Jean Marie Edmond dit Edmond Battut, Sosa 4, mon grand-père est né à Messeix le 1° août 1908.
Acte de naissance Jean Marie Edmond Battut |
Jean Louis Edmond Battut |
Il a été Mineur de Fond au Puys Saint Louis, à la Mine de Messeix depuis l'âge de 14 ans.
Son père Louis Battut, Sosa 8, né à Bourg Lastic exerçait déjà ce dur métier. Ce dernier s'est marié, le 9 février 1899, à Marie Antoinette Fargeix, née à Messeix.
Louis Battut et son épouse Marie-Antoinette Fargeix
|
Mes ancêtres Battut ont vécu, successivement, une
partie de l’histoire du développement des mines de charbon de Messeix, définitivement fermées en 1988. A l’ancien
puits Saint-Louis où travaillait mon grand-père Edmond, l’association
MINERAIL a créé le musée de la Mine qui permet aux jeunes générations de se
souvenir de ce passé industriel dans une région rurale et aujourd’hui
touristique. Moi, je garde le souvenir des traces d’anthracite bleues qui
avaient glissé sous la peau de mon grand-père le marquant à tout jamais dans sa
chair.
Messeix
est situé au sud-ouest du département du Puy-de-Dôme à 15 kilomètres des
limites des départements du Cantal, de la Creuse, de la Corrèze. La commune de
Messeix, située dans le département du Puy de Dôme en Région Auvergne,
s’étend sur 4 000 hectares entre les rivières Dordogne, Chavanon et
Clidane. La culture des céréales étant l’activité principale en agriculture on
marque cette particularité par le simple nom Mecensis issu du latin Meces
(moissons). Les riches terres volcaniques facilement labourables accueillent
surtout le seigle. Transformé en farine dans de nombreux moulins, il permet la
fabrication du pain, cuit dans le four banal fonctionnant dans chaque village
jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le sarrazin entre dans la
confection d’épais beignets fort consommés, l’avoine sert à la nourriture des
animaux. Les registres paroissiaux révèlent une grande stabilité de la
population jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1769 on dénombre 1 242 habitants
répartis au bourg et dans une quarantaine de villages ou lieu-dits.
Un rapport de 1768 parle d'un champ d'exploitation situé prés de Bogros exploité par des paysans
au lieu dit Chomadoux. Le charbon extrait est alors vendu aux fours à chaux
voisins et aux maréchaux-ferrants. Le 23 novembre 1831,
une ordonnance royale accorde à M. Sablon Jean-Baptiste une concession de mine de houille de 1 118 hectares, située dans
les communes
de Messeix, Singles et Avèze (Puy-de-Dôme). Cette concession a pour but de permettre l'exploitation d'un gisement reconnu par
des affleurements dans les vallées de la
Clidane au nord, et de la Dordogne au
sud. Par pétition du 18 octobre 1837, M Sablon demande, au nom du comte Louis de Castellanne, la concession des mines
de houille de la Clidane, dont le périmètre embrasse une surface de 152
ha et porte sur la commune de Messeix.
Plan de Concession de 1831 |
Le comte de Castellanne avait, aux termes d'un traité avec M Sablon, l'intention d'entreprendre, au 1er mai 1838, des travaux et essais
pour le traitement des minerais de
fer du pays par les houilles sèches de
Messeix et de la Clidane. En fait, M de Castellanne renonce entièrement à son
projet et se désiste du traité passé avec M Sablon,
désistement accepté par ce
dernier, mais « sous toutes réserves quant aux dommages intérêts à répéter pour
cause de non-exécution des conventions
stipulées ». En 1848, M Sablon établit un puits situé à 1 200 m à l'ouest du hameau de Bogros, et il exploite
pendant quelques mois une couche très inclinée. Les galeries sont noyées par l'invasion des eaux. Il cède
alors la concession à la Société en commandite par actions Charles Vazeille et Cie.
Les nouveaux
propriétaires foncent un puits non loin de celui de M Sablon, qu'ils abandonnent en 1849, parce qu'il offrait un
champ d'exploitation trop faible, étant trop près des affleurements. Ils se
reportent
à environ 200 m à l'ouest, et creusent le PUITS TEYRAS.
