ARRESTATION de Pierre COLIN en 1943

ARRESTATION de Pierre COLIN en 1943

 #Challenge AZ 

En cette semaine de  « Panthonéisation » de 4 résistants de la dernière guerre mondiale, je souhaite évoquer mes recherches généalogique et historiques qui m’ont permis de reconstituer l’arrestation pour faits de résistance d’un de mes ancêtres généalogiques.



Pierre COLIN 1900-1944

Pierre Colin, 6ème enfant d’une famille protestante

Pierre Colin est le sixième enfant et le dernier enfant d’une famille protestante. Il est né le 11 août 1900 à Toul où sa famille maternelle (les Schaal) a dû se replier en 1870 du fait de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne. Il est Lorrain par son père Eugène Colin, Capitaine au 94ème Régiment d’Infanterie qui meurt quelques semaines  avant sa naissance et Alsacien par sa mère. Sa mère Emilie Marceline Schaal élèvera seule les 6 enfants, sans fortune. A la déclaration de la guerre d’août 1914, les 3 frères sont mobilisés. Pierre poursuit ses études au collège de Toul et obtient son bac en juillet 1916.
Bulletin de naissance de Pierre Colin 11/08/1900

Pierre s’engage dans l’armée en 1918,  à 18 ans

Marqué par ces évènements familiaux, le 11 août 1918, à l’âge de ses 18 ans,  il s’engage au 133ème Régiment d’Infanterie dont son frère Jean-Eugène commande une compagnie. Au lendemain de la première guerre mondiale, Pierre est reçu au concours de l’école spéciale militaire et entre à Saint-Cyr. Le 2 octobre 1920, à la sortie de l’école, il signe un engagement de 8  ans dans l’aéronautique militaire. Avec le temps, les nombreuses affectations, il est promu Officier de la Légion d’Honneur 
« pour avoir remarquablement combattu au cours des opérations de mai-juin 1940 ».

Pierre noue des contacts avec la Résistance dès 1940

Après la signature de l’armistice le 22 juin 1940 entre Philippe Pétain et le 3ème Reich allemand,  le commandant Colin souhaite rejoindre la France libre. Son frère Jean Colin l’en dissuade au double motif qu’il a une famille et qu’il a une influence à exercer sur les jeunes. Il noue alors des contacts avec la Résistance naissante. Familialement sensibilisé par l’incorporation des jeunes Luxembourgeois dans les rangs de la Wehrmacht, il met sur pied une filière de désertion qui procure à ces jeunes des effets civils, des hébergements de repli et les orientent vers un maquis ou une organisation de passage de frontière.

Pseudo "Georges Robert"

Du fait du risque de dénonciation pour organiser la désertion de l’armée allemande, son action est dangereuse.  Son pseudonyme est George Robert (les deux prénoms de son frère tué en 1916 à Verdun). Six mois durant, il assure la préparation de l’atterrissage des avions venus d’Angleterre, aménage les réseaux d’espionnage, recueille des parachutistes. Le commandant Colin devient la cheville ouvrière de la résistance dans les Cévennes. Il organise des groupes de combat de près de 2000 hommes. Il organise aussi la désertion des soldats étrangers incorporés de force dans la Wehrmacht, en particulier luxembourgeois. Il recueille les déserteurs, leur procure des vêtements civils et les aide à traverser la frontière. Le 1° octobre 1943, sur de nouveaux indices, le réseau de la Gestapo se resserre sur le commandant Colin. Une surveillance est exercée. Un soir, un groupe de 18 luxembourgeois soldats doit déserter avec armes et bagages. Pierre a tout préparé. Mais les soupçons de la gestapo gagnent du terrain. Un traitre se glisse parmi les déserteurs. L’alarme est donnée. Les soldats sont arrêtés. Neuf d’entre eux sont accusés de haute trahison et fusillés sur le champ. Les autres ont envoyés sur le front russe.

Arrestation en 1943

Le 8 octobre 1943 à 10 h du matin, la police allemande appréhende à son arrivée à Carnon un luxembourgeois connu sous le nom de Jacques. L’homme se rendait à un lieu de rendez-vous fixé par Maurice Popouneau en vue de préparer les détails d’une nouvelle désertion. Le soir même Pierre Colin, l’adjudant Maurice Popouneau et l’ingénieur en chef des poudres Louis Maurel sont arrêtés par la Gestapo, 9 rue Pasteur à Montpellier, le petit appartement où est installé leur poste de commandement. Cette arrestation est effectuée dans des circonstances mal définies.

