Chailley, village Bourguignon de mes Ancêtres

Entrée de Chailley
Sophie Boudarel nous a proposé de centrer nos recherches, dans le cadre du #généathème, sur le village de nos ancêtres.
Situation de Chailley (1) 
C'est bien volontiers que je vais évoquer avec vous le village de mon enfance, où j'ai passé mes vacances auprès de mes Grands-Parents :
le petit village rural de Chailley dans l'Yonne 
en Région    Bourgogne.



Vue sur  Chailley depuis la colline du Haut Bouton- Yonne
L'environnement est vallonné et  boisé avec des cultures céréalières de plus en plus importantes du fait du remembrement et de l'installation de poulaillers pour l'élevage intensif de poulets alimentant l'usine volaillère Duc installée à l'entrée du village, qui emploie 200 salariés. La colline du Haut Bouton domine le village, où étaient exploitées des anciennes carrières appelées les Perrières. Une jolie Chapelle a été érigée au XIXe siècle, appelée Chapelle de la Bonne Mort. Dans ce blog, d'autres articles évoquent l'histoire de cette commune.
Chailley, mon village d'enfance
Chailley est le village où mes grands-parents vivaient. J'y ai passé la quasi totalité de mes vacances. J'ai aimé ce village au pied de la Forêt d'Othe. Je me souviens, de mes grandes ballades en vélo avec mes cousins, des cabanes que nous construisions dans les bois, des baignades dans l'eau glacée de l'Armançon, de la malle à déguisements, du grenier qui recélait des merveilles. Quelle liberté nous avions en ce temps là ! Pas de téléphone portable pour nous surveiller. On nous faisait confiance. En fin de journée, nous allions chercher le lait à la ferme, à pied, et nous croisions les voisins avec lesquels ma grand mère échangeait les nouvelles. Des souvenirs très doux qui raisonnent en moi pour toujours. C'est une impression étrange de passer ses vacances dans le lieu de ses ancêtres. Mon grand-père était né à Chailley et il connaissait tous les habitants. Il aimait son village et  cet attachement l'a amené à en devenir l'élu municipal puis le Maire. Actif, il savait innover, et apporter son énergie à son village. Pourtant, la Branche des BOURGOIN n'était pas native de ce village mais de Saint-Julien du Sault dans l'Yonne. Le père de mon Grand-père, Alphonse Etienne BOURGOIN, né dans l'Yonne à saint Julien-du-Sault,  est venu faire son apprentissage de Boucher dans cette commune. Il a rencontré une jeune fille Berthe GODARD et ils se sont mariés à Chailley alors qu'elle n'avait que 17 ans. Ils ont créé ensemble une boucherie et un abattoir situés Grande rue de Chailley, dans la maison des Parents de Berthe. Par les souvenirs familiaux,  je savais uniquement (avant de me lancer dans mes recherches généalogiques) que la famille BOURGOIN était venue s'installer à Chailley à cette époque, et que les parents de Berthe GODARD venaient de Cerisiers (Yonne).
Peut-on alors parler de Village des Ancêtres ? 
Pourtant, je sens que dans cet endroit, il existe une histoire familiale. Je décide donc, il y a quelques mois, de partir à la recherche des lieux où sont nés et ont vécu les anciens. La recherche généalogique se précise. De ces semaines de recherches, via les archives départementales de l'Yonne, je constate que la présence de ma famille à Chailley est beaucoup plus ancienne que je le croyais. Chailley est bien un village familial car plusieurs générations d' ancêtres  des branches BAILLET, BERGERE, VIE, TRUCHY y sont nés ou y ont vécu. Cette présence remonte au moins au XVIIIe siècle.