Le Puits Teyras de Messeix en 1905 |
Ils achètent
à la même époque le pré Chalamel (le Port-Sec actuel), et finissent par y établir le centre de leur
exploitation. Tout le charbon était transporté à dos de mulets, la plus grande
partie aux Fonderies de Pontgibaud, et le reste aux Forges de la Cellette (fonderie de
fonte) (environ 2 000 t/an). Par pétition du 7 juin 1851, les
concessionnaires de
Messeix demandent la modification de la concession, de manière à laisser en dehors des terrains stériles compris dans leur concession actuelle et à comprendre des lambeaux de terrains houillers qui
leur sont limitrophes. Par pétition du 30 décembre 1852, MM. Vazeille et consorts,
concessionnaires, amendant leur précédente pétition du 7 juin 1851, demandent que
leur concession soit
définitivement délimitée.
Puits Teyras 1915 Messeix |
1880 Le
Puits Sainte Suzanne
Vers
1879-1880, grâce au passage de la ligne de chemin de fer de Clermont-Ferrrand à
Tulle dans la vallée de la Clidane, qui va permettre l'expédition du charbon
dans la vallée de la Clidane, un nouveau puits est creusé afin d'explorer plus
profondément le gisement de houille. Ce puits aura le nom de puits SAINTE SUZANNE. A la fin du 19eme siécle, des bâtiments seront aussi construits sur ce
lieu qui deviendra "La Mine" pour loger les familles des
mineurs. C’est au puits Sainte Suzanne que va travailler, en qualité de mineur, mon arrière grand-père Louis Battut. Il sera logé dans une maison des mineurs. Le puits Sainte Suzanne,
par malchance,
rencontre une zone failleuse. Il sera fermé en 1930. La Société traverse alors une période extrêmement difficile. Une ancienne actionnaire de
la Société Charles
Vazeille intente un procès pour faire annuler la création de la Société anonyme nouvelle. M Villet principal actionnaire de la nouvelle société, doit vendre tous ses biens et propriétés
pour éviter la mise en
faillite. A cette
époque, l'anthracite ne se vend pas; on a simplement trouvé quelques débouchés chez les fabricants de chaux grasse en Charente, et
de chaux hydraulique à
Saint-Astier (Dordogne). Vers
1887, les poêles à combustion lente commencent à se répandre, amenant une clientèle nouvelle.
Puits Sainte Suzanne 1900 |
Les cités des Mineurs
Sont construites les cités des Gannes 707 habitants et de Bogros
612 habitants avec leurs services, leurs écoles, leurs commerçants. A 3
kilomètres, tournant le dos aux installations minières, s’édifie en 1912-1913,
la cité de Messeix où habitent Edmond Battut, mon grand-père et sa famille : vingt
et une maisonnettes, avec un souci esthétique évident, s’ouvrent sur la
campagne et le bourg auxquelles s’ajoutent vingt-deux nouveaux logements,
construits sous la forme des corons du Nord, au sud de cette cité.
1915-1931 : Le
développement de la Mine
La
guerre de 1914, avec ses exigences nouvelles, oblige à pousser l'extraction
au-delà des limites prévues. On crée la cité
des Gannes et d'autres logements,
etc. En 1923, on
entreprend le nouveau Siège Saint-Louis, en dehors de la cuvette houillère. Le puits est achevé en 1927
et mis en service en 1928. Les effectifs de la Mine passent de 1915
à 1926 de 400 à 800 personnes pour atteindre 980 en 1931. La production de 120
000 tonnes par an qui s’écoule par des galeries débouchant sur l’usine de
traitement située le long de la voie ferrée. On charge le charbon lavé,
transformé en boulets dans des wagons acheminés dans les lieux d’utilisation.
Malgré des conditions de travail difficiles, l’absence de grisou prévient les
catastrophes, les mineurs peuvent fumer au fond et utiliser leur lampe à
acétylène à flamme nue.