Selon le site Pierres vives de l'Hérault une collaboration officieuse s'établit entre les services allemands et français pour la poursuite des opposants au régime nazi. Cette collaboration se concrétise après la rencontre entre Oberg, commandant des SS et de la Police et Bousquet, Secrétaire général de la Police de Vichy, en 1942. Dès lors, la répression prend une nouvelle envergure, la lutte contre le « terrorisme » mobilise de façon de plus en plus importante, les forces allemandes, Gestapo, et Wehrmacht et les forces françaises.

Le rapport de M Ménard, Commissaire central de la Région de Montpellier

Ce qui est horrifiant et renforce cette  thèse de l’alliance entre forces françaises et forces allemandes, c’est que j’ai retrouvé via Internet, le rapport écrit par le Commissaire de  la région de Montpellier, Intendance de police à Monsieur le Préfet Régional daté du 9 octobre 1943, et signé M. Ménard, commissaire central.

Cette copie de ce rapport est transmise à M Le Chef du service des relations franco-allemandes en date du 12 octobre 1943.
Il est dit en page 1 : « J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’ayant appris que des coups de feu avaient été tirés hier vendredi 8 octobre 943, dans la rue Pasteur, j’ai chargé M Giloux , Commissaire de Police de procéder à une enquête.
En page  2 : « deux personnes sont été arrêtées au n° 9 de la rue Cronstadt : un nommé COLIN se disant officier aviateur, plutôt petit et mine, vêtu généralement de gris … Le propriétaire  de la maison signale que COLIN portait un petit paquet à la main en sortant…. Un nommé Davanier… employé au centre de confection des colis qui, de par ses fonctions est en relation avec la Gestapo, … a appris que l’arrestation aurait été opéré par les services de la police allemande, différents d’ailleurs de la Gestapo.

Page 2 du rapport du Commissaire Ménard 12 octobre 1943
Tous les trois sont conduit à la Gestapo dans la « chambre spéciale de questionnement » où ils subissent quatre jours d’interrogatoires. Ils se confinent dans le mutisme et sont enfermés au fort d’Aurelle à Montpellier et maintenus au secret. Jugés, ils sont condamnés à mort le 17 janvier 1944 par le tribunal allemand.

L’acte de condamnation à mort le 17 janvier 1944

L’acte de condamnation porte quatre chefs d’accusation :
« Le ressortissant Pierre Colin français est condamné à être passé par les armes pour les actes suivants :
- commandant de l’armée secrété en zone sud,
- espionnage,
- détournement de soldats de leur devoir militaire,
- préparation à des attentats terroristes ».

Le 26 janvier 1944, la police allemande autorise l’épouse et les deux fils de Pierre à venir le voir à la prison militaire de Montpellier pour une entrevue de 2 heures. Puis les trois compagnons sont transférés le même jour par wagon cellulaire, enchainé à ses deux camarades,  à la prison de Fort Montluc à Lyon où il passe des dernières heures dans une cellule sans air et sans lumière.

Exécution le 21 février 1944

Le lundi 21 février 1944, à 16 h, une automobile de la Wehrmacht transporte les trois condamnés de la prison militaire au lieu d’exécution le stand de tir de Lyon la Doua. A 16h30, Pierre est placé contre le parapet et trois minutes plus tard il tombe.


Le site du stand de tir à la Doua. C'est dans le trou du premier plan que fut retrouvé Pierre Colin


«le 21 février 1944, le ressortissant français Pierre Colin ancien commandant né le 11 août 1900 à Toul en dernier domicile à Montpellier 4 rue de Verdun a été condamné à mort le 17 janvier 1944 par un conseil de guerre pour avoir favorisé l ‘ennemi. Le jugement a été exécuté aujourd’hui.
Tribunal du commandement du secteur de l’armée France sud STL N° 596/43»

Inhumé le 30 septembre 1945 dans la carré d'honneur du cimetière militaire de la Doua à Lyon

Inhumé dans un charnier sur place, il sera réinhumé le 30 septembre 1945 dans le carré d’honneur du cimetière militaire de la Doua, à quelques mètres de son exécution.