Etienne Alphonse BOURGOIN,
mon arrière Grand-père
  • La Branche des GODARD  s'est s'installée à Chailley après 1851. C'est à cette date que  Joseph Adolphe Prudent GODARD, Sosa 52,  né le 14 juin 1830 à Fournaudin (89) s'est marié. Il fut sabotier et Cafetier au Café de l'Union situé Grande rue à Chailley. Marié à Eleonore Louise VELLARD, Sosa 53, née à Cerisiers 89, ils auront deux enfants Zéphirin Bruno GODARD, né à aux Chapelles, commune de Cerisiers le 6 octobre 1852 qui deviendra Limonadier à Paris, et Romulus Casimir GODARD, Sosa 26,  né le 9 mars 1854 à Cerisiers, les Chapelles, marié à  l'âge de 27 ans  avec Marie Victoire BAILLET, Sosa 27, née à Chailley le 19 juin 1860. Il auront une fille Berthe Elmire GODARD, Sosa 13, née le 1° aout 1885 à Chailley. Celle-ci  se marie avec Etienne Aphonse BOURGOIN, Sosa 12. Berthe GODARD et Etienne Alphonse BOURGOIN, mes arrières-grands-parents auront deux enfants Martine et Marcel. Ce dernier, mon Grand-père, né à Chailley le 27 mars 1905,   exercera le métier de Boucher à Chailley et en deviendra le Maire. Il se mariera avec Germaine GUIBERT, ma Grand-mère née à Auxerre (voir article Mariage) . Ils auront deux enfants dont Arlette, ma mère.
  • La Branche des BOURGOIN s'installe à Chailley le 2 mars 1903, date du mariage de Berthe et Alphonse.
  • La Branche des BAILLET (Marie Victoire BAILLET est l'épouse de Romulus GODARD) est installée à Chailley  depuis 1803, date de la naissance de Hilaire Mammes BAILLET, Sosa 108,  né le 28 novembre 1803 à Chailley, Grand-père de Marie Victoire. Il se mariera avec Françoise Eugènie BERGERE.
  • La Branche des BERGERE est installée à Chailley depuis 1815. Françoise Eugènie dite Mam'Nini BERGERE est née le 10 mars 1839 à Chailley. Le Père de Françoise BERGERE, Edme Félix Nicolas BERGERE, Sosa 110,   né à Chailley le 23 octobre 1815 à Chailley exercera le métier de Boucher. Il était marié à Marie Adeline VIE.
  • La Branche des VIE est installée à Chailley depuis 1791 (sans doute auparavant) . Marie Anne Adeline VIE, Sosa 111, est née le 16 octobre 1816 à Chailley. Son père Paul Vincent VIE, Sosa 442,  Charpentier est né à Chailley le 7 mai 1791 à Chailley et s'est marié le 6 février 1779 à Chailley avec une Chaillotine, née en 1794, Marie Françoise TRUCHY Sosa 223.
  • La Branche des TRUCHY remonte à 1794.
Arbre généalogique de mes ancêtres à Chailley (logiciel Héredis Mac)

La présence de mes ancêtres dans la commune de Chailley remonte donc au moins à 1791.
Acte de naissance et de baptême de Paul Vincent VIE Sosa 442 - 1791
Je pense que je peux remonter encore dans le temps puisque  Antoine Alexis VIE était installé dans la commune en qualité de Charron avant 1791. Mes faibles connaissances en paléographie m'empêchent encore de déchiffrer les registres paroissiaux de cette époque qui sont très difficilement lisibles. Je ne m'avoue pas vaincue pour autant ! Aujourd'hui leurs descendants vivent  encore à Chailley :  mon oncle actuellement Maire de la Commune et sa cousine Nicole. Mon frère, mes deux cousines germaines et moi-même avons installé nos maisons à proximité, témoignant ainsi de notre attachement à ces lieux et à nos racines.

L'amour dans les ruines en 1918 ou le mystère d'une photo

La cousine germaine de ma mère m'a confié des photos et des documents concernant son grand-père Charles Eugène TEILLAS, né le 24 février 1891 à Valence (Drôme), Capitaine du 279e Régiment d'Infanterie et mort au combat  à Révillon en Picardie le 1e octobre 1918.

