequel
hostel a l’occasion des guerres qui ont été en ce royaume, est venu en ruyne et
désolation et cheu par terre et depuis naguère Jean de Bussel, religieux de nostre
religion et curé de Turny qui a pris a ferme de moi Commandeur les deux membres
de Turny et du Luteau à charge d’élever à Turny maison habitable et refaire la
chapelle ce qu’il a fait »[3].
Le
Commandeur qui réside à Coulours, reçoit le revenu des terres de Saint-Laurent
et du Luteau et perçoit des dîmes à Turny sur les grains et les vins. Le curé
de la paroisse perçoit ses droits sur la laine, les petits pois, les haricots
et autres légumineuses. En 1495, la maison est définitivement détruite.
La Maison du Luteau, « domus de
Lutello »
Il
est fait mention de cette maison dans des lettres de Guyot Ragoz, sire de Chailley,
du mois de mars 1254 par lesquelles, voulant terminer un différend qui existe
entre lui et les frères de la chevalerie du Temple de Couloyres, il leur fait abandon des terres qui lui proviennent du
chevalier Guyon de Cortisel, son frère, lesquelles terres « sient auprès
le masun dou Luttel, et touchent à la voie qui vaint de Linant, et va à
Saudurand »[4].
La maison du Luteau est
démolie en 1460. On la rebâtit plus tard à usage de ferme, laquelle compte, au
siècle dernier, près de 200 arpents de terre, affermés en 1788,725 livres. [5]
La chapelle Saint-Laurent à l'Hôpital
Les Templiers construisent la chapelle Saint-Laurent
qui se trouve entre la maison du Temple et le chef-lieu. Détruite
par le feu et reconstruite en 1460, la chapelle Saint-Laurent disparait à
nouveau dans les flammes en 1495 et n'est plus reconstruite.
La destruction des Templiers en 1303
Le Roi Philippe provoque la
destruction d'un Ordre religieux et militaire créé uniquement pour la défense
de la Terre Sainte et la Croisade qui est plutôt le sujet des Papes que celui
des Rois.
Affaibli depuis la perte de la Terre Sainte en 1291, l’ordre des
Templiers rencontre en Philippe le Bel un adversaire acharné pour plusieurs
raisons : financières, politiques et religieuses. Il décrète que la culpabilité
du Temple est une certitude.
Il réunit à Sens, sous la présidence de
l’Archevêque de la ville, un concile provincial qui prononce les sentences à
l’encontre des Templiers de la province, ceux de Paris inclus.
La ruine du
Temple est la conséquence de la lutte engagée par le pouvoir royal temporel
contre le pouvoir spirituel, lutte dont Philippe le Bel sort vainqueur contre
Boniface VIII.
Le 31 mai 1310, cinquante Templiers appartenant à la province de
Sens sont brûlés vifs au faubourg Saint-Antoine, dont Henri de Supin, le
Commandeur de Coulours.
Le 13 octobre 1307, tous les Templiers présents sur la
terre de France sont arrêtés en même temps. L’ordre des templiers est aboli et
leurs biens sont dispersés.
Les biens du Temple sont attribués à l’ordre de
l’Hôpital.
[2]
Les Commanderies du Grand-Prieuré de France d'après les documents
inédits conservés aux Archines nationales de Paris par E. Mannier Ed. Aubry et Dumoulin Paris 1872
[4] Les Commanderies du Grand-Prieuré de France d'après les documents
inédits conservés aux Archines nationales de Paris par E. Mannier Ed. Aubry et Dumoulin Paris 1872
[5] Dictionnaire topographique du département de
l'Yonne, rédigé par M. Max. Quantin. Paris
Imprimerie Nationale M. DCCC. LXII
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