 
Plaque commémorative au Cimetière de la Doua à Lyon





Les nourrices à Turny en 1787

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Il est  surprenant de constater que, dans les registres de décès de mon village de Turny dans l'Yonne, le nombre d'enfants décédés jeunes et placés en Nourrice est très nombreux.

Des artisans ou de marchands de la capitale placent leur bébé à la campagne.

Je ne connais pas la raison de ces placements : manque de place dans l'habitation, horaires difficiles du travail, souhait de donner une bonne alimentation à leur enfant, placement dans une campagne saine et verdoyante ? ...

J'imagine plusieurs raisons, mais je ne sais laquelle privilégier.

Les nourrices de Turny, hameau de 500 habitants situé dans l'Yonne en Bourgogne, a accueilli de nombreux enfants de Paris. Combien ? Nous ne saurons sans doute jamais car seuls sont recensés ceux qui sont décédés dans la commune.
                                                       
Au 18ème siècle,  un grand nombre d' enfants sont malheureusement morts en bas âge. La mortalité infantile est très importante puisqu'un enfant sur quatre meurt avant d'atteindre l'âge d'1 an.

Le Curé de Turny a noté de façon méthodique les noms, les métiers des parents, ainsi que le nom des nourrices.

Pour exemple, j'ai choisi l'acte de décès intitulé "Mortuaire d'enfant de Paris " daté du 5 octobre 1787


Acte état civil Mortuaire d'enfant de Paris à Turny en 1787

Je déchiffre, malgré mes difficultés dans la lecture de certains actes,  les termes suivants :

" Le jour du 5 octobre 1787 a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par moi Curé soussigné, le corps de Jean Jacques fils de François  Verrineur et de Marguerite Prévôt ses père et mère demeurant à Paris rue de la Roquette faubourg saint Antoine Maison du Marchand de vin ... confié aux soins de Marie Anne Dubois femme de feu Pierre Dubois, nourrice ... âgé de 5 mois et demi environ. L'inhumation s'est faite en présence de sa nourrice qui a déclaré savoir signer et d'Edme Augustin Beau étudiant qui a signé avec nous. "

Je constate que les parents ne sont pas présents à l'inhumation. Le placement est-il une sorte d'abandon, n'ont-ils pas les moyens financiers de se rendre sur place, ou  n'ont-ils été informés que plus tard ? Je ne peux faire que des suppositions.

Notre petit Jean Jacques, mort à 5 mois, n'est pas le seul nourrisson placé à la campagne à cette époque.

Paul Vasseur, dans son ouvrage Protection de l'enfance du 4° au 20° siècle,  rapporte que en 1780 sur 21 000 enfants qui naissent annuellement à Paris, 19 000 sont envoyés en nourrice. Si ces chiffres sont vérifiés, c'est un véritable phénomène de société.

C'est ainsi qu'une économie locale en Bourgogne, se développe :  celle des nourrices "sur place" qui nourrissent de leur lait les bébés et élèvent les enfants de la ville parfois pendant plusieurs années. Ces nourrices apportent un complément de revenu à la famille. Ce "travail" c'est aussi celui des recruteurs appelés "meneurs" qui  convoient les nourrissons dans leurs allers et retours, apportent des nouvelles des enfants aux parents.

Pour tenter de moraliser et réglementer cette activité, en 1781, le code des nourrices est publié.









 






Ma grand-mère invente les quenelles au chablis

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Mon enfance a des souvenirs d'odeurs et de goûts.

C'est avec délectation qu'émane de mes souvenirs la bonne odeur des quenelles que me préparait ma grand-mère maternelle.

Elle s'appelait Germaine Guibert, née le 8 janvier 1914 à Auxerre. Elle avait épousé Marcel Bourgoin, le boucher de Chailley. Elle quitta la ville d'Auxerre, son métier aux Assurances sociales, pour s'installer dans la maison familiale de son époux Marcel Bourgoin, Boucher à Chailley (Yonne).

Elle s'attelait à la tâche et secondait son époux avec vigueur dans le commerce familial.

Elle était une cuisinière de talent et une véritable créatrice culinaire.

Elle avait inventé la recette de ces excellentes quenelles de lapin au Chablis, puis de volailles.