1928 : Le puits Saint Louis
Puis on fore le puits
SAINT-LOUIS à trois cent vingt-neuf mètres de profondeur, en activité de 1928 à
1988 sans interruption.
C’est dans ce puits que va travailler mon grand-père
Edmond Battut en qualité de Mineur de fond. Il va s’installer avec sa famille
dans une petite maison de la cité. Les petites maisons individuelles de la
cité de Messeix, à proximité du Puits Saint-Louis, s’ouvrent sur la belle nature de la montagne
auvergnate et sur le bourg qui compte de nombreux cafés restaurants, huit
commerces d’alimentation, quatre bouchers, trois boulangers, trois cabinets médicaux,
trois coiffeurs, une ambiance villageoise que ne troublent pas les stigmates de
la mine celle-ci est à trois kilomètres sur l’autre versant de la haute
colline.
Puys Saint Louis Messeix |
Cité ouvrière de Messeix où ont vécu Edmond Battut et son épouse Amélie Pénicaud |
Lampe à carbure des mineurs |
Briquet à mèche et à essence servant à allumer la lampe à carbure |
1946 : Nationalisation des Houillères du Bassin
d’Auvergne
Après
la guerre en 1946, les mines deviennent propriété de l'état et les houillères
de Messeix deviennent alors l'exploitation de Messeix des Houillères du Bassin
d'Auvergne.
La nationalisation des charbonnages de France
qui intervient en 1946, élaborée par une commission comprenant des
représentants des syndicats des mineurs, du gouvernement et du patronat minier.
Nationalisation des Charbonnages de France 1946 |
Créées par trois décrets successifs des 28
juin, 17 juillet et 16 septembre
1946, les Houillères du Bassin
d'Auvergne ont un domaine qui s'étend sur cinq départements : Allier,
Cantal, Creuse, Haute - Loire et Puy de Dôme, c'est-à-dire sur 32 000 km2.
C'est un des plus grands Bassins français en superficie (7 500 km2
pour le Bassin du
Nord-Pas-de-Calais). Elles ont regroupé, autour d'un siège
central fixé à Clermont-Ferrand,
huit exploitations indépendantes, avant 1946 dont Messeix . Le gisement de Messeix fait
partie du « Grand sillon houiller du Plateau central français » qui va de Decize à Décazeville.
Le statut des Mineurs
Elle définit le statut du
mineur en assurant une forte
augmentation de leurs salaires, rémunérations garanties par l’article 12 du
statut. Le 27 novembre 1946 est créé le régime spécial de la
Sécurité Sociale dans les mines. Ce régime spécial codifie et améliore les
dispositions de la loi du 29 juin 1894 qui a institué un régime de prévoyance
sociale obligatoire pour les travailleurs du sous-sol. Le premier volet de
cette loi porte sur les pensions et les retraites constituées par un versement
à 4% des salaires à la caisse nationale de retraite vieillesse (2% versés par
les salariés s’ajoutent 2% versés par les exploitants) versement capitalisé
jusqu’à 55 ans.
Le deuxième volet porte sur les sociétés de secours mutuel qui
ont en charge l’assurance maladie, la gestion assurée par des conseils de neuf
membres (six élus parmi les ouvriers, trois désignés par l’exploitant). La caisse de secours fondée en exécution de
la loi du 29 juin 1894 a pour conséquence l’installation du premier conseil de
la caisse de secours des houillères de Messeix.
Statut du mineur 14 juin 1946 |
Le
gisement de charbon de Messeix
Le charbon extrait à Messeix est
classé parmi les anthracites typiques. Il
en a la constitution habituelle: pâte très abondante
et éléments figurés exclusivement représentés par de
petits fragments de tissus ligneux fortement gélifiés. En 1954, l'usine à boulets subit une première modernisation. On installe un four moderne à rouleaux. En 1958, la campagne de sondages
effectués en 1954-1955 ayant montré que le gisement s'amenuisait vers le sud, il fallut abandonner l'idée de concentrer toute l'exploitation entre 624 et 740 dans un plan 14/24. A la même époque, la
décision de fermeture des mines de
Champagnac, et le transfert à Messeix d'une partie des ouvriers qui y travaillaient, entraînèrent la construction de nouvelles cités ouvrières à
Bogros, puis à Serroux, qui
s'échelonna de 1958 à 1961. Cette augmentation d'effectif entraîna une hausse
de la production. En juillet
1959, la transformation est effectuée :
remplacement des petites berlines de
500 litres par des berlines de 2 500
litres, mise en service de cages allégées en alliage d'aluminium AG 5, ce qui permit d'augmenter la capacité d'extraction du puits de 66 %
sans changer la machine. Les
recettes du puits furent mécanisées : ravanceurs, encageurs pneumatiques,
planchers mobiles à la recette supérieure de roulage.
