Les soldats de Turny dans la Grande Guerre


La Mairie de Turny 
et le Cercle Généalogique 
célèbrent la fin
 du Centenaire de la Guerre 14-18 
avec une exposition

 Les soldats de Turny 
dans la Grande Guerre 

du 20 octobre au 01 décembre 2018 
à la bibliothèque de Turny.


Louis MAUREL, Résistant et fusillé à la Doua en 1944


Séverine MAUREL-GERCEL, la petite fille de Louis MAUREL a pris contact avec moi suite à la lecture de mon article du blog sur mon ancêtre par alliance Pierre COLIN, résistant, chef départemental de l'Armée secrète de l'Hérault.

Son grand-père Louis MAUREL a été l'adjoint de Pierre COLIN dans la résistance. Il seront  fusillés ensemble, le même jour, par la Gestapo allemande au Fort de la Doua en 1944.

Elle a conservé de nombreuses archives de son grand-père et a souhaité me les communiquer pour que nous écrivions ensemble cet article en hommage à ce héros Louis MAUREL.
Nous espérons que ces informations tout à fait originales vous intéresseront et seront un apport au souvenir de la Résistance dans laquelle se sont engagés ces hommes dès le début de la guerre.
Ils ont payé de leur vie leur choix.

Ils ont été le plus souvent dénoncés, à cause de la torture pour les uns, de la collaboration pour les autres. Les autorités françaises n'ont rien fait ou rien pu faire pour soulager leur sort. Parfois, elles ont même été complices des exactions de la Gestapo.

Que cette sombre période ne tombe jamais dans l'oubli, pour nous rappeler que certains ont péri en martyrs ou en héros pour défendre leur pays et leurs idées.

Article sur Pierre Colin

Sa famille

Louis Joseph MAUREL est né le 9 août 1907 à Marseille. Il est l'enfant unique de Thérèse PROFANA et Jean MAUREL.

Sa scolarité

Après une scolarité brillante, il intègre l'Ecole Polytechnique en 1927, puis l'Ecole des Poudres en 1929. Il devient Ingénieur militaire en octobre 1931. Il est affecté aux Poudreries Nationales en 1932 à Saint-Chamas dans les Bouches-du-Rhône, à Ripault en Indre-et-Loire en 1933, puis Vonges en Côte d'Or.
Louis MAUREL 1927

Son mariage

A Utelle, petit village des Alpes-Maritimes, il rencontre Manya GOLDRING, benjamine d'une famille russe juive qui a fui la révolution soviétique. Ils se marient à Paris le 17 juin 1931. Louis est trés croyant et Manya se convertit pour l'épouser. Ils ont deux enfants Jean-Joseph né le 13 avril 1932 à Paris et Bernadette née le 21 septembre 1935 à Vonges en Côte d'or.
La famille de Manya est nombreuse. Avec ses frères Abel, Gricha, Boris, Micha et sa soeur Rebecca le couple passe souvent des week-end ensemble. (Sources familiales)

Déclaration de guerre 1939

La famille habite alors une grande maison à l'intérieur de la poudrerie de Vonges. Louis Maurel en est le directeur adjoint. Quand la guerre est déclarée en septembre 1939, la famille quitte Vonges située en zone occupée, en juin 1940, suite à la débâcle. Louis est nommé à Saint-Chamas en juillet 1940 dans le Finistère à Pont-de-Buis. L'été 1942, Louis est affecté à Montpellier.


Louis MAUREL en 1940

Entrée de Louis MAUREL dans la Résistance en été 1942

Louis prend contact avec Simone GILLET-DEMANGEL, dite Pauline, qui lui présente le Colonel CHAULLIAC, Chef de l'Armée Secrète.
Sous le nom de code de LE GOFF, il est adjoint du Colonel Pierre COLIN (nom de code GEORGES ROBERT) , Chef départemental de l'Armée Secrète pour l'Hérault.
Il a organisé dans un premier temps les services de renseignements de l'armée Secrète dans la région de Montpelier.
Il s'est ensuite occupé plus spécialement des renseignements et de l'instruction ainsi que de l'organisation des équipes de sabotage.
Sont activité a duré jusqu'en octobre 1943, date à laquelle il a été arrête par la Gestapo. Son groupe regroupe les résistants Maurice POPOUNEAU, Jean GENEVOIS, Simone GILLET-DEMANGEL sous la direction de Pierre COLIN. 
L'une des missions du réseau est de faire déserter un groupe de Luxembourgeois. 
L'un d'eux est arrêté et, sous la torture, donne le nom de Maurice POPOUNEAU.