Elle sortait délicatement de leur pot en verre des petites quenelles rangées proprement les unes contre les autres.

Elle ouvrait un deuxième pot contenant la sauce à la tomate, type sauce nantua.

Elle nappait ses quenelles de la sauce onctueuse et passait le tout au four. C'était un plat fumant et odorant qui était placé au centre de la table. Impatiente, j'attendais qu'on me serve avec précaution avant de pouvoir déguster ces quenelles magiques.

Je me régalais de ce plat que je savais préparé avec soin.

Etiquette des pots de quenelles de Lapin au Chablis "la Chaillotine" 1963


Il ne fallait pas attendre bien longtemps avant que les assiettes soient vides. Mais il fallait patienter jusqu'à un autre repas pour pouvoir renouveler l'expérience gustative.

Les quenelles, accompagnées de leur sauce à la tomate, étaient vendues dans la boucherie charcuterie de mon grand-père Marcel Bourgoin.

Elles rencontrèrent tellement de succès que son fils imagina un procédé de conservation. Des pots stérilisés dans une autoclave et fermés hermétiquement par une capsule de métal.  Cette idée et ce procédé novateurs permettront de les lancer en série sur le marché français.

C'est ainsi que les fameuses quenelles ont été commercialisés à  grande échelle dans les villes des environs d'abord puis dans toute la France et surtout à Paris.

Leur renommée amena la boutique familiale à se transformer en véritable petite industrie alimentaire sous le nom "la Chaillotine", du nom des habitantes de leur commune Chailley.

D'autres produits sont venus rejoindre la "gamme" des bouchers de Chailley, en particulier les toutes aussi fameuses rillettes de lapin parfumées au Chablis.

Couvercle Rillette de Lapin au Chablis "La Chaillotine" 1963


Comme le relate un article du journal l'Yonne Républicaine daté du 25 février 1963, la qualité aidant "la Chaillotine" gagne des marchés. Est photographié le laboratoire de la charcuterie Bourgoin qui emploie à cette époque 4 personnes, qui s'ajoutent au boucher, son épouse, à son fils et à son neveu devenus apprentis dans le commerce familial.

La petite entreprise, fondée sur les quenelles et les rillettes de ma grand-mère, au goût recherché, fera vivre toute la famille pendant de nombreuses années.


Article du Journal l'Yonne Républicaine 25/02/1963















Permis de Conduire en 1935

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Je souhaite vous présenter le premier Permis de conduire les automobiles dont ma grand-mère Germaine BOURGOIN, née GUIBERT le 08 janvier 1914 à Auxerre, a été titulaire. Il lui a été délivré par le Préfet de l'Yonne le 9 décembre 1932.

Elle l'a gardé précieusement. C'était le symbole de son indépendance. 



Permis conduire 1935






Ce document me permet de retracer l'histoire de la naissance du permis de conduire, dont je ne savais pas grand chose avant mes recherches. 

C'est la loi du 30 mai 1851 sur la police du roulage et des messageries publiques qui a servi de fondement juridique à nos divers codes de la route.

Premier Code de la Route en 1851
Fondé donc sur la loi de 1851, apparaît le premier code de la route.

Certificat de capacité en 1899 
Le 10 mars 1899, un décret rend obligatoire sur tout le territoire français la détention du "certificat de capacité" par l’ensemble des conducteurs : « nul ne pourra conduire une automobile s’il n’est porteur d’un certificat de capacité ». Le certificat de capacité est délivré par le préfet de la résidence du candidat sur avis favorable du service des Mines. En 1897,  la Duchesse d'Uzès devient la première femme à obtenir ce certificat de capacité. 

Création du Permis de conduire en 1922
Le  décret du 31 décembre 1922 porte règlement général sur la police de la circulation routière. Ce texte reprend les dispositions antérieures et en y apportant quelques nouveautés : désormais, le certificat de capacité est appelé permis de conduire, ses conditions d'établissement et de délivrance sont fixées par arrêté du ministre des travaux publics. 

Le parc automobile explose passant de 157 000 en 1920 pour atteindre 1 800 000  véhicules en 1940.
Aujourd'hui, il dépasse en France les 38 millions, sans compter les véhicules utilitaires au nombre de 4 millions. Une toute autre échelle ! 