J'ai remarqué en particulier cette photo datée du 1e septembre 1918 portant la mention manuscrite "L'amour dans les ruines...".
L'amour dans les ruines 1918
Dos de la carte - Poème d'amour

Au dos de cette carte est rédigé ce joli poème :

Que signifie cette belle allure
De cette jolie femme et de ce capitaine ?
Ce n'est pas étonnant que la guerre dure !
Nos soldats ne font que fredaines...
Où diable l'amour va-t-il se nicher ?
Jusque dans ces pauvres demeures
Où le boche vient seulement de passer,
L'amour le suit à quelques heures...
En effet, c'est là que (illisible) et sa mie
Vivent un peu de leur amour,
Ce fut du cher bonheur en cette vie
Si semée de malheureux jours...

Signature Capitaine commandant la 14e compagnie du 279e Infanterie



La cousine m'a assuré que la photographie représentait Charles Eugène TEILLAS et  Fernande DEMEAUX son épouse.
Capitaine Charles Eugène TEILLAS

Toutefois, je m'interroge. Les épouses des militaires sur le front, pouvaient-elles se rendre dans des tranchées ? Est-ce vraisemblable que ce soit bien la photo de ses grands-parents ? Il est vrai que le capitaine lui ressemble (voir photo ci-dessus) . N'est-ce pas plutôt une carte postale ? Elle ne serait qu'une évocation de leur amour et non la photographie de ses ancêtres ? Où est la vérité historique ?
J'ai besoin des lumières des spécialistes de la Grande Guerre pour y voir plus clair.
Merci de votre aide.

Histoire de Chailley 3/3 : Naissance de la commune de Chailley


Apparition des Bourgeois à Chailley

Les biens ruraux ont pris  de la valeur. De nombreux contrats de vente de terres de laboureurs sont signés par Brunat, le notaire du bourg. Les acquéreurs sont des bourgeois comme le juge de la révôté de Chailley Robert Louis Marie Tonnelier. L’abbaye de Pontigny profite  de la hausse des prix pour vendre son enclos et ses bois de Chailley pour un prix de douze mille trois cent vingt huit livres. En 1738,  tous les biens de la paroisse de Chailley sont vendus. Une nouvelle période économique s’ouvre pour Chailley.