En savoir plus sur l'Armée Secrète

Lien Wikipédia

Crée en 1942, l'Armée secrète est un regroupement de résistants français pendant la seconde guerre mondiale. C'est donc le regroupement des plus importants mouvements de résistance gaulliste de la zone sud : Combat, Libération sud, Franc-tireur. En 1944, l'Armée secrète sera intégrée dans les FFI Forces française de l'intérieur. 

Arrestation en octobre 1943

Le 7 octobre 1943, Maurice POPOUNEAU est arrêté. Le 8 octobre 1943, Pierre COLIN et Louis MAUREL sont également arrêtés. Jean GENEVOIS aussi. Tous les quatre sont emprisonnés dans la prison de la Gestapo à Montpellier où ils subissent la torture. Jean GENEVOIS est déporté. 

Jean GENEVOIS, quelques années après son retour de déportation, écrit sans doute au fils de Louis MAUREL, Jean-Joseph, une longue lettre qui précise les conditions exactes de cette opération. Ces documents ont été recueillis par la petite fille de Louis MAUREL, Séverine,  que je remercie d' accepter de les partager avec le lecteur. Ils sont extrêmement précis, réalistes et donc terribles. Nous allons, avec lui, revivre en détail la scène de l'arrestation par la Gestapo.

" Je pense que Mme COLIN à ce sujet pourrait vous édifier elle à qui nulle aide, nul secours n'ont été apportés, elle qui élève dignement son fils. Elle qui a été mal renseignée sur certains faits, volontairement par certains, qui ont voulu faire oublier les actions d'éclat de son mari.
J'en reviens, après cette digression à ce qui vous intéresse. L'origine de l'arrestation du Groupe est la suivante :
POPOUNEAU avait été chargé par COLIN de se procurer des habits civils  pour habiller et faire déserter un groupe d'une vingtaine de Luxembourgeois, stationnés à CARNON, et enrôlés de force dans la Werchmart. Sa mission remplie, malheureusement un des Luxembourgeois se fit arrêter par la Gestapo et sous la torture, il donna les noms de POPOUNEAU et de COLIN.
POPOUNEAU fut arrêté à l'Intendance de l'Air, dans une petite rue -rue des Trésoriers de France- à MONTPELLIER. Une secrétaire fut également arrêtée.
Le lendemain, COLIN était arrêté dans une villa qu'il occupait vers l'Hôpital général de MONTPELLIER avec ma femme.
C'est par elle que j'ai eu, à mon retour de déportation, et par mes camarades des cellules des condamnés à mort, puisque nous étions : COLIN, MAUREL, POPOUNEAU et moi-même, côte à côte dans des cellules individuelles à la 32e (Prison allemande de la Gestapo à MONTPELLIER) où nous pouvions en cachette des allemands, bavarder la nuit, ceux-ci s'absentant en barricadant la porte centrale, nous isolant du reste de la prison, une garde spéciale tournant toute la nuit autour du bâtiment.
C'est ainsi que je peux vous fournir des détails sur l'arrestation de MAUREL.
Celui-ci se rendait chez COLIN en bicyclette. Or juste comme il arrivait devant sa villa pour lui rendre visite, COLIN se trouvait déjà installé dans une voiture de la GESTAPO, arrêté à l'instant même avec ma femme. MAUREL arrivant devant la villa, marque une hésitation en voyant une voiture allemande arrêtée devant le refuge de COLIN. Cette hésitation attira l'attention des policiers de la Gestapo, l'un redescendit de la voiture, toujours à l'arrêt, demande les papiers à MAUREL.
Celui-ci ayant compris le danger, remonta sur sa bicyclette, et tourna le coin de la rue ; aussitôt la voiture démarra et le rejoignant, un des policiers tira un coup de revolver sur MAUREL qui stoppa. Il n'était d'ailleurs pas blessé, la balle ne l'ayant pas touché. Il fut arrêté à son tour.
Dans nos cellules de condamnés à mort, il montra un courage admirable avec ses camarades, se plongeant dans la religion, mais ayant tous l'espoir que leur grâce arriverait d'ARLES...
Au cours de nos conversations nocturnes, MAUREL m signala qu'un de ses employés de la Production Industrielle de MONTPELLIER, un nom TEULY, avait communiqué des documents compromettants à la Gestapo, documents qu'il cachait en haut d'un placard de son bureau.
J'ai fait un rapport à mon retour de déportation sur cet individu déjà arrêté mais il n'en fut pas tenu compte... affaire probablement étouffée par certains personnages de la place. il fut relâché peu après.
Ce sont à peu près tous les renseignements que je puis vous fournir par écrit. Il pensait que je m'évaderai et m'avait chargé de donner de ses nouvelles à Madame MAUREL qui habitait je crois Place Castillane à Marseille. Je ne l'ai pas pu ayant déporté deux années. Je me tiens d'ailleurs à votre disposition pour vous fournir tous autres renseignements auxquels je pourrais vous répondre.
Mais, j'ai évidemment des renseignements plus précis que je ne pourrai que vous donner de vive voix si vous aviez l'occasion de venir dans notre région.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
J. GENEVOIS





