Lucien Guibert, Soldat de la Division d'Orient


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Lucien GUIBERT, mon arrière grand-père, est né le 19 février 1887 à Guerchy dans l'Yonne. 


Acte de naissance de Lucien GUIBERT 1887
C'est un bel homme, qui à  24 ans, se marie avec Thérèse Jeanne BRUNEAU, le 29 avril 1911, une fille de son village. Sa fille Germaine, ma grand-mère maternelle, est née le 8 janvier 1914 à Auxerre, où la famille habite.  

Il exerce le métier de Conducteur des travaux des Postes, Téléphones et Télécommunications (PTT).  Il installe les poteaux et les lignes de téléphone, le long des rails de chemins de fer. Il a une bonne formation et un métier intéressant. 

Mais  il a 27 ans, lorsque le 2 août 1914, lorsque l'ordre de mobilisation générale est décrété par le Président de la République.



Son fils Robert  nait le 23 avril 1915 à Guerchy. Son père est déjà parti au front et sa mère Thérèse est retournée vivre chez ses parents à Guerchy. Leur séparation durera 4 longues années.



Lucien GUIBERT 1915
Il faut imaginer Lucien GUIBERT transporté dans un de ces énormes navires en destination de la Macédoine.  Soldat dans le 6ème Régiment d'artillerie à pied, il est intégré dans 7ème régiment de la Division d'Orient.

Division d'Orient 1914-1916


Je découvre cette division d'Orient dont j'ai si peu entendu parler avant le centenaire. C'est une division de l'armée de terre qui combat pendant la première guerre mondiale sur le front d'orient, aux côtés des armées italiennes, anglaises, russes et grecques. Elle provoquera la défaite de la Bulgarie et la reconquête de la Serbie, de la Roumanie puis envahira l'Autriche Hongrie. 300 000 soldats français ont combattu sur les terres macédoniennes. 66 000 ne revinrent jamais en France.


Le front des Balkans

Après un long périple, par bateau puis par train, il débarque près de Salonique au camp de tentes de Zeitinlick, pour porter secours à l'armée serbe.  Des témoignages de poilus indiquent que l'eau est rare et souvent polluée. Des puits sont creusés et des citernes installées. En journée, les soldats creusent des tranchées autour de Salonique. Il est placé sous le commandement du Général Sarrail.

Camp de Zeitlinzick - Salonique

Lucien est blessé sur le terrain en 1916 et est transféré sur le navire hôpital France IV pour Toulon.  Dans une carte du 11 février 1916, de Nîmes,  il précise avoir l'épaule et le bras engourdis mais beaucoup moins que pour la typhoïde



Navire Hôpital France IV

Front de l'ouest 1916-1918


Après ses soins,  il est intégré dans le front de l'ouest : le Doubs, le  Nord, le Pas de Calais, la  Franche Comté. Il est toujours mobilisé au sein du 7ème régiment de la Division d'Orient  jusqu'en 1918. La signature de l'armistice permet à Lucien de revenir enfin à Auxerre et de retrouver ses deux mignons, comme il dit, Germaine âgée de 4 ans et Robert âgé de 3 ans. Il aura passé 4 ans en Europe entière, comme simple soldat. Rien ne le prédisposait, comme tant d'autres, à vivre ces expériences extrêmes.

C'était un charmant arrière grand-père et jamais, dans ma famille, on ne m'a parlé de son parcours. Je l'ai découvert récemment grâce à mes recherches à partir des cartes postales qu'il a envoyé à sa dulcinée Thérèse pendant toute la Guerre. Témoignages d'amour qui sont parvenus jusqu'à moi, au gré des successions. Touchant.


Mes regrets
Pas d'accès à son registre matricule car dans l'Yonne début de la numérisation à partir de la classe 1900.   
Sources
Cartes postales de Lucien GUIBERT (Archives personnelles)

Ruère dans le Puy de Dôme

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Mon Sosa 268, Antoine MANEBY est né le 2 mai 1770, comme son père, dans le village de RUERE, près de Messeix dans le Puy de Dôme.





RUERE est un village avec une longue histoire. Au XVII° siècle, le village s'appelle ROUAYRE. En 1650, Jacques de Rochefort est seigneur du Verger et de Ruère. En 1669, Jean MESTAS, fils de Jacques, Notaire à Messeix et de Jeanne de MURAT rend la justice et devient Seigneur de Ruère. En 1752, le Seigneur devient Jean CHORLOT.