Parallèlement, toute la voie de roulage du puits au Port-Sec fut remplacée, et un moulinage entièrement mécanique installé. L'exploitation du bloc NI devant entraîner
l'effondrement de la partie nord de la
galerie d évacuation des eaux de 624
allant du puits à la sortie des Mouillères,
une nouvelle salle des pompes, équipée de pompes refoulant au jour, fut installée à 466, dès la fin de 1959.
Publicité des boulets de charbon de Messeix |
1967 : 410 logements dans les Cités ouvrières
Extrait Rapport d’activité des Houillères – 1967 « Le climat est rude (hivers froids, étés chauds) et le relief varié: hauts plateaux à 800 m d'altitude coupés de gorges à la ligne de partage des eaux de la Garonne et de la Loire. Le centre le plus proche est la station touristique et thermale de La Bourboule, à 17 km de Messeix. La station thermale du Mont-Dore est à 23 km, le massif du Sancy, avec ses promenades l'été et ses champs de ski l'hiver, à 30 km. La mine est la seule activité industrielle du pays. Les installations industrielles étant rassemblées dans la vallée de la Clidane, à côté de la voie ferrée, le paysage est très pittoresque et les touristes sont nombreux l'été. Dans le canton de Bourg-Lastic, où résident la quasi-totalité des mineurs, l'agriculture (petites exploitations familiales) emploie environ 750 personnes, dont certaines travaillent à la mine, le secteur tertiaire et le bâtiment environ 650 personnes. Les Houillères assurent donc environ 30 % du total de l'emploi, mais 40 % de l'emploi masculin. On note, d'autre part, l'absence d'emplois féminins en dehors de l'agriculture et du commerce. La Mine est propriétaire de 175 hectares de terrains, tous dans la commune de Messeix. »
Fermeture des mines en 1988
Malgré ces investissements
successifs, la fermeture du dernier puits, le Puits SAINT-LOUIS, est fixée au 1°
janvier 1975. Elle est repoussée jusqu’en 1988 mais en 1984, les effectifs ne
sont plus que de 200 employés et les pertes ne font que s’accroître au fur et à mesure
des années. Depuis l’annonce de la fermeture de l’exploitation minière
intervenue en juillet 1988, le nombre d’habitants a régressé d’année en année
passant en trente ans de 3 249 en 1968 à 1 361 en 1998. On retrouve à quelques
dizaines d’habitants près la population qui était celle de la commune trois
siècles auparavant. Après la fièvre de la Mine pendant un siècle et demi dans
une France où la population a considérablement augmenté depuis, le village
préserve sous la belle végétation de sa riche terre volcanique, la nostalgie
d’un passé ouvrier qui l’a marqué. De toutes les installations de
la région, il ne subsiste aujourd'hui qu'une partie du carreau du puits Saint
Louis à Messeix : chevalement, bâtiment de la machine d'extraction, recette
(détruite puis reconstruite après la fermeture de la mine lors de la
transformation en musée), ateliers, bâtiments des vestiaires/bains-douches. Du
matériel lourd (compresseurs, convertisseurs et commutatrices électriques...) a
pu être récupéré lors de la démolition de certains bâtiments et réinstallé au
niveau de la recette du puits Saint Louis. L’association Minérail gère le musée
et propose des visites guidées de ce magnifique site du patrimoine industriel
auvergnat.
Minérail Musée de la Mine Messeix |
Musée de la Mine dans l'ancien Puits Saint Louis |