Lettre de Jean GENEVOIS (Document famille Maurel)

Condamnation à mort par le tribunal allemand de Montpellier le 17 juillet 1944

Louis MAUREL, Pierre COLIN et leurs camarades sont d'abord détenus à la Kommandantur de Montpellier puis à la prison où ils subirent la torture.
Louis et Pierre sont jugés par le tribunal allemand de Montpellier le 17 janvier 1944 (Tribunal du commandant du secteur d'armée France-Sud St L nr 596/43) et sont condamnés à mort pour avoir "favorisé l'ennemi". Ils sont transférés à la prison de Montluc à Lyon.


Attestation allemande des condamnations
et exécution du verdict  de Louis Maurel et Pierre Colin
(document Archives départementales de l'Hérault Cote 1000 W 219)

Voici le document écrit en allemand, en date du 21 janvier 1944 que transmet la Kommandantur de Montpellier au Préfet confirmant que la cour martiale  réunie le 17 janvier 1944 avait jugé Louis MAUREL et Pierre COLIN coupables d'intelligence avec l'ennemi. Le verdict a été exécuté le 24 janvier 1944.


Traduction (incomplète)
 " ...des Kommandanten
... Heeresgebietes Südfrankreich
St.L.Nr. 596/43
Lyon le 21 février 1944.
A M le Préfet de Montpellier
Les français, membres de cet Etat
1. Pierre Colin, ancien Major, né le 11 août 1900 à Toul, domicilié à Montpellier 4, rue de Verdun,
2. Louis Maurel, Ingénieur chef à la Production industrielle, né le 9 août 1907 à Marseille, demeurant Montpellier, Clos Durand, chemin du bon accueil
par jugement  de la cour martiale du 17 janvier 1944, ont été reconnus coupables d'avoir favorisé l'ennemi. Le verdict a été appliqué aujourd'hui.
I.A. Kriegagergerichterat"

Transfert au Fort de Montluc à Lyon le 27 janvier 1944

Le 27 janvier 1944, Louis MAUREL, Pierre COLIN et Maurice POPOUNEAU sont transférés au Fort de Montluc à Lyon. Réquisitionnée par les allemands, la prison de Montluc devient un lieu d'internement où furent détenus plus de 7000 juifs et résistants dont la plupart ont été torturés par la Gestapo, fusillés ou déportés dans des camps de concentration ou d'extermination.  Jean MOULIN y a transité.


La prison de Montluc en 1945


Fusillé le 21 février 1944 à la Doua

Louis MAUREL, Pierre COLIN et Maurice POUPONNEAU sont fusillés ensemble le 21 février 1944 à La Doua. Les condamnations capitales étaient exécutées sur le stand de tir de la Doua.


Pierre COLIN, fusillé le 21/2/44,
marié, 2 enfants, aviateur,
Chef départemental de l'Armée Secrète de l'Hérault


Témoignage  

Le Pasteur Georgi se souvient "Le lundi 21 février, je reçus un appel téléphonique d'après lequel j'avais à me trouver à 15 heures à la prison, l'exécution devant avoir lieu à 17 heures. A l'infirmerie furent introduit les trois condamnés du même moment. L'interprète lit le jugement à haute voix et fit connaitre qu'il seront exécuté dans deux heures. Tous acceptèrent la sentence, calmes et stoïques. Ils demandèrent que, en premier lieu, les ecclésiastiques soient seuls avec eux. Pendant que les deux camarades de M. Colin allèrent dans une autre salle avec le prêtre, je restais seul avec lui. Dans les deux dernières minutes avant le départ, les deux camarades de M. Colin entrèrent et tous trois s'étreignirent avec une grande émotion. Ils échancrèrent encore quelques mots entre eux. Puis ile furent conduits dans la cour de la prison  sur un camion bâché, dans lequel prirent place des soldats avec des casques d'acier et des mousquetons. Le convoi traversa Lyon par la champ de foire, arriva au polygone devant la ville. Les condamnés furent conduits aux poteaux. Mon confrère catholique et moi nous retirâmes, le commandement de feu suivit, le plus jeune des condamnés commença à chanter la Marseillaise, les coups partirent" (Bulletin de l'association des rescapés de Montluc n°10 - mai 2015)

Sa dernière lettre


Louis échange, après son arrestation, quelques lettres avec sa femme et ses parents mais il ne les reverra. Vous trouverez ci-dessous la dernière lettre qu'il a adressé à sa famille avant son exécution.