En 1789, Ruère compte 147 habitants. Il devient le plus gros village la paroisse de Messeix, composée de 22 villages et 1242 habitants. La plupart des habitants sont laboureurs qui sont au nombre de 25 familles. ils exploitent plus de 108 hectares de près et de bocages, dont 51 hectares de terres labourables.

Les terres sont réparties de façon inégales puisque dix familles disposant de 10 hectares mais 8 familles disposent d'une superficie de 2 hectares.

En 1787, il est élu une assemblée municipale réglementée par un édit royal. Ont droit de vote les hommes âgés de 25 ans te payant au moins dix livres d'impôts

Est élu Marien BONY laboureur du lieu de Ruère.

Le 14 décembre 1789, la loi indique que chaque commune doit avoir une municipalité composée d'i-un corps municipal (maire et officiers municipaux), d'une assemblée de notables et d'un procureur.

L'élection se déroule le 22 février 1790 à Messeix . Le maire élu est Pierre MONAC, prêtre de l'église de Messeix,  et parmi les 5  les officiers municipaux François TIXIER laboureur à Ruère.

En novembre 1792, les municipalités furent renouvelées.

Le Maire devient Jean MALLET.




Sources
Messeix et ses villages - Amicale laïque de Messeix 1989
Archives départementales du Puy de Dôme
Grand dictionnaire historique du Puy de Dôme - Ambroise Tardieu



Histoire de Loup


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Dans les familles, se récitent des histoires mythiques. Elles se transmettent à travers le temps et servent de référence. Chez moi, il y en a une qui s'est racontée de générations en générations. Elle nous fait peur. Elle témoigne de la bravoure de nos anciens. Je vais vous conter celle du Grand-père qui affronte le loup.

C'est une histoire vraie, peut-être une peu romancée, mais elle m'a frappée et terrifiée. L'homme a affronté le loup, cet animal sauvage qui a fait tant de dégâts aux siècles derniers. Un animal craint. Mais, dans mon histoire, l'homme a vaincu du loup. Comme dans tout conte, l'histoire se termine bien. L'enfant peut enfin trouver le sommeil...

Mon père Jean Battut a rédigé, il y a une trentaine d'année, un beau texte sur son enfance appelé "le petit monde de la voie dieu". Un chapitre est intitulé " le grand père et le loup".  Je m'en suis très largement inspiré pour vous raconter ce face à face entre le grand-père Léonard Pénicaud et le Loup. A mon tour, je souhaite vous  transmettre aujourd'hui cette jolie histoire, témoignages d'une époque, des peurs et du courage des hommes.

Son grand-père maternel Jules PENICAUD lui racontait le soir, au coin de la cheminée, l'aventure de son père Léonard. Il était intarissable sur  la rencontre de son père Léonard et du Loup de la forêt.

C'était aux environs de 1865. L'arrière grand-père Léonard PENICAUD, né le 2 janvier 1843 à Bourganeuf dans la Creuse, et l'arrière grand-mère Margarit habitaient  à Saint-Pierre-Chérignat en Limousin. Ce village bien rude restait isolé du monde, et était situé en bordure des forêts de Mérignat.

C'est là que Jules est né, c'est là qu'il a vécu jusqu'à ce qu'il se marie, travaillant à la ferme avec ses huit frères et soeurs.

Ce mercredi là, sa mère dite Margarit, Marguerite BEAUPHENI, née le 1° octobre 1849 à Montboucher dans la Creuse, qui attendait son troisième enfant, avait exprimé le désir de se rendre à la foire de Bourganeuf.

Tu sais que dans cette position,  racontait le grand-père Jules,  il ne faut jamais contrarier les femmes et  Léonard se réjouissait de laisser pour une journée sa ferme à la garde du domestique et de son aîné pour passer à la ville une journée agréable.


De Saint-Pierre Chérignat à Bourganeuf à pied


Il fallait 4 longues heures de marche pour rejoindre à pied Bourganeuf depuis St-Pierre Cherignat. Musette en bandoulière, sacs aux côtés, le couple s'était enfoncé dès 5 h du matin, dans le chemin creux qui mène aux grands bois tous près de la ferme. En cette fin d'octobre, les jours étaient courts et malgré le soleil qui éclairait cette année là l'automne, c'était toute une expédition pour gagner Bourganeuf, par la forêt de Montboucher qu'on laissait à droite en coupant par le raccourci qui se glisse entre les genêts, Chaumont, Le Mas la fille. Enfin la Mourne franchie, la ville était là.