Débuts de l’activité économique à Chailley

Halle de Chailley
La période du XVII au XIX° siècle permet à Chailley de développer une activité artisanale, commerciale et manufacturière. Deux moulins à eau fonctionnent sur le rû St Jacques qui traverse le village. Deux foires annuelles se tiennent les 16 avril et 28 aout. Deux marchés hebdomadaires ont lieu, dans le village, le dimanche et le mercredi. Au XIX° siècle, deux usines   s’implantent   : une fabrique de bouton et une fabrique de porte monnaie. Les métiers de la forêt occupent, en 1852, 440 bucherons et charbonniers qui contribuent à l’activité des fours à chaux des Tuileries. Le bourg compte 1300 habitants en 1850.  Un tailleur à Chailley est inscrit dans les archives, dès 1724. En 1814 ils sont quinze. De 1788 à 1827, les activités artisanales connaissent un développement important. En 1788, le notaire Brunat consigne la création d’une verrerie royale à Chailley. En 1789, on compte 29 artisans et il y en a quatre vingt quinze de référencés en 1827. En 1822, le lavoir est construit et devient un lieu de rencontre important. La même année, sort de terre la halle qui abrite un important marché avec plus de 150 étals. En 1827,  Chailley compte six  cordonniers, six maréchaux, neuf tisserands, deux sabotiers, quinze marchands de charbon, trente et un charbonniers et cinq meuniers.  1860, quatre bouchers sont installés dans le village. La rue de la Boucherie était située près de la fontaine, près de la place principale. Vingt huit kilomètres de chemins vicinaux sont  aménagés par les indigents de la commune condamnés à des travaux d’intérêt général.les grands incendies de 1840 et 1845, 89 maisons sont détruites et 200 personnes sinistrées. Le village est reconstruit selon un plan d’alignement avec l’actuelle Grande rue, large et rectiligne. C’est à  cette période que le cimetière actuel a été ouvert. L’arrivée du progrès de 1850 à 1914 permet une embellie des conditions de vie. En 1861, la mairie de Chailley est construite à l’emplacement actuel. En 1893,  Chailley compte trois machines agricoles.
La première batteuse chez M Combes
C’est en 1903 qu'est  achetée la première moissonneuse.  période du développement économique permet l’ouverture d’un service de diligence en direction de Saint-Florentin pour faciliter la circulation des habitants. Toutefois, l’arrivée des machines favorise le départ des populations vers les villes et la population commence à régresser pour atteindre 1078 habitants en 1820 et 874 en 1896.
Chailley, village républicain
La vie de Chailley est très animée par les débats politiques. En particulier s’opposent violemment les partisans et les adversaires de la laïcité et de la République. En 1848, lors des émeutes parisiennes qui renversent Louis Philippe, la salle du conseil municipal de Chailley est envahie par les républicains. Ils apostrophent le Maire Etienne Badié, acheteur de biens nationaux et notable local. Il est  hué et la République est applaudie. J’aime évoquer ces combats car mon grand père portait l’empreinte de cette histoire. Je ne l’ai jamais vu entrer dans une église.  Il était profondément laïc. Il me rappelait souvent qu’ici à Chailley sonnait l’heure de la République. La cloche de la mairie donne l’heure. Cette cloche a une histoire. 
Chapelle du Haut Bouton
En 1864, Mme Alépée née Grand, d’une des familles de notables de la commune porte le drapeau de l’opposition à la laïcité.   Elle fait construire, sur ses propres deniers la Chapelle du haut bouton, dite chapelle Notre Dame de la Bonne Mort. 
Chapelle Notre Dame de la Bonne Mort à Chailley