"...solitude et nous aurons, je le souhaite de tout mon coeur un jour nous serons réunis (barré par la censure) dans le sein d'Abraham. Que Dieu nous protège mes chéris. Je le prierai toujours pour vous. Adieu ma chérie, Adieu mon Jojo, Adieu Bernadette. Je vous serre sur mon coeur. Ayez bien du courage. J'en ai. Soyez heureux dans une France belle, forte et heureuse, celle à qui j'ai toujours pensé. Soyez de bons enfants pour mes parents et vivez les uns auprés des autres.
Bons baisers
Louis.
(Barré par la censure) A Montpellier, le commandant Colin, 4 rue de Verdun et ....illisible
"PS : je te laisse ma chérie ma Bible, mon livre de messe et le calendrier qu'il renferme et l'imitation de Jésus Christ que tu m'as envoyée. Bons baisers
J'ai aussi sur moi la médaille que Nadette avait trouvée dans le jardin et qu'elle m'avait donné quelques jours avant mon arrestation




Dernière lettre manuscrite de Louis MAUREL à sa famille



Dernière lettre manuscrite de Louis MAUREL à sa famille (recto)
(document famille Maurel)

Et le reste de sa famille ?

Gricha de son vrai nom Hirsch GOLDRYN (il changé son nom) est arrêté à Paris et est déporté pour le camp de concentration de Auschwitz dans le convoi numéro 1 du 27 mars 1942, parti de Compiègne avec 1112 personnes dont seules 19 seront des survivants.

Son beau-frère Abel GOLDRYN , est arrêté avec Louis MAUREL et est déporté à  Auschwitz par le convoi n°63 le 17 décembre 1943 parti de Drancy avec 1000 personnes et 42 survivants en 1945.

Le 12 février 1944, son beau-frère, Micha dit Michel EPSTEIN, mari de la soeur de Manya, est arrêté à Nice et déporté pour Auswitz dans le convoi 69 le 7 mars 1944, parti du camp de Drancy et transportant 850 personnes dont 101 enfants. Seuls 20 survivront.

Manya, veuve de Louis, se réfugie à Cannes avec ses deux enfants Jean Joseph et Bernadette auprès de son frère aîné Boris GOLDRYN.
Les membres juifs de la famille circulent sous de fausses identités grâce à des Résistants.
Mais ce réseau explose à nouveau et la famille est arrêtée en juillet 1944. Ils sont enfermés à la villa Montfleury à Cannes. Ils échappent à la mort grâce au débarquement du 15 août.

Après la guerre


En septembre 1945, 77 corps de résistants, luxembourgeois et soldats allemands sont retrouvés dans le sol du stand de tir qui servait de lieu d'exécution à l'occupant allemand. 60 corps sont rendus aux familles, 17 autres corps le plus souvent inconnus sont inhumés dur la butte des fusillés. En 1995 , une plaque commémorative est apposée sur le 'mur des fusillés", répertoriant les 77 résistants fusillés.





Télégramme 
Transcription : "Directeur départemental prisonniers déportés réfugiés 10 rue des archers Lyon à Maurel 16, place Castellane Marseille. Pourrez-vous prendre possession corps Maurel mardi 8 à partir  8h gare saint Charles. Donnez télégraphiquement votre accord sinon transport remis à une date indéterminée" 


Reconnaissance des faits de Résistance

Sa veuve entreprend les démarches pour faire reconnaitre les faits de résistance de Louis, aidé par les compagnons de Résistance survivants et les anciens amis et collègues de son mari.