Manège de Chailley dans l'Yonne : l'histoire vraie

La naissance du manège en 1964



Le manège de Chailley en 1970 

C'est Monsieur Plançon, instituteur de la commune de Chailley, qui a eu l'idée, en 1964,  de construire un manège pour la kermesse des écoles. Des parents d'élèves ont pris modèle sur un manège de chevaux de bois lors de la fête patronale de Chailley, la saint-Jacques. 

C'est à partir de ce moment-là, que dans l'atelier de Jean Richemont, serrurier à Chailley, l'aventure a commencé ! Ce dernier a construit l'ossature métallique.

Jacques Renuzeau, menuisier au hameau du Vaudevanne, a travaillé la partie bois.

Albert Barillon et son fils Charles, mécaniciens, et fondateurs du garage Barillon dans la commune, se chargent de la partie mécanique.

Le frère de Charles, Michel Barillon, a trouvé à l'usine Peugeot de Sochaux où il travaille, le pont d'une 5 CV qui fait tourner le plateau du manège, grâce à un moteur électrique dont tout le monde a oublié la provenance.

René Châtel, peintre au village, a donné des couleurs au manège. 

Gabriel Compagnon, tapissier, a confectionné la belle bâche orange.

La fabrication a duré presque une année, en dehors des heures de travail. Mais quand on aime ce qu'on fait, on ne compte pas ! C'était aussi l'occasion pour tous les professionnels du village de donner de leur temps et de leurs compétences pour la joie des enfants.

Le manège est prêt en temps voulu. Il sera inauguré lors de la kermesse du dimanche de Pentecôte de 1965. J'avais alors 9 ans.

Les enfants étaient enchantés. 
Jean Richemont se souvient : "Notre manège ressemblait tout à fait à un vrai ! La recette a été de vingt mille francs la première année de son fonctionnement et il n'avait rien coûté "

Souvenirs du vieux manège

Souvenirs de Véronique Battut, enfant de 9 ans à l'époque 

J'ai des souvenirs de petite fille des années soixante. J'ai 9 ans lorsque j'ai connu ce manège magnifique. Je n'habitait pas Chailley mais je venais régulièrement en vacances chez mes grands-parents Marcel et Germaine Bourgoin. A la kermesse, tout le monde se précipitait : les enfants, les institues ou institutrices, les parents, les plus âgés.. Tout le monde sortait. La veille, la place de la mairie se remplissait de tous les organisateurs bénévoles. Les hommes montaient des stands en bois recouverts d'une bâche sur le mail, en face de la Mairie.  Chaque stand abritait un jeu : le chamboule-tout avec des boites de conserves, le casse-assiettes avec une balle en tissu lestée, le jeu d'adresse avec une tige de bois lestée d'un fil et d'un anneau de rideau visant à placer l'anneau sur le goulot d'une bouteille placée au fond du stand, la carabine à fléchettes, le labyrinthe avec un cochon d'inde , la pêche à la ligne préparée et animée par ma tante Nicole Frochot....

Et puis, il y avait le beau manège, le clou de la fête des écoles. Il me paraissait grand. Les enfants se ruaient pour y monter chacun leur tour. On prenait un ticket à la caisse tenue par un parent d'élève, on donnait son ticket et on pouvait s'installer. Moi, j'adorais la voiture rouge à pédales, ma cousine Annick préférait le canard jaune à bascule.


L'ancienne voiture à pédales du manège

Il y avait de la musique bien sût et surtout le gros POMPON. Si on l'attrapait, on gagnait un tour gratuit. Il y avait toujours des enfants plus rapides que moi pour l'attraper avec de grands cris.
Tout le monde adorait ce manège et on voulait y rester. Mais il fallait sa place aux autres.
Mon grand-père, Marcel Bourgoin, Maire de Chailley était ravi de rassembler toute la jeunesse de sa commune et des alentours. Ma grand-mère Germaine, avait confectionné toutes les enveloppes de la loterie et rassemblé les lots dans la salle de classe du rez-de-chaussée. Un paquet de 10 enveloppes vendu, donnait droit à des lots de toute sorte que remettait ma grand-mère aux gagnants, accompagnée par d'autres bénévoles. 