La construction est achevée en 1873. Elle en fait don, à sa mort, à l’abbé Paget Directeur du Séminaire de Sens. En 1874, le conseil municipal, aux idées républicaines, vote une motion stipulant que « jamais la commune de Chailley  n’interviendra directement où indirectement à quelque titre que ce soit dans le paiement des dépenses relatives à cette chapelle ». Dans les années 1950, M Hippolyte Lorrot, ancien maitre d’école, répète à son petit fils que cet édifice haut perché « était un affront à un village républicain ». Nous avons beaucoup joué enfants dans les ruines. C’est un lieu mythique de retrouvailles entre les enfants du village, un départ de jeux dans les bois environnants, un but d’escapades. Puis  de nouveaux donateurs, la famille Lemaire, décide de lancer une souscription privée pour reconstruire la Chapelle telle qu’elle existe aujourd’hui. Aujourd’hui, la Chapelle est un lieu de promenade apprécié qui offre une vue splendide sur le village et ses environs.
Querelle des deux clochers
Mais l’histoire ne s’arrête pas à la construction de la chapelle. Elle s’ancre aussi dans la querelle des deux clochers. C’est d’ailleurs le point culminant d’une lutte entre les notables locaux antirépublicains et les adeptes de l’idéologie républicaine, du progrès et de l’enseignement laïc. Alors que l’heure du village est donnée par la cloche de l’église, le conseil municipal, en août 1904, décide de faire l’acquisition d’une horloge communale. Il importe de donner au village une heure républicaine. En 1910, le conseil municipal, au terme d’un fougueux exposé de Victor Delagneau, anticlérical militant, décide de l’édification d'un clocher sur le toit de la mairie et d’une horloge mécanique. Pour financer  cet investissement, une souscription publique est lancée. Parmi les noms des quatre vingt dix huit souscripteurs, se retrouvent les familles Frochot et Bourgoin. Victor Delagneau préside le comité de la cavalcade de 1890 à 1910. Cette fête annuelle fait le pendant aux processions religieuses gravissant la côte de la Chapelle de la Bonne Mort. Celle de 1910 obtient un succès extraordinaire. Les chars ont  pour thème les allégories républicaines : la char des présidents, le char de la patrie, celui du progrès… Elle procure une somme de quatre cent francs entièrement au bénéfice de l’édification du clocher de la mairie. Une deuxième cavalcade est organisée en 1913.  
Cavalcade de Chailley en 1913- Char de la République
L’argent ayant été rassemblé, la commande de la cloche est passée auprès du Maitre horloger du jura M Arsène Crétin pour un prix de deux mille sept cent cinquante francs.
Louis Frochot - Ferblantier à Chailley
Louis Frochot, plombier zingueur à Chailley , participe à la fabrication du clocher municipal : « je vous ferai quelque chose d’extraordinaire ».
 C’est effectivement un clocher remarquable qui enjolive l’édifice municipal de Chailley et qui veille, à sa façon, au rappel de l’histoire de la commune.
Guerres
La guerre de 14 apporte la tourmente et désorganise la vie du village. Le service de diligence qui allait chaque jour de Chailley à Brienon en passant par Venizy et Champlost est arrêté.  Le conseil municipal décrète la réquisition des biens pour alimenter le financement de la guerre. La guerre finie, rien ne sera comme avant. Tout incite le paysan à devenir citadin. En dépit des morts, des départs, les travaux des champs reprennent mais la production agricole stagne. L’élevage subit un fort recul (- 50 %) et seule la plantation de pommiers  progresse et triple en 20 ans. L’artisanat disparaît progressivement et le commerce se réduit au profit des communes de St Florentin et de Brienon. En 1931, il n’y a plus que 10 bucherons, un médecin au lieu de trois, et la population est de 532 habitants. Après 1936, les gens de la ville utilisent leurs droits aux congés payés et à la retraite et reviennent au village. La guerre de 39-45 balaye le fragile équilibre retrouvé après 1936. Le village proche des maquis de la Forêt d’Othe connaît ses héros et ses martyrs. La guerre terminée, la production redémarre. En 1955, la population reprend une progression lente. L’activité est fortement orientée vers les céréales, ces dernières étant livrées soit à la coopérative soit aux marchands de grains. C’est à partir de 1966, que l’usine de produits à volailles prêts à cuire "La Chaillotine" connaît une belle réussite. Elle emploie prés de 1000 salariés en 1990 et attire habitants, commerces et quelques entreprises.