Attestation de Résistance du Colonel CHAULIAC, ancien Chef régional de la région 3 de l'Armée Secrète 



Attestation Colonel CHAULIAC 1949 (document famille MAUREL)

" Je soussigné Lieutenant-Colonel R. CHAULIAC, Chevalier de la Légion d'Honneur, ancien Chef Régional de l'Armée Secrète pour R-3, ancien Chef d'Etat Major de la 16° Région Militaire, certifie que le commandant MAUREL a pris contact par l'intermédiaire de Madame DEMANGEL avec moi-même en décembre 1942. 
Après avoir pendant quelque temps organisé dans la Région de Montpellier les services de renseignements de l'Armée Secrète ; il a été adjoint au Colonel COLIN Chef départemental A.S. pour l'Hérault.
Le commandant MAUREL s'est occupé plus spécialement des renseignements et de l'instruction ainsi que de l'organisation des équipes de sabotage.
Son activité a duré jusqu'en octobre 1943, date à laquelle il a été arrêté par la Gestapo, puis jugé et fusillé.
Pendant toute cette période le commandant MAUREL a fait preuve des plus grandes qualités d'organisateur et a su insuffler à tous ceux qui étaient sous ses ordres les plus vifs sentiments de patriotisme et de résistance à l'envahisseur.
En foi de quoi je délivre cette attestation 
Le Lieutenant Colonel CHAULIAC
A Montpellier le 31 janvier 1949"

Attestation de Simone GILLET-DEMANGEL 

"Je soussignée, Simone GILLET-DEMANGEL, dite PAULINE, Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre, Médaille de de la Résistance, ex-chef du service social FFI pour la région R3, Lieutenant ayant commandé l'ex 28e unité A.F.A.T. certifie ce qui suit :
Le commandant MAUREL est venu me trouver dès le lendemain de son arrivée à MONTPELLIER en novembre 1942. Il venait de Bretagne et avait cherché à prendre contact avec les Chefs de combat P.H. Teitgnen et René COURTINE. Ces derniers, recherchés par la Gestapo, venaient de quitter la ville où les troupes allemandes étaient en train de s'installer. Madame COUTIN m'adressa le commandant MAUREL et je le présentai peu de temps après auprès du Colonel CHAULAIS, Chef de l'A.S. 
Par la suite, je travaillai constamment avec le Commandant MAUREL, que nous appelions LE GOFF. Ses fonctions à la Production Industrielle lui permettaient de rendre de grands services à la Résistance. J'effectuai pour lui de nombreuses missions de reconnaissance dans la région ( Palavas, Fréjorgues, Remoulins, etc...)
Mon frère, le capitaine François GILLET, tué à l'ennemi le 19 avril 1945, travailla également sous les ordres du Commandant MAUREL au cours de l'hiver 1942-43 et jusqu'à son départ à Paris en juin 1943.
Pour ma part j'ai travaillé journellement avec le commandant MAUREL jusqu'à son arrestation par la Gestapo en octobre 1943. Dénoncé en même temps que le Commandant COLIN, arrêté le même jour, il devait être fusillé le même jour. Il s'est tu jusqu'au bout. Il a supporté sans fléchir un seul instant la réclusion, les interrogatoires, les tortures, la mort. Ayant travaillé sans relâche pour la cause de la Liberté, soutenu par une confiance et une foi qui n'ont jamais fléchi, parfaitement maitre de lui, il ne commit jamais la moindre imprudence ni en actes ni en paroles.
Sa grande intelligence, son ardeur, son courage indomptable, sa haute élévation morale, toutes ces magnifiques vertus de grand Français, le commandant MAUREL les personnifiait. Sa disparition est une perte irréparable. Pour ma part, j'avais pour lui le plus grand attachement et la plus profonde vénération. Il était le plus exemple de Résistant qu'il m'ait été donné de connaitre, certainement une des figures les plus hautes et les pures de la  Résistance."
Fait à Montpellier le 10 février 1949
signé Simone DEMANGEL

Attestation de Simone DEMANGEL 1949 (document famille MAUREL)


" La famille Manya, Jean-Joseph et Bernadette, se reconstruit tant bien que mal à Vaucresson. Les ombres de cette sombre période restent enfouis dans leur mémoire.  Cependant Jean-Joseph, mon père livre ses souvenirs dans la trace du héron " Séverine MAUREL-GERCEL

Louis MAUREL et son fils Jean-Joseph 

Reconnaissance et décorations à titre posthume

La nécropole de la Doua, inaugurée en 1954


Plaque des fusillés à la nécropole de la Doua

Décorations

17 août 1945 - Croix de guerre avec Etoile d'argent
Citation "Maurel Louis, lieutenant colonel FFI, Armée secrète, Hérault. Résistant de 1943 qui a mis toute son activité au service de la Patrie. Adjoint au chef départemental de l'Armée secrète s'est spécialement employé à la constitution des équipes de sabotages et de groupes Francs. Arrêté par la Gestapo le 8 octobre 1943, n'a rien révélé sur l'organisation malgré les mauvais traitements qui lui ont été infligés. Condamné à mort, exécuté à Lyon le 21 février 1944, a conservé jusqu'à sa fin une attitude noble et courageuse de grand patriote"






Légion d'honneur
Je n'ai trouvé la trace de son dossier dans la base Leonore de la grande chancellerie de la Légion d'honneur.




Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre




Perpétuation de la Mémoire

Rues et plaques au nom de Louis Maurel

Rue Louis Maurel à Marseille


Une rue à Marseille, une plaque sur l'immeuble où il est né place Castellane, une salle des sports à Vonges, une rue à  Sevran, le monument aux morts de l'école polytechnique à Saclay, le mur des fusillés au cimetière de la Doua à Villeurbanne portent son nom.

Fiche récapitulatives Dictionnaire Le Maitron

Archives départementales de l'Hérault

Archives militaires - Bureau résistance à Caen et à Vincennes (Dossier GR 16P405413)



La valise à double fond de Albert HERVE, prisonnier au Stalag II B


J'ai la surprise et la joie d'être contactée par mail par Véronique HERVE, petite fille de Albert Alexis Auguste HERVE.
Elle a lu l'article que j'ai écrit sur mon grand-père Marcel BOURGOIN, prisonnier au Stalag II B à Hammerstein en Poméranie durant la deuxième guerre mondiale.

Albert HERVE, fait prisonnier au Stalagh 2B en 1939

Véronique n'a pas connu ce grand-père mort le 30 octobre 1942 à Houilles (Yvelines à son domicile).

Par mes recherches généalogiques sur Filae.com, je retrouve sa trace. Il est né le 12 novembre 1903 à Guigné dans la Sarthe de Emile Auguste Marie HERVE (1873-1913) et Berthe Geneviève PILON (1877-1938).

Mais sa fille, la tante de Véronique, lui a affirmé que son père, mobilisé en 1939,  a été fait prisonnier par les allemands, à Phitiviers avant d'être affecté dans ce camp de prisonnier en Poméranie.

Sur la liste des prisonniers de la guerre 39/45 disponible sur Gallica (BNF) je retrouve le nom de HERVE Albert né le 12/11/03 à Guigné sur Sarthe. Il s'agit bien du même.  Il est noté comme soldat de 2ème classe appartenant au 215ème Régiment d'Infanterie. Il est fait prisonnier en Allemagne sans autre précision, est noté comme n°10 de la liste officielle des prisonniers français.



Liste des français fait prisonniers par les allemands. Le nom de Albert HERVE apparait

Le Stalag II B est un camp de prisonniers de la seconde guerre mondiale situé à 2,5 km à l'est de Hammerstein en Poméranie, aujourd'hui la Pologne. En juin 1940, il accueille des prisonniers français et belges.  Le 18 octobre 1940, 34 000 prisonniers y sont enfermés dont 28 012 français, indique la Croix-Rouge.
Les baraquements sont en briques de ciments sur un sol sablonneux entouré de landes et de sapins.
Il va être libéré par l'armée russe en avril 1945.



Le camp  Stalag II B visité par la Croix Rouge le 18 octobre 1940

La valise en bois de retour du camp

Or, elle dispose de la valise de son grand-père. Une jolie valise en bois patiné.



Valise en bois de Albert HERVE



Des objets cachés sous une paroi à double fond


En voulant la réparer, elle découvre récemment que cette valise en bois a une paroi à double fond derrière laquelle sont disposés des objets :

- un couteau de marque allemande
- des bilets de cent francs pliés en quatre
- un briquet
- un sachet en papier avec des mèches de briquet
- des médicaments
- une feuille de papier


Paroi à double fond


Elle s'imagine que ces objets sont peut-être le témoignage d'un projet d'évasion ?




Les objets retrouvés dans la valise de Albert HERVE



Quand à son évasion, ce n'est pas une hypothèse absurde. Car il est mort en 1942 à son domicile et qu'il est noté comme disparu le 4 septembre 1940.
Est-ce une erreur de retranscription ? L'a-t-on confondu avec un autre prisonnier ayant la même identité ? Où est ce que cette information indique qu'il est porté disparu du camp, s'étant en fait évadé de son Commando ? Le fait qu'ait été préservé cette valise relique, ne donne-t-elle pas des indices sur une éventuelle évasion ?
Comment imaginer alors cette évasion ? Quelle fut la dureté du chemin retour ? Est-ce que ces épreuves n'ont pas précipité son décès en France en 1942 ?