Souvenirs de Danièle Barillon,  jeune maman

Danièle, s'occupait de la caisse du manège. Elle se souvient que les mamans venaient chercher les tickets. Elle faisait descendre ou monter le Pompon. Elle surveillait les enfants pour qu'ils ne descendent pas du manège en marche. Ca tournait, ça tournait ... Et tout le monde était heureux. Le manège ne désemplissait pas, on devait même faire la queue. Chailley était le seul village de l'Yonne a posséder son propre manège. 

Le manège endormi

Depuis 2012, le manège trop âgé ne tournait plus. Il dormait dans un hangar. Plus aux normes actuelles, il était devenu dangereux. Pourtant personne n'avait osé jeter ses pièces et éléments.

La renaissance du manège

C'est alors que des anciens élèves, Vincent Fouquier et Benoit Rétif, petits-enfants de Jean Richemond lancèrent l'idée de redonner vie à ce manège. Christophe Fernandes, Pierre Purson et Sébastien Lubin les ont rejoints pour tenter de redonner vie à ce manège qui fait partie de l'histoire du village.

Mais avant de les restaurer, il fallait savoir ce qui n'était plus aux normes. Il fallu donc remonter le manège dans le hangar de Jean et Christine. Puis, Kamel Talahoui, un ami de Vincent, Pierre et Sébastien, qui travaille dans la société Véritech, a fait le diagnostic : la partie électrique était défectueuse. La mairie de Chailley, sous l'égide de son Maire Gérard Bourgoin, donne son accord pour aider à cette restauration. Hervé Cyganko, adjoint au Maire se charge de coordonner les travaux. En tout une vingtaine de bénévoles décident de réanimer le manège, dont Laurent Bourgoin, électricien, Joël Piat, Ramuel Packo, Yvan Magnani.

C'est avec émotion que Jean Richemont s'est chargé de la partie métallique comme il y a cinquante ans. Il a réparé une petite voiture bleue qu'il a repeinte de le même couleur.

Pierre Jaurey, autrefois menuisier chez M. Renuzeau a réparé la partie en bois.

Christophe Fernandes a fourni gracieusement un tableau électrique aux normes de sécurité actuelles.

Stéphane et Magalie Duballe, Jean et Christine Chollet ont émis le manège en valeur en le repeignant. Jean a même mis au point un plan de montage du manège pour que la transmission soit assurée. 

Inauguration du manège rénové, le dimanche 25 juin 2015

Inauguration du manège en 2015 en présence de M Cyganko, Jean Richemond et Yvan Magnani


Le dimanche 25 juin 2015, une quinzaine de personnes se sont donné rendez-vous sur la place de la Mairie pour le montage du manège. L'ambiance est chaleureuse autour du café et des croissants par notre parent d'élève boulanger.

Certains n'avaient jamais vu le manège. Ils ne savait que faire de toutes ces pièces du puzzle entassés sur la place. Heureusement, Jean Richemond, aidé de Jean-Marie Chaussin, un ancien parent d'élève, mécanicien, connaissait bien le manège pour l'avoir monté pendant 18 ans. Nos experts ont guidé la manoeuvre et peu à peu le manège tant attendu a repris forme.

L'après-midi, l'ambiance est joyeuse à la kermesse. les enfants heureux de découvrir ou redécouvrir le manège. Certains se chamaillent déjà pour savoir qui va monter dans la petite voiture rouge. D'autres trépignent pour ne pas descendre du manège. Et lorsque le fameux Pompon se  balance à nouveau au dessus des enfants, tous s'agitent, se lèvent, crient pour l'attraper. Comme il y a un demi-siècle ... Quel succès cette kermesse !

Ce texte est librement interprété à partir du travail des élèves de moyenne et grande section de maternelle et ceux de Cm2 animé par leurs enseignants dont Yvan Magnani, directeur de l'école. Mme Lorrot a aidé les enfants pour la mise en écriture d'un livret disponible à l'école de Chailley.

Véronique BATTUT






Berty Paul, Mort pour la France en 1914





(1885-1914)





Paul Albéric BERTY est mort pour la France le 28 septembre 1914 à Capy dans la Somme, tué à l'ennemi. Son nom figure sur le monument aux morts de Chailley, village de l'Yonne (89).






Paul Albéric BERTY est né à Chailley le 9 juin 1885.