Histoire de Chailley 2/3 : Les défrichements de l'Abbaye de Pontigny



Chailley est au cœur d’une région peuplée depuis très longtemps, chargée d’histoire, de travail et de combats, comme nous l'avons vu dans la première partie de cette recherche (Mes ancêtres les Gaulois). Continuons notre promenade à travers le temps.
C'est au Moyen âge, Chailley connaît l'essentiel de son développement. Car le massif forestier du pays d’othe représente un intérêt politique et économique. C’est une région stratégique située entre le Comté de Champagne, le Duché de Bourgogne et le Royaume de France. La forêt permet d’en extraire les bois nécessaires à la construction des ouvrages militaires, les bois de marine, le charbon de bois, la pierre pour la construction.  Il est possédé par divers seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, les uns vassaux du roi de France, les autres du Comte de champagne Thibaut IV ou des seigneurs ecclésiastiques de Sens, l’Archevêque de Sens ou l’Evêque de Troyes. Il est logique que le défrichement soit un enjeu clé pour exploiter ces richesses locales. 


La Bourgogne au XI° siècle


Les défrichements monastiques du 11ème siècle
La propriété seigneuriale et monastique à Chailley a pour origine les grands défrichements du XI° siècle, confiés aux moines. 
En 1114, l’Abbaye de Pontigny est bâtie à l’initiative de Hugues de Mâcon, compagnon de Bernard de Clairvaux, fondateur de l’ordre des Cisterciens, prédicateur de la deuxième croisade.
Bernard de Claivaux

Il sollicite aux seigneurs du pays d’Othe, diverses donations de terres et de bois. C’est ainsi, par donations et acquisitions successives, que les abbés de Pontigny développent leurs possessions du Pays d’Othe. Les féodaux gardent leurs droits et les moines, en contrepartie du défrichement, reçoivent des droits d’usage. En 1139, Henri Archevêque de Sens puis, en 1145, Herbert le Gros accordent aux religieux de Pontigny les droits d’usage de Chailley. En 1151, le roi Louis VII, présent à Pontigny, assiste à la donation faite par Anselme de Trainel de ses droits et métairies de Boeurs et de Chailley. 


Abbaye de Pontigny - Yonne
La zone de défrichement est organisée autour des granges. A Chailley, une bergerie et un petit clos sont installés près des moulins de Chailley et une grange est édifiée. C’est un vase bâtiment d’exploitation entouré de murs et de fossés. Il n’y a, à ce moment là ni village, ni paroisse et donc pas de communauté villageoise. Tous les habitants travaillent à la métairie et paient le cens dû pour le lopin de terre concédé sur lequel ils ont construit une masure de chaume. Les maisons des habitants sont situées en haut du bourg actuel. On peut considérer qu’un habitant de Chailley travaille une journée sur son propre manse, qu’il doit à la métairie deux jours gratuits et qu’il s’y loue les trois autres jours.


Barron Chaillou des Barres - Extrait de "Abbaye de Pontigny"

La Métairie de Chailley
En 1519, l’Abbaye de Pontigny donne la métairie de Chailley à bail à 26 manants pour quatre vingt dix neuf ans au prix de sept cent bichets, moitié blé, moitié avoine. Le bail de la ferme des dimes est cédé à Jean Chauillot, huissier, puis à Jean Bollard, hôtelier. Ils ont la charge, en échange, de payer à Etienne Moreau, administrateur général, interlocuteur de l’abbaye, pour le prix du bail, trente setiers, moitié froment et avoine, trente aunes de toile et douze chapons gras.1562, marque une évolution importante pour Chailley. A cette date, les habitants de Chailley demandent à l’Archevêque de Sens le droit d’ériger une paroisse. La communauté villageoise de Chailley prend naissance.

La résistance paysanne 
Plan de Chailley en 1697
La résistance paysanne des villageois de Chailley se développe face aux abus des moines de Pontigny. L’histoire des relations entre les seigneurs abbés de Pontigny et leurs manants de Chailley est ponctuée par des procès et des procédures destinés à obliger à payer les droits seigneuriaux. La colère paysanne s’exprime, à Chailley, de différentes façons, parfois violentes. En 1654, Etienne Gaubert receveur de la dîme est assassiné. Le même sort est réservé en 1625 à Toussaint Daulnoy, Procureur fiscal de la prévôté de Chailley, ou à Claude Moreau sergent grutier chargé du contrôle des droits d’usage des paysans en 1648 , comme au sergent grutier Pierre Vye, en 1655. Pourtant les droits continuent à augmenter. En 1678, ils connaissent une croissance de + 53 %. La grande disette de 1693 accroît encorela hausse des droits et de l’impôt. Les maigres économies paysannes sont vite épuisées et une mauvaise récolte accélère la crise. En 1751, un procès s’engage devant le grand conseil qui condamne les paysans de Chailley en raison de leur refus de payer leurs redevances. A la veille de la Révolution, à Chailley comme ailleurs, les villageois considèrent comme illégitimes les droits seigneuriaux et se jugent légitimement propriétaires des terres qu'ils occupent. L'ancien système agraire chancèle.


Les soldats de Turny dans la Grande Guerre

La Mairie de Turny  et le Cercle Généalogique  célèbrent la fin  du Centenaire de la Guerre 14-18  avec une exposition  Les sol...

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