Sa photographie au Kommando 28


J'échange avec elle par mail et je fais l'hypothèse que son grand-père faisait partie du Kommando 28, peut-être une femme ou une exploitation forestière, car ce numéro apparait au dos de sa photographie.
Les Kommandos sont des compagnies de travail, gérés par le Stalag. les prisonniers effectuent des travaux dans des fermes ou des chantiers divers, accompagnés par des gardes et enfermés sur place le soir. La Wehrmacht loue ces prisonniers de guerre à des employeurs.

A ma petite femme et mes chers enfants mes plus tendres pensées A Hervé.

Albert HERVE prisonnier au Stalag 2B assis au premier rang et portant la moustache


A découvrir : le site sur le stalag 2 B

Piste d'athlétisme Marcel Bourgoin à Saint-Florentin

Le 7 juillet 2016, a été inaugurée la toute nouvelle piste d'athlétisme du Stade Jean Lancray de Saint-Florentin dans l'Yonne. La Municipalité, sous la férule du Maire Yves DELOT, a choisi de lui donner le nom de Marcel BOURGOIN. Marcel BOURGOIN est mon grand-père. Il a été un des pionniers de l'athlétisme florentinois.

La nouvelle piste d'athlétisme Marcel BOURGOIN


C'est une belle piste, toute neuve, est d'une taille de 400 mètres, dotée de huit couloirs en ligne droite et de six dans les courbes.
Une aire de lancer de marteau est crée et les vestiaires sont rénovés. Une salle de musculation complète l'ensemble.
La nouvelle piste d'athlétisme


Inauguration du 7 juillet 2016


J'ai donc été conviée, avec des membres de notre famille, à la cérémonie d'inauguration, en présence
de Yves DELOT, Maire de Saint-Florentin, Bernard AMSALEM, Président de la Fédération française d'athlétisme, André VILLIERS, Président du Conseil départemental, Sébastien MAILLARD Président du club florentinois. Une plaque est posée officiellement.


Plaque inaugurée le 7 juillet 2016


Hommage à Marcel BOURGOIN, fondateur de l'Entente Sportive Florentinoise

Comme le rappelle le Maire, dans son discours d'inauguration, Marcel BOURGOIN est d'abord un cycliste. Il participe a plusieurs courses cyclistes avec Marcel BIDAULT qui devient champion de France. Il délaisse son vélo en 1923 après son départ au régiment.  Il s'oriente vers l'assouplissement et le cross. "Passionné, brûlant d'un véritable feu sacré pour la course à pied, coureur assidu, il signe d'abord au club d'Auxerre en 1926 puis à Sens en 1929".

Le village de Chailley, où il est né le 27 mars 1905, se développe et compte de nombreux jeunes, nés au lendemain de la première guerre.  Marcel fonde en 1935, le club d'athlétisme de Chailley. Il devient alors l'entraîneur du premier club d'athlétisme de l'Yonne. La majorité des garçons du village endosse le maillot barré rouge du club. Il entraine les jeunes le mardi et le jeudi, dans la salle de mairie, puis ils vont courir chaque semaine le soir après le travail sur la route de Venizy.

Cross à Chailley 30/07/1934



"N'épargnant ni son temps, ni sa peine, ni son argent, il dirigeait et participait à tous les entrainements. Les déplacements vers tous les cross du département se faisaient dans sa camionnette de boucher..." Yves DELOT, Maire



Club d'Athlétisme de Chailley en 1936
Marcel BOURGOIN au premier rang a gauche


A son retour de captivité, à la sortie de la deuxième guerre mondiale, il crée l'ESF Omnisports de Saint-Florentin (Entente Sportive Florentinoise) en 1946 . Il y regroupe des athlètes pour se relancer dans la compétition.
En 1950,  avec Maurice MORLAND, il conduit son équipe au niveau national. Une équipe icaunaise se qualifie pour la première fois et Pierre DUBOST, un florentin en fait partie.

Marcel BOURGOIN, dirigeant sportif

Président de l'ESF pendant 30 ans, il a été Président du Comité de l'Yonne d'Athlétisme et membre de la Ligue de Bourgogne. Il a engagé les premières démarches pour la création d'une piste d'athlétisme à Saint-Florentin dès 1980. Il est resté jusqu'à sa mort Président d'honneur de l'ESF.


Licence de dirigeant de la FFA 

La force de la mémoire

Le 11 novembre 1990, à l'assemblée générale  de l'ESF, Raymond MANIGAUT, ami de Marcel et sportif de Chailley, fait revivre Marcel BOURGOIN, après son décès le 12 mars 1989, à âge de 83 ans.
" Je revois vers 1930 le jeune homme gagnant des courses cyclistes devant nos yeux de gamins admiratifs. Puis le crossant s'entraînant solitaire dans la campagne chaillotine. Il fallait vraiment y croire car il y a soixante ans la notion de sport n'était pas encore familière dans les villages..."