Famille


Il est le fils de Joseph Edme Louis BERTY, 39 ans, Meunier et de Stéphanie Eugénie DUTERTRE, 32 ans, demeurant à Chailley.

Extrait acte de naissance


Date incorporation


Suite à la mobilisation du 2 août 1914, il est incorporé par le bureau de recrutement de Sens, membre de la classe 1905.


Régiment d’incorporation


Il est affecté au  4ème Bataillon de Chasseurs, en qualité de Soldat de 2ème classe et le numéro de matricule 613.


Acte de décès


Son acte de décès est transcrit à Chailley le 13 septembre 1917.

Fiche Matricule 



Turrny et les Turrois dans l'Yonne





D’où viennent les noms de TURNY, village de l'Yonne en bourgogne
 et de ses habitants les Turrois ?

Les habitants de TURNY sont nommés les TURROIS.  Quelles sont les  significations et les origines des noms de TURNY et de TURROIS ?  Si des interrogations historiques demeurent encore, il existe plusieurs hypothèses qui sont toutes convergentes.

TURNY est situé dans une vallée fertile près d’un petit ruisseau, la Brumance,  et au pied d’une colline appelée le mont Champlain , situé au sud-est de la commune,  au lieu dit « Combles », culminant à 168 m et formant un dénivelé de 60 m avec le village de Turny. C’est sur ce mont qu’ont été retrouvés des cercueils en pierre contenant des débris de vases et d’armes en fer, témoignant d’une activité humaine à l’époque gallo-romaine.

Turniacum
TURNIACUM est le  nom antique de notre village, qui n’est alors qu’un regroupement d’habitations. A  cette période, le mot celtique TURNIACUM est utilisé  pour  nommer une maison ou des chaumières situées près d’une élévation  placée vers de l’eau. Ce qui est le cas avec le mont Champlain et la Brumance.  TURNIACUM est situé à 1km de la  voie romaine appelée Via AGRIPA, reliant Sens et Auxerre et desservant un haut lieu de la Gaule, EBUROBRIGA, au mont Avrollot (commune d’Avrolles).

Entre la période gallo-romaine et le moyen-âge, le nom du village va évoluer. On retrouve les traces des noms de Turne ou Turnei.

Turny
Le nom de TURNY est  cité lorsque le bourg, équipé d’enceintes fortifiées, devient une Paroisse  en 1140  à l’initiative des Templiers de la Commanderie de Coulours.  En juin 1236, un acte interdit aux templiers de chasser dans le clos des frères de Turny.  On retrouve, dans les premiers états civils, le nom de la paroisse de TURNY.

Sur le plan étymologique, le nom TURNY fait référence au mot latin TURRIS, qui signifie tour ou maison en hauteur.  Le nom de TURNY  est donc représentatif  d’un lieu haut, d’un mont,  d’une élévation, ou d’une tour.

Plus tard, le cadastre napoléonien de 1811, indique le lieu-dit « la grande Motte », cette expression signifiant une motte de terre rapportée dans le but de protéger les enceintes d’une tour féodale de palissade de bois, à proximité des fossés ceinturant TURNY, au moyen-âge.

Le nom de TURNY est donc bien associé à l’élévation naturelle ou/et humaine.

Plan de Turny  - Cadastre 1811 


Terminaison Y
Le Y qui termine le nom de TURNY  se traduit par « domaine de », « ici » ou « chez », utilisé au IX° siècle. Il se retrouve dans  les noms de différents villages à proximité (Sormery, Neuvy, Venizy …) .

Turrois
Les habitants de TURNY se dénomment les TURROIS composé des termes TURRIS et OIS. OIS est un suffixe, du latin « ensis », indiquant en général la dépendance  et le rapport avec un lieu. Il sert  à former des adjectifs, des noms d’habitants dérivés d’un nom propre géographique, habitant une région. Le TURROIS est donc un habitant de TURNY.

TURNY et les TURROIS connaitront une longue histoire mouvementée que j'évoquerais dans de prochains articles.


Sources
Ordonnance des Roy de France 1383
Etats civils de Turny de 1599
Annuaire de l'Yonne 1868
Répertoire archéologique de l'Yonne 1968
Cadastre napoléonien 1811
Dictionnaire éthymologique des mots françois



Les soldats de Turny dans la Grande Guerre

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