Nos voyageurs hâtaient le pas dépassant parfois des tombereaux attelés derrière lesquels étaient attachés un veau, des charrettes à claires voies où se pressaient dans un coin sur la paille, une portée de cochons, des paysannes chargées de paniers d'oeufs et au bout de leurs bras un couple de poules, pattes liées, la tête en bas....la foire de BOURGANEUF battait son plein et les auberges ne désemplissaient pas...

Les discussions allaient bon train sur le foirail. Marguerite faisait ses achats : une coiffe toute neuve, des rubans en soie, de la toile blanche pour faire des langes. Elle rendait visite à ses cousins de la rue des écoles. Pendant ce temps, Léonard rejoignait ses amis, le Lucien du Gerbaud, le Jean des Mouchers. Ils parlaient de la récolte de blé noir, tâtaient les génisses grasses, s'installaient à l'Auberge du château, chez la mère Colas,  pour déguster une omelette grésillant dans la cheminée et se faire porter un ou plusieurs pichets de vin.


Foire de Bourganeuf en 1910

5 h de l'après-midi sonnaient déjà à l'horloge de l'église.... Il y avait 4 h de marche pour rentrer. La nuit les avait pris à Montboucher. Encore 2h de marche à travers la forêt. Le grand-père parlait fort lorsque une sourde inquiétude le gagnait. Il entendait marcher derrière lui craquer les feuilles sèches. Léonard en se retournant aperçu à 30 mètres dans la clairière une forme féline qui les suivait. Sans doute quelque chien égaré.

Un loup peut-être, pensa Léonard car il en rodait parfois l'hiver. Marguerite avait vu. Léonard s'arrêta soudain et la bête avança, ralentissant le pas devant le sifflement du bâton de buis qui coupait l'air de moulinets rapides. L'animal s'arrêta.


Iconographie du Loup en 1860

L'homme et la femme reprirent leur marche en se retournant sans arrêt car la bête se touvait maintenant à 5 m d'eux.

Léonard eut la conviction qu'il s'agissait d'un loup et saisit dans le chemin une lourde pierre qu'il lança de toute ses forces et qui l'atteint brutalement. Un hurlement de douleur et la bête se précipitait sur Léonard qui planté solidement l'attendait.

Marguerit était cachée derrière une arbre transie par la peur, tentant de passer inaperçue.

Un corps à corps se déroulait entre l'homme et la bête. La gueule était écumante, ruisselante du sang de la blessure qu'avait entrainé la pierre lancée. A moitié étranglé, le loup fut abandonné gisant sur le sol. Soudain il se releva et s'enfonça dans le fourré le plus proche.

À l'arrivée à leur ferme, Léonard n'eut pas le temps de s'interroger sur une douleur à la cuisse et se mit à la "traite" du soir.

Margarit raconta à ses enfants et aux voisines accourues la lutte dans le bois.

Personne ne l'a cru. Dans son état n'était-elle pas sujette à des visions ?

Léonard passa la nuit à bouger dans son lit, trés agité et revivant la lutte avec le loup.

Pourtant, Léonard n'osait  pas raconter son histoire de peur qu'on ne le crut pas. Il se rendit comme convenu à la foire de Sauviat quinze jours après.

Il y a croisa Julien du Gerbaut, un beau Monsieur, châtelain des environs de Limoges,  qui lui tapat sur l'épaule et l'apostropha, ce qui était rare de la part d'un châtelain en direction d'un simple paysan:

- C'est vous Pénicaud ?

- Ou pourquoi ?

- Nous avons tué un loup, au cours d'une chasse en forêt il y a 10 jours dans la forêt de Mérignat. Il avait les dents cassées et portait une grave blessure à la mâchoire. Nous avons appris par vos voisins de la Ferme du Mas Peyraud, que vous vous étiez battu avec un loup deux jours avant. Votre bête est surement celle que nous avons tué. Savez-vous Pénicaud qu'il était enragé et que vous avez eu de la chance qu'il ne vous morde pas ?

Le cercle se faisait autour des hommes. Le Monsieur venait de consacrer publiquement le courage du grand père Léonard qui devenu un héros rayonnait de joie.

Marguerite ajoutait en patois limousin "la grimas d'é l'en coulavo" qui signifie " les larmes coulaient de mes yeux".

Lorsque son fils Jules me racontait cette histoire bien souvent  dans le coin de la cheminée, je pensais que j'avais eu de la chance d'appartenir à cette race des Pénicaud, vifs, têtus, coléreux parfois mais généreux en diable !


Source :
Souvenirs de Jean Battut - Arrière petit-fils de Léonard Pénicaud




Légion d'honneur ou Léonore


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Il existe un site très utile pour les généalogistes dont les ancêtres ont eu une carrière militaire.

C'est la base Léonore, qui recense les décorés de la Légion d'Honneur, site accessible sur internet : http://www.culture.gouv.fr/documentation/leonore/recherche.htm

On a accès aux patronymes de tous les "Légionnaires" classés par ordre alphabétique.

La famille MADELIN, présente dans mon arbre généalogique, compte de nombreux militaires.

Je choisis donc ce patronyme.





Je clique sur Bernard Marie Pierre Madelin, né à Paris en 1897, qui apparait sur ma base Hérédis. 

Et j'accède à tout son dossier. 19 pages numérisées.   La reproduction, en vue d'un usage privé, des images et des notices de la base Léonore est autorisée. 

La première page est la récapitulatif de ses nominations comme Chevalier de la Légion d'honneur le 24/12/1934 comme Lieutenant breveté de cavalerie, puis comme Officier le 21 février 1944 comme Chef d'escadrons de cavalerie.






En page 7, je retrouve un extrait d'acte de naissance de Bernard MADELIN


En page 11, on retrouve les états de services de Bernard


Grace à cette base très bien faite et à jour, j'ai pu accéder à de nombreux documents bien utiles pour un généalogiste. N'hésitez pas à l'utiliser. 

Quelques "Légionnaires" de mon arbre généalogique 
1838 : Louis Marie François Desales DESNOYERS (Côte LH/753/87)
1896 :  Eugène COLIN (Côte LH/563/83)
1917 :  Charles Eugène TEILLAS (Côte LH/2573/82)
1930 :  Piere COLIN (Côte 19800035/102/12867)
1929 :  Jean Marie René MADELIN (Côte LH/1682/50)
1932 :  Bernard Marie Pierre MADELIN (Côte 19800035/445/59599)



Cercle Généalogique de Turny



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Je viens de créer le Cercle généalogique de Turny et de la Forêt d'Othe, dans l'Yonne,
 pour faciliter les échanges entre les passionnés de généaologie débutants et confirmés, 
de cette partie de l'Yonne.

Une expérience de lieu de rencontres et des projets en route...

Voici la première présentation de cette initiative....A suivre



Louis Ernest Frochot, Ferblantier





Louis Ernest FROCHOT

Louis Ernest FROCHOT, mon ancêtre par alliance, est né le 4 juillet 1877 à Grancey-le-Château en Côte d'or en Bourgogne. Son père François FROCHOT, né le 21 janvier 1841 à Selongey en Côte d'or, exerce le métier de FERBLANTIER. Sa mère Jeanne Marie CAILLET est née le 26 mai 1842 dans le même village.

Acte de naissance de Louis Ernest FROCHOT 1877


Le FERBLANTIER est celui qui fabrique ou qui vend des outils ou ustensiles en fer blanc comme des casseroles, bassines, lanternes... C'est une appellation qui proviendrait de fer-blanc c'est à dire un acier recouvert d'une fine couche d'étain.

Louis suit les traces de son père. Après un apprentissage dans un tour de France, il demeure à Chailley avec sa mère, où il travaille comme Ferblantier, son père étant décédé.  Il se marie à 24 ans, le 9 juillet 1901 à Chailley avec Rose Marie Victoire GABUET, 22 ans,  née le  2 mai 1879 à Chailley où elle demeure avec ses parents, Georges GABUET, Boulanger et Marie Sidonie VIE.

Il s'installe définitivement dans ce village de l'Yonne, Chailley avec sa famille, son fils Henri, l'aîné, né en 1904 à Chailley qui prendra sa succession et ses filles Suzanne et Germaine.

Trés entreprenant, il installe un beau magasin à son nom, 57 grande rue, dont il nous reste un cliché de 1930.


Magasin Louis FROCHOT à Chailley - Yonne 1930


En 1913, la Mairie lui confie la fabrication du beffroi municipal en zing qui orne toujours l'hôtel de ville.  Il a reçu la cloche commandée à un Maitre horloger du Jura en vue sonner l'heure de la République en lieu et place de l'église.

Le beffroi en zing de la Mairie de Chailley fabriqué par  Louis FROCHOT

Son affaire se développe. Il imprime du papier à son entête.
 
Papier à entête de l'entreprise Louis FROCHOT en 1935

Il fabrique des pompes à eau, des cuves, et vend aussi des articles de ménage en éclairage, chauffage, et même des machines à laver...


Pompe électrique de Louis Frochot avec son fils Henri







Cuve d'eau réalisée par Louis Frochot

Louis FROCHOT a réussi et la famille est relativement aisée, en témoigne la photo de la cour de sa maison avec ses 3 enfants.

Louis Frochot en famille

En 1938, il installe le téléphone qui porte le numéro 5  et possède une belle Renault 6 CV, de type NN, voiture qui lui fut prise par les Allemands le 17 juin 1940, est-il noté sur son récépissé de déclaration des automobiles.


 
Certificat véhicule en 1938 Renault 6 CV NN



Renault NN 1930



Son fils Henri, né en 1903, continuera à fabriquer à la main girouettes, marquises, gouttières, réservoirs de récupération d'eau. Il deviendra ferblantier lui aussi puis plombier et reprendra le magasin de son père. Il ferme le magasin à sa retraite car les villes attirent les clients. Il transmet la clientèle à son fils Etienne FROCHOT, mon oncle, qui exerce toute sa vie comme un plombier de qualité et reconnu dans le même village.

Louis fait partie d'une véritable "dynastie" de 4 générations de Ferblantiers-plombiers.

J'ai beaucoup de respect pour ces savoirs et savoirs-faire transmis de générations en générations. J'ai la fierté de rendre honneur à Louis FROCHOT.



Sources
Archives personnelles de Etienne FROCHOT, son petit-fils
Etat civil de Côte d'or
Etat civil de l'Yonne









Mon premier K way



Certains objets évoquent une époque. C'est pourquoi que, en tant que généalogiste amateur, j'aime évoquer ceux qui ont marqué mon enfance. Le K Way est ceux-là. 


Logo du Kway 1970



Nous étions une famille de campeurs. Des vrais. Avec une grosse tente carré en tissu bleu qui pesait des tonnes , qu'il fallait monter avec précaution et arrimer à son ossatures de piquets . 2 heures de montage. Et comme tous campeurs digne de ce nom, nous portions notre pochette "banane" attachée sur le ventre. Cette banane était destinée à nous protéger en cas d'arrivée de pluie soudaine. Nous ouvrions alors sa fermeture éclaire et déplions le précieux objet : le K Way.

Le K way replié en forme de banane


A l'époque des années 70,  le K Way faisait fureur. Il s'enfilait par la tête. De couleur rouge ou bleue, il nous protégeait du froid et de la pluie. Munie d'une capuche qui se resserrait par une ficelle, nous n'entendions plus rien. A peine les gouttes de pluie. 

Cette magnifique invention de 1965 de Léon Claude Duhamel, un français du Nord, était fabriqué en Nylon. Il était  coloré et unisexe car garçons et filles le portaient. Plus besoin de parapluie. Nous étions libres pour nous déplacer où nous voulions, quel que soit le temps.

Coupe vent efficace, il était aussi  la certitude que nous allions vraiment transpirer dessous. Pas vraiment de ventilation. 

Le K way des années 70


Il fallait nous voir déambuler dans le camping tous les 4, mes parents, mon frère et moi, protégés par nos magnifiques K Way.

Un avantage certain, c'était léger, portable. Nous l'avions toujours sous la main car il se repliait sur lui même pour former cette magnifique banane.

Le K Way devenait le signe de reconnaissance de tous les branchés qui avaient adoptés le vêtement à la mode. Ce n'était pas cher, accessible et branché. Une vraie réussite, car dès la première année ce sont 250 000 exemplaires qui se sont vendus.

Une réussite commerciale qui collait aux changements des moeurs : besoin de vêtements nouveaux, pas chers et pratiques, accessibles à tous, avec un nom à consonance américaine, unisexes avec un parfum de liberté... Les années 70 quoi ! 



Sketch de Dany Boon sur le K WAY ... tout à fait ça !



Ma mère avait la vocation d'Institutrice




Institutrice, la vocation de ma mère

Arlette Bourgoin, ma mère à 18 ans (1953)

Ma mère, Arlette BOURGOIN, a toujours rêvée d’être Institutrice. Née en 1935 dans un petit village de l’Yonne en Bourgogne,  elle est une bonne élève. Enfant, elle rassemble tous ses cousins pour jouer à la maîtresse et elle a déjà une autorité naturelle. C’est tout naturellement qu’elle poursuit ses études au cours complémentaire d’Auxerre et qu’elle se présente, à la fin de la troisième,  au concours d’entrée et réussir son intégration à l’école normale d’Auxerre.

Elle intègre la promotion de l’école normale de 1951 à 1955. La devise en est « l’ardeur fera notre réussite ». C’est le passage obligé pour devenir Institutrice.

Les écoles normales  sont construites comme des « châteaux du savoir » avec des bâtiments solides, une cour, un parc. La discipline est rigoureuse. Entrer dans une école normale s’apparente à une entrée dans les « ordres ».    


Ecole normale d'institutrice d'Auxerre en 1950

C’est l’internat. Une école rigide. Des cours stricts. Un uniforme.  Le jeudi après midi, les normaliennes ont le droit de sortir en ville, rangée en rang et encadrées par leurs surveillantes ; Pas question de croiser le regard d’un garçon.

L’école normale veut donner le même bagage culturel et pédagogique aux instituteurs pour que les enfants aient tous le droit à la même éducation. Cette unification, cette « normalisation » permet à tous les élèves de bénéficier des mêmes chances.
Charles Péguy en 1890 décrit ces instituteurs comme les « hussards noirs de la république ».

Les normaliennes vivent dans un quotidien austère. Il en est presque militaire. Promenade surveillée le jeudi après midi,  et sortie libre uniquement le dimanche. L’école normale d’Auxerre de filles est dirigée par Mme Santucci. Avec son comportement d’abbesse, elle fait en sorte que son établissement ressemble à un monastère laïque. Tenue de rigueur à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Toute jupe trop courte est prohibée. Les sorties des normaliennes dans les rues d’Auxerre, en rangs bien ordonnés, sont accompagnées et surveillées par leur professeur. Recommandation est faite de ne pas regarder les normaliens si on les croise et de baisser les yeux.

L’emploi du temps d’une élève normalienne est celui ci : lever à 6h, étude pendant une heure, petit déjeuner et ménage jusqu’à 8h. Cours de 8h à 12h, déjeuner, récréation. Cours de 14h à 17h, goûter avec études de 17h à 19h, diner puis étude du soir de 20h à 21h. Les principales matières enseignées sont les lettres avec la grammaire, l’orthographe, la connaissance en littérature, les rédactions et compositions; L’histoire et la géographie; les sciences avec les mathématiques, l’arithmétique et la géométrie; Le dessin et la musique; Le sport; La pédagogie, avec l’éducation à l’hygiène et à l’économie domestique. Les élèves Maîtres passent un examen chaque trimestre qui donne lieu à un classement dans chaque promotion.

Après 21h,  les normaliennes s'installent pour leur nuit dans leurs grands dortoirs.  Les lits sont serrés, peu d'intimité est autorisée, le calme requis et le chauffage est assuré par des poêles au charbon comme dans les classes de cette époque. Cela n'empêche pas nos normaliennes d'Auxerre se prendre en photo en cachette dans le dortoir. De ces photos volées, de ces moments de joie, ma mère en a toujours gardé la trace. 

Dortoir de l'école normale d'Auxerre en 1952



L' école normale d’Institutrice est strictement séparée de l’école normale de garçons. Il faut donc des trésors d’ingéniosité pour que futurs instituteurs et institutrices se rencontrent. Le premier mai était organisé une rencontre dans la campagne environnante pour un pique nique. En mai 1952, la promotion 1950-1954 des garçons rencontre celle des filles 1951-1955 à laquelle appartient Arlette. C’est alors que mes parents se rencontrent pour la première fois.

A la fin de leurs études, le précieux Certificat d’aptitude pédagogique leur est délivré par l’Inspecteur d’Académie qui leur donne le droit d’enseigner dans les écoles primaires.

Le 7 juillet 1953, Arlette devient titulaire du baccalauréat de l’enseignement secondaire Première Partie série Moderne devant la faculté des sciences de l’université de Dijon. L’année suivante en 1954 elle obtient le baccalauréat sciences expérimentales.

Le 30 décembre 1955, l’inspecteur d’Académie de Dijon, en résidence à Auxerre, lui délivre le Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement dans les écoles primaires.


Certificat d'aptitude pédagogique 1955



C’est donc en octobre 1955, qu’Arlette débute enfin son métier d’Institutrice.  Elle est affectée, pour son premier poste à l’école primaire de Festigny dans l’Yonne. Elle a 20 ans. D’abord stagiaire, elle devient titulaire le 01 janvier 1956.

Mon père Jean Battut est nommé à Clamecy dans la Nièvre qui n’est distant que de 15 kilomètres ce qui leur permet de se retrouver les jeudis et dimanche. Ma mère conduit sa vespa et retourne à son école le soir avec le même véhicule. En avril 1955, ils se marient et obtiennent un poste double à l’école primaire de Courcelles dans la Nièvre.


Mes parents en Vespa -1955


A partir de septembre 1956, Jean et Arlette Battut exercent à l’école de Courcelles, dans la Nièvre. Le village rural est situé à 13 km de Clamecy. Le bourg est édifié sur les dernières pentes du coteau. L’habitat est dispersé et se sépare entre le bourg et le hameau de Chivres . L’école est bâtie entre les deux villages et regroupe 42 élèves et 2 classes : celle des grands dédiée à mon père et celle des petits affectée à ma mère.

Arlette et Jean, jeunes Instituteurs  dans la cour de l'école de Courcelles en 1955


En décembre 1956, je vais naître dans cette région isolée du Nivernais. J'aime bien dire que je suis née dans une école. Je reste fidèle à cette école laïque, lieu de connaissance et d’émancipation. Tirer le meilleur de tous et des plus faibles. Donner à chacun sa chance. Porter les valeurs de la République. Je rends hommage à mes parents et ces fameux hussards de la république qui ont permis à tous l’accès à l’école, avant que les transports en commun permettent les regroupements dans les villes.

Je termine cette évocation de l’Institutrice rurale de cette époque en vous livrant le témoignage affectueux d’une ancienne élève de ma mère qui me l’a adressé par mail, peu après son décès. Croyez vous que de nos jours une ancienne élève, 50 ans après, témoignerait ainsi de son ancienne Institutrice ?

Témoignage d’une ancienne élève d’Arlette – mail de 2010 -
« Je suis une ancienne élève" des Battut" ! Votre maman m'a appris à lire avec "Poucet et son ami l'écureuil" !! 7 mois avant j'arrivais de mon Italie natale et cette découverte a été un grand bonheur ! Je me souviens de votre naissance qui intriguait beaucoup les petits que nous étions, nous avions la consigne de ne pas faire de bruit à la récréation pour ne pas vous réveiller et un jour votre maman a ouvert le rideau de la chambre qui donnait sur la cour pour que nous puissions vous admirer , que de souvenirs datant de plus d'un demi-siècle!! Je garde cette  image  de votre maman , jolie ( très) les yeux bleus et très douce , elle savait mettre en valeur chacun de nous; par exemple Félicité  qui arrivait d'Espagne , elle était plus âgée que les autres enfants de la classe , avait des difficultés à se mettre à niveau mais  votre maman lui mettait toujours un" bon point " pour la frise qu'elle dessinait dans ses cahiers , et moi, eh bien,  je trouvais ça injuste car elle ne savait pas bien lire !! Mon amie Martine qui était dans la même classe que moi  a connu votre maman ensuite comme enseignante et la retrouvait lors de réunions pédagogiques , elle m'en a parlé avec chaleur . C'était l'heureux temps des écoles de campagnes »
Liliane Perret, ancienne élève d’Arlette Battut née Bourgoin.


Sources
Collection personnelle photographies et cartes postales
Témoignages



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