Ainsi la mémoire de l'action et de l'engagement sportif de mon grand-père est reconnue et préservée. Il le mérite et j'en suis fière. Comme j'ai été fière d'avoir été invitée à cette inauguration et couper le ruban tricolore avec les élus locaux et les autorités sportives.

Mon grand-père n'aimait pas particulièrement les honneurs.  Il aimait voir les jeunes se construire et communiquer sa passion aux autres. Lui même était un vrai sportif qui entretenait son hygiène de vie jusqu'à son dernier souffle.

Aujourd'hui sa mémoire est ancrée dans l'histoire sportive de l'Yonne.











Les seigneurs de Turny au 12e siècle

Les seigneurs de Turny au 12ème  siècle



Garin ou Guérin de Traînel, né vers 1095, est dit seigneur de Venise. 
Il possède des terres à Turny, Venisy et Chailley. Il est de la branche des seigneurs de Traînel et de Villeneuve. Il se marie avec Péronelle de Chaumont.
Ils ont cinq enfants dont Anseau de Traînel, né vers 1125, qui devient seigneur de Venisy et épouse Elisabeth, dame de Nangis. Ils ont deux filles dont Adélaïde Alix de Traînel dite de Venisy qui épouse André de Brienne, seigneur de Ramerupt et de Venise.



Arbre généalogique des Traînel, seigneurs de Venizy [1]



En 1146, comme le rapporte Hugues, Archevêque de Sens et Evêque d'Auxerre, Guérin de Venisy, avec sa femme et ses fils, fait don à l'abbaye de Pontigny de tout ce qu'ils prétendent à Boeurs et dans les bois de Saint-Etienne de Rigny. 
Anseau 1er de Traînel son fils, Garnier de Traînel et Hélisende de Montmirail ses parents, se rendent en 1151 à Sens, en présence de Hugues l’Archevêque de Sens, de Louis Roi de France et de plusieurs seigneurs, en vue d'abandonner à l’abbaye de Pontigny tous leurs droits dans la forêt d’Othe, dans leur grange de Boeurs et de Chailley. [2]



Blason de Garin de Traînel
« Fourrure en contre vair de couleur azur sur fond argent »

M. Mainard de Turny, seigneur de Turny et son épouse Isabelle sont cités dans plusieurs documents à partir de 1148 :
•  Donation par Mainard de Turny à l’Abbaye Notre-Dame et Saint-Edme de Pontigny en l'an 1148 de Hugues, Archevêque de Sens, d'un cens de 32 sous et 7 deniers qu'ils ont sur les vignes d'Autremont, vignes de Turny, avec la garde et la justice de ce vignoble, ainsi que d'un droit d'usage pour eux et leurs bestiaux dans les forêts d'Othe. [3]


Document original conservées aux Archives départementales de l'Yonne
Transcription : « Attestation d'Hugues, archevêque de Sens, de la donation faite par Mainard de Turny et Isabelle son épouse, à l'abbaye de Pontigny d'un cens de 32 sous et 7 deniers, qu'ils avaient sur les vignes d'Autremont, vignes de Turny, avec la garde et la justice de ce vignoble, ainsi que d'un droit d'usage pour eux et leurs bestiaux dans les forêts d'Othe. Hugues archevêque de Sens, Mainard de Turny, Isabelle, cens droit d'usage vignes d'Autremont 1148 ».


  Donation par Mainard de Turny à l’Abbaye de Dilo en l'an 1153. L’Archevêque Hugues atteste que Mainard de Turny a fait don à l’abbaye de Dilo, pour le repos de l’âme de sa femme qui y est inhumée, de ce qu’il possède dans les aleux de Céant. Il rapporte la donation que fait Mainard de ce qui lui appartient à Puiseaux, les hommes exceptés, pour l’admission de ses filles au monastère de Fossemore dépendant des religieux de Dilo. [4]

M. Mainard de Turny et M. Garin de Traînel sont les seigneurs de Turny les plus anciens dont on retrouve les noms cités dans les actes et archives.



[1] Cartulaire général de l'Yonne. Volume 1 publié par la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, sous la direction de M. Maximilien Quantin -  Éditeur : Perriquet et Rouillé -Auxerre- 1854-1860 - Bibliothèque Nationale de France


[2] Archives départementales Yonne - pièce n° H 1461-4

[3] Histoire de l’Abbaye de Pontigny par M. Henry - Ed. Maillefer - Auxerre 1839
[4] Reconstitution Cercle Généalogique de